Le Chant des Drows – Première Epoque 2 – Disponible

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Le Chant des Drows, Première Époque, le Maître des Ombres, Tome 2.

Et voilà le tome 2 tout zoli tout beau !

Pour ce deuxième volume, je me suis attelée aux dessins, mon illustrateur ayant été englouti dans sa vraie vie, Seule la couverture a été réalisé à partir d’une de ses esquisses, toutes les illustrations intérieures sont de moi ! J’ai bien bossé et j’avoue ne pas être trop mécontente du résultat… Vous me direz ce que vous en pensez. N’hésitez pas à poster sur le forum, ça sera plus facile pour dialoguer que les commentaires.

Suite du Tome 1 (je pense que vous vous en doutiez).

Synopsis :

Fait prisonnier par Maxiane et retenu au cœur du château d’Isco, Bylonn  découvre avec curiosité ce monde qui lui est totalement étranger…  Les combats continuent, Adriel prépare l’évasion de son prince, et dans l’ombre, ou dans le ciel, qui sait, d’autres forces veillent…

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Et comme pour le tome 1, un extrait !

 

Chapitre 1 : Liens des Âmes

Adriel d’Asnyar, le seigneur des elfes de la Grande Forêt, soupira tristement. La nuit était noire depuis longtemps sur les ruines de Ronar et toujours aucune nouvelle du prince…

Chaque heure qui passait voyait croître le nombre de blessés et de morts, mais malgré les recherches, personne ne trouvait signe de Bylonn, leur général, leur prince, et l’inquiétude des troupes allait crescendo.

Adriel, las, s’assit sur un muret à moitié effondré, non loin d’un feu. Bronco arriva près de lui, ivre de fatigue et plus très stable sur ses jambes, une torche bien entamée à la main.

« Toujours rien ? demanda anxieusement le général.

– Toujours rien… » répondit l’elfe dans un soupir.

Bronco se gratta la tête. Il ne savait plus quoi faire. Adriel soupira encore, sombre, puis dit :

« Je crois qu’il va nous falloir renoncer pour cette nuit… On n’y voit rien avec ces nuages… Quand je pense que c’est presque la pleine lune…

– Vous n’y pensez pas, Adriel ! sursauta Bronco. Nous ne pouvons pas abandonner notre prince ! »

Le grand elfe grimaça. Ça ne lui plaisait pas non plus, mais il ne donnait pas vingt minutes avant que Bronco ne s’écroule pour de bon et lui ne valait guère mieux…

Le bruit d’un galop les fit se redresser. Qui pouvait bien aller ainsi sans torche ? Bronco leva la sienne, sur ses gardes.

Le grand cheval noir de Yashen s’arrêta près d’eux :

« Vous ne l’avez pas retrouvé ? » s’écria-t-il.

Adriel se leva, stupéfait :

« Qu’est-ce que tu fais là, Yashen ?… Tu es blessé !

– Je suis suffisamment guéri pour vous aider ! répliqua le comte de Valgor. Vous ne l’avez pas retrouvé, n’est-ce pas ?

– Pas facile dans ce noir. » maugréa Bronco.

Yashen souffla un coup, regardant tout autour de lui, désireux d’agir sans savoir quoi faire.

C’est à ce moment que Salya arriva, elle aussi sans torche, en grommelant en langue drow. Elle avisa Yashen et lui demanda quelque chose dans cette même langue. Yashen sourit et opina.

« Occupe-t-en, je vais chercher mon cheval. » dit-elle et elle repartit.

Yashen leva ses mains à hauteur de ses épaules, paumes tournées vers le ciel et murmura une prière. Bronco fronça les sourcils et il allait l’interpeller, mais Adriel le retint d’un geste. Le grand elfe avait lui aussi froncé les sourcils, très sérieux.

Alors que Salya revenait sur sa jument brune, un rayon de lune perça entre les nuages pour aller éclairer une petite zone des ruines, à l’ouest.

Yashen regarda Salya. Cette dernière, elle, regardait le rayon de lune. Elle hocha la tête.

« Monte avec moi, Père. » dit-elle.

Adriel opina du chef à son tour. Bronco avait l’air plus sceptique, mais il déclara :

« Allez-y, je vous rejoins. »

Le général réunit quelques soldats et ils allèrent retrouver les trois elfes. La lune éclairait très étrangement la zone. Sur une quinzaine de mètres carrés, on y voyait comme en plein jour.

Adriel avait étalé sa cape au sol et ramassait consciencieusement quelque chose. Yashen et Salya étaient tous deux accroupis près d’un mur en ruine. Bronco préféra rejoindre Adriel. Même s’il était bien trop poli pour le dire, cette Drow le mettait mal à l’aise. Il ne savait pas ce qu’il en était chez ce peuple, mais pour lui, une femme sachant si bien se battre n’avait rien de normal. Et le regard rouge du comte de Valgor ne lui plaisait pas davantage, sans compter que ses pouvoirs sur le feu lui faisaient un peu peur.

« Vous avez trouvé quelque chose ?

– L’épée de notre prince… Elle est brisée, répondit Adriel en ramassant un morceau qu’il posa avec les autres sur sa cape, mais nos forgerons sauront arranger ça…

– Aucune trace de lui… Sa Majesté… ? balbutia un jeune soldat.

– Aucun cadavre en tout cas… répondit Adriel en se redressant. Et de votre côté ? » cria-t-il aux deux Drows.

Yashen et Salya se relevèrent et vinrent vers eux, l’un portant le plastron déchiqueté et l’autre la cotte de mailles en aussi mauvais état.

« Pas de cadavre non plus, dit Salya, et pas une goutte de sang… »

Adriel prit le plastron et l’observa :

« … On dirait des traces de griffes ?

– Sauf qu’une bestiole de ce gabarit, ça l’aurait bouffé. » observa un soldat plus âgé.

Il y eut un silence, puis Salya reprit :

« Alors il n’y a pas trente-six créatures qui ont les ongles assez solides pour détruire ce type d’armure.

– Un vampire… » soupira Adriel.

Il avait froncé les sourcils et eut un sourire quand le jeune soldat chevrota :

« Mais c’est impossible… Il faisait jour…

– Ce qui permet d’identifier le vampire. » fit Yashen avec un sourire triste.

Bronco le regarda, stupéfait, puis Salya qui hochait la tête, puis Adriel et demanda :

« Vous le connaissez ?…

– Sauf s’il existe un autre vampire qui ne craint pas le soleil, répondit Adriel, nous pouvons affirmer qu’il s’agit de Maxiane de Valgor… »

Les soldats et Bronco se tournèrent comme un seul homme vers Yashen qui se frotta le crâne, mal à l’aise.

« Une longue histoire…

– Bon, reprit énergiquement Adriel. Aux vues de tout cela, je pense que notre prince a été fait prisonnier… S’il avait été tué, ils auraient laissé son cadavre.

– Qu’est-ce qui vous fait croire qu’ils ne vont pas le tuer dans leur camp ? grommela Bronco.

– Isco ne se privera pas d’un otage royal, dit Salya. Il est cruel, mais pas idiot.

– Je vais envoyer des espions, nous en aurons le cœur net, opina Adriel. Rentrons en attendant. »

********

Bylonn s’enfonça sous l’eau et y resta quelques secondes, ses cheveux flottant autour de lui. Il tentait de retrouver ses esprits. Les choses s’étaient passées si vite et si bizarrement qu’il réalisait mal ce qui était arrivé… Il émergea de l’eau, ramena ses cheveux en arrière en soufflant un bon coup.

Le bain était chaud, la chambre calme. Tout cela lui semblait irréel.

Il se souvenait du sourire de Maxiane, de ce sourire qui s’était élargi après qu’il l’ait appelé par son nom.

Mes respects, Maxiane de Valgor.

C’était la première fois qu’une personne le regardait de si haut… La première fois qu’il était face à un homme si clairement supérieur. Lui l’héritier du trône, que tous traitaient depuis toujours avec déférence, même si elle était parfois forcée, lui devant lequel tant d’hommes s’étaient écrasés, était face à quelqu’un pour qui tout cela ne représentait rien.

Maxiane s’était approché, ce sourire étrange aux lèvres et avait répondu :

« Hmmm, voilà un homme renseigné… »

Bylonn avait suffoqué, plaqué contre le mur, se sentant soudain paralysé.

« … Mais tes renseignements datent, il y a bien longtemps que Valgor m’a oublié… »

Maxiane s’était approché lentement, pour venir s’agenouiller sur les cuisses du prince et il avait commencé à lui retirer son armure, la déchirant comme du papier. Bylonn le regardait, stupéfait. Il savait que les ongles des vampires étaient réputés pour leur dureté, mais de là à mettre en charpie son plastron… Maxiane avait envoyé promener les bouts de ferraille, avant de retirer de la même façon la cotte de mailles et quelques minutes plus tard, Bylonn n’avait plus sur le dos que sa tunique. Il ne pouvait toujours pas bouger, mais avait frémi en sentant le souffle de Maxiane sur sa gorge, quand le vampire s’était penché.

Maxiane s’était léché les lèvres et avait dû se faire violence pour ne pas le mordre trop brutalement.

Bylonn avait serré les dents, décidé à tout endurer… Mais il n’avait pu retenir un sursaut lorsque les crocs s’étaient plantés dans son cou, car il s’attendait à de la douleur…

Pas à un tel plaisir.

Maxiane avait goûté une petite gorgée et s’était encore léché les lèvres. Exquis… Il avait passé ses bras autour des épaules de Bylonn et s’était mis à boire doucement. Bylonn avait gémi. La chaleur qui envahissait son corps, en particulier son bas-ventre, était insupportable, mais délicieuse, il n’avait jamais connu ça… Il s’était mis à haleter sans parvenir à se retenir, atrocement mal à l’aise. Il avait penché la tête et gémi encore. Puis s’était figé en réalisant que son sexe gonflait, prenant des proportions qu’il n’avait jamais vues et qu’il n’aurait même jamais crues possibles.

Maxiane, à cheval comme il était sur ses cuisses, ne pouvait que le sentir et il avait souri. Rassasié, il avait cessé de boire et s’était redressé :

« Eh bien, eh bien… Ce n’est pas la peine de te mettre dans cet état, mon prince… »

Bylonn avait rougi et baissé les yeux. Maxiane s’était frotté un peu, coquin. Bylonn avait serré les dents. Maxiane s’était frotté plus fort et le prince avait grimacé.

« Je vois… »

Maxiane s’était reculé un peu et avait regardé la bosse entre les jambes de sa victime. Bien membré en plus… Plein de bonnes surprises, ce petit humain…

Un peu plus tard, dans le dédale rocheux qui entourait la Montagne Noire, Bylonn, en croupe derrière Maxiane, avait bâillé. Sous le coup d’un sort de contrôle mental du vampire, le prince regardait le décor, plutôt lugubre dans la pénombre naissante. Il était serein, prêt à la mort qui l’attendait. Bylonn avait appris à vivre, mais son éducation princière lui avait aussi appris à rester digne face à la mort. Maxiane, pour sa part, se régalait d’avance de la tête qu’allait faire Gaenath.

Le prince avait à nouveau bâillé et s’était étiré. Il se sentait très fatigué… La bataille suivie de la collation de Maxiane l’avait vidé.

Au détour d’un piton rocheux, Bylonn avait découvert avec surprise la troupe qui attendait, les sorciers à cheval, les soldats et les monstres, devant ce qui ressemblait à un mur d’eau scintillant doucement à la lueur du soleil couchant. Le prince avait froncé un sourcil, intrigué.

Kiera était venu à la rencontre de son père.

« Te voilà enfin,… Euh…

– Tu vas bien, Kiera ? » s’était enquis Maxiane, inquiet.

La manche gauche du jeune Drow était déchirée et tachée de sang.

« Oh, juste une entaille… »

Kiera s’était penché pour mieux voir le second cavalier :

« Il y a quelqu’un derrière toi, Père…

– Je sais. »

Isco s’était approché à son tour, intrigué :

« Tu as fait un prisonnier, Maxiane…

– Bonsoir, mon ami.

– Bonsoir… Tu vas bien ? Tu es en retard. Nous allions partir.

– Navré, je ne pouvais pas galoper, comme tu vois. »

Bylonn avait encore bâillé et soutenu sans ciller le regard d’Isco, sentant bien que le sorcier fouillait un peu son esprit. Isco avait haussé les sourcils rapidement, surpris.

« Tiens donc… »

Gaenath était arrivé comme une furie :

« Qu’est-ce qu’il fait là celui-là !

– Salut, Gaenath…

– Comment as-tu osé amener notre pire ennemi ici ! Et sans même lui bander les yeux, en plus !

– Ne t’en fais pas, effacer sa mémoire ne sera pas un souci, lui dit Isco. Bon, nous verrons ça au château, rentrons. »

Isco avait fait faire demi-tour à sa monture et il était reparti. Maxiane avait suivi, Kiera également et Gaenath leur avait emboîté le pas en pestant.

Maxiane avait jeté un œil à son prisonnier. Bylonn ne pouvait rien faire, mais n’en pensait pas moins. Son calme était surprenant. Le prince se tenait droit et affrontait sans trouble le regard de ses ennemis. Le vampire ne sentait pas une once de peur en lui.

Maxiane avait franchi la Porte sans hésitation derrière Isco. Bylonn avait senti une légère tiédeur en passant à travers ce qu’il avait pris pour un mur d’eau, mais rien de plus et il avait été surpris de se retrouver dans une vallée plus lugubre encore que la précédente, au pied d’un impressionnant château noir coincé entre de hautes montagnes sombres. Il avait regardé autour de lui avec de grands yeux et vu un autre de ces « murs d’eau » derrière eux, d’où sortaient les autres sorciers et leur armée. Kiera avait rapidement rattrapé le cheval de Maxiane, suivi par Kay et Syliana. Ils avaient ralenti à sa hauteur.

« Jolie prise, Maxiane ! » s’était exclamé Syliana.

Maxiane lui avait souri.

« Gaenath est furieux… avait enchaîné Kay.

– Ça ne change pas beaucoup, était intervenu Kiera.

– Bah, laissez-le faire… avait doucement soupiré Maxiane. Il a une bonne raison pour une fois, ce n’est pas si fréquent…

– Ça, c’est sûr ! » avait ri Syliana.

Ils s’étaient arrêtés près du Sorcier Noir, devant la grande porte. Folco, le grand monstre serviteur d’Isco, était en train d’ouvrir cette dernière et une fois ça fait, il était venu attraper Kiera avec un « Gron ! » joyeux pour l’installer à cheval sur ses épaules. Les sorciers avaient ri de bon cœur et Bylonn, intrigué, avait souri. Le jeune Drow s’était laissé faire sans résistance et ce monstre semblait avoir encore son âme, ce que lui avaient confirmé les paroles de Maxiane :

« Eh bien, Kiera t’a manqué à ce point, Folco ?

– Gron ! avait approuvé le monstre.

– Toi aussi, tu m’as manqué, vieux frère » avait joyeusement déclaré Kiera en tapotant le crâne lisse.

Ils étaient rentrés dans la cour du château dès que les monstres survivants avaient été parqués. Maxiane avait été un des premiers à mettre pied-à-terre. Il s’était étiré et avait regardé Bylonn :

« Tu peux descendre… »

Bylonn avait obéi. Il avait sauté lestement au sol, près du vampire. Ce dernier faisait presque une tête de moins que lui. Folco s’était approché et avait posé Kiera au sol. Bylonn regardait le grand monstre avec plus de curiosité que de peur.

« Gron ? avait fait Folco en le regardant.

– Bonsoir. » lui avait répondu Bylonn.

Le monstre avait cligné des yeux, sceptique. Isco était arrivé, suivi d’un Gaenath toujours fulminant. Le premier avait regardé Bylonn qui, une fois encore, avait soutenu sans ciller son regard et le sorcier avait fait la moue :

« Qu’allons-nous faire de ça…

– Sacrifions-le à notre déesse ! » avait vivement proposé Gaenath.

Isco avait dénié de la tête.

« Non… Une âme si pure ne pourrait la satisfaire… »

Kay, qui s’était approché, avait déclaré tranquillement :

« Selon la Tradition, un prisonnier appartient à qui l’a capturé.

– Exact, avait opiné Isco. Qu’en dis-tu, Maxiane ?

– Qu’il serait particulièrement stupide de tuer un otage royal.

– Effectivement, avait encore approuvé Isco. Il est plus précieux vivant que mort… Pour l’instant en tout cas. »

À nouveau, Isco avait sondé l’esprit de Bylonn. Ce n’était pas très agréable pour ce dernier, il avait dû serrer les dents pour ne pas baisser les yeux. Mais le Sorcier Noir n’était pas violeur, il n’avait pas exploré plus loin que ce qui l’intéressait. Il n’avait pas pu, d’ailleurs. Une partie de la mémoire du prince était scellée par magie, il ne pouvait pas la lire. Il avait eu un sourire :

« Tu avais raison, Maxiane… Cet Adriel d’Asnyar est un ennemi redoutable… »

Le vampire avait souri sans répondre.

« Fais ce que tu voudras de cet homme, tant que tu le gardes en vie. » lui avait encore dit Isco.

Puis il était rentré dans le bâtiment, sans rien ajouter. Gaenath avait suivi en pestant encore sans que les autres comprennent ce qu’il disait. Maxiane avait regardé Bylonn.

« Bien, suis-moi… »

Emmené dans la chambre de Maxiane, le prince avait découvert qu’il y avait là une femme et une fillette. Le sorcier leur avait ordonné de lui faire prendre un bain, puis il était reparti sans attendre. Bylonn s’était lavé sans rien dire, épuisé. L’eau refroidissant, il sortit de ses pensées et décida de sortir aussi du bain.

Parvia lui tendit pudiquement un drap lorsqu’il se leva, en disant à sa fille :

« Ne regarde pas, ma chérie. »

La petite, qui était assise devant le feu, pas très loin de la grande bassine où le prince se baignait, obéit et se tourna. Parvia laissa Bylonn s’essuyer et lui sourit :

« Comment vous sentez-vous ?

– Bizarre… Surtout très fatigué… »

On frappa lourdement la porte. Parvia alla ouvrir. Bylonn s’assit au sol avec un soupir, devant la grande cheminée, emballé dans son drap. La petite fille le regarda et lui sourit et il lui rendit son sourire.

« Bonsoir, lui dit-il.

– Bonsoir ! »

Bylonn fronça soudain les sourcils et dit doucement :

« Tu devrais te reculer, tu vas te brûler… »

La fillette se tenait en effet proche du feu à le toucher, mais contre toute attente, elle se mit à rire :

« Ça va, il me connaît, il ne me fera pas de mal. »

Devant le regard dubitatif de Bylonn, elle ajouta joyeusement :

« Maître Maxiane m’a appris ça ! Il a dit au feu de ne pas nous faire de mal. »

Parvia revint avec un plateau et le déposa devant Bylonn, s’agenouillant.

« Voilà votre dîner…

– Oh, merci… »

Sur le plateau fumaient un bol de lentilles et un de soupe, ainsi qu’un petit pain rond. Bylonn eut un sourire :

« Voilà qui ira très bien…

– Comment vous appelez-vous ? demanda Parvia.

– Bylonn… répondit naturellement le prince en dégageant ses bras du drap pour prendre le bol de soupe. Et vous ?

– Valine ! répondit vivement la petite.

– Parvia… Mais… balbutia-t-elle. Vous êtes… Bylonn ?… Notre prince ? »

Bylonn lui sourit :

« Ici, je suis un esclave comme vous. »

Parvia sourit également et hocha la tête :

« Le seigneur Maxiane est un bon maître, dit-elle. Il nous a toujours très bien traitées.

– C’est vrai ! renchérit la petite. Même quand il est en colère… »

Bylonn but quelques gorgées de soupe. L’idée que ce sorcier puisse se mettre en colère n’avait rien de rassurant quand on savait de quoi il était capable calme.

« J’aime mieux vous avertir, d’ailleurs, reprit Parvia. Il y a parfois des tensions entre Maxiane et Isco… Ne vous en mêlez pas, c’est plus prudent. Et méfiez-vous de Gaenath et de sa clique…

– J’ai cru comprendre, oui… sourit encore Bylonn qui se souvenait très bien du petit blond qui avait voulu le sacrifier. Et les autres ?

– Ici, nous en voyons peu… À part notre maître, Kiera…

– Il est gentil, Kiera, intervint Valine.

– Kay, aussi… Et Isco vient parfois, mais Maxiane nous a conseillé d’aller dans notre chambre quand il est là. »

Bylonn opina. S’il y avait des dissensions parmi les sorciers, ça jouait pour les siens. Mais il doutait d’y pouvoir quelque chose, surtout tant que Maxiane le tiendrait sous contrôle mental.

Le sorcier revint justement, accompagné de son fils. Bylonn ne réalisa qu’à cet instant que ce dernier était un Drow. Le garçon semblait énervé, son père las. La discussion semblait vive, mais les deux hommes parlaient en langue drow. Kiera fulminait et Maxiane soupirait.

Bylonn, Valine et Parvia se regardèrent et la fillette haussa les épaules. Bylonn regarda Maxiane et Parvia s’assit à côté de sa fille. Elle passa ses bras autour d’elle, un peu inquiète.

Bylonn nota que Maxiane avait l’air vraiment épuisé.

Au bout d’un moment, la discussion s’apaisa et Maxiane sourit doucement à Kiera qui grommelait encore :

« Tu devrais aller dormir, Kiera. »

Kiera soupira et sortit.

« Bonne nuit, Père.

Toi aussi, mon petit. »

Maxiane s’étira et se gratta la tête. Il se sentait très fatigué. Avisant le bac d’eau toujours là, il se dit qu’un bon bain lui ferait du bien. Son regard tomba ensuite sur ses trois esclaves.

« Ça ne va pas, Maître ? » demanda Valine.

Un sourire passa rapidement sur les lèvres de Maxiane.

« La journée a été longue… Que fais-tu encore debout ?

– Oh, nous allions nous coucher… s’empressa Parvia. Sauf si vous avez encore besoin de quelque chose ?

– Non, je me débrouillerai, répondit le sorcier en tendant la main sur le baquet d’eau qui se mit à bouillonner rapidement. Allez vous reposer, toutes les deux… »

Elles se levèrent et Valine souhaita gentiment bonne nuit à Bylonn et à Maxiane avant d’entrer dans leur chambre.

Maxiane avait nettoyé et réchauffé l’eau et il enleva sa tunique avec un soupir.

« Comment va, Bylonn ? » demanda-t-il sans le regarder.

Le prince, lui, le regardait et il répondit simplement, un sourire en coin :

« Vidé… Et pas qu’au sens figuré, d’ailleurs.

– Moi aussi… souffla Maxiane en achevant de se déshabiller, avant d’ajouter en plongeant dans l’eau fumante : Tout ça n’est plus de mon âge… »

Bylonn ne put se retenir de sourire plus franchement. Cette phrase sonnait bizarrement dans la bouche de cet être au corps d’adolescent, mais Maxiane ne devait effectivement pas être si jeune… Bylonn fit la moue et le vampire le remarqua :

« Que me vaut cette grimace ?

– Je me demandais quel âge tu avais… »

Maxiane eut un sourire en s’enfonçant dans l’eau.

« Devine…

– Voyons, pensa tout haut Bylonn en regardant le plafond. Le seigneur Adriel m’a dit que tu avais neuf ans à la naissance de ton frère qui a… Cinquante-deux ans, je crois ?… Ça te ferait… Soixante-et-un ans ?…

– Hm, pas mal du tout. Presque, effectivement.

– Ce n’est pas si vieux pour un être de ta nature…

– Hmmm… »

Maxiane enfonça un moment sa tête sous l’eau, comme Bylonn avant lui. Lorsque le vampire émergea, il soupira encore.

« Est-ce que tu sais masser, Bylonn ?

– Euh, ça ne fait pas trop partie de mes attributions.

– C’est l’occasion d’essayer.

– Je ne voudrais pas te faire mal…

– Ne t’en fais pas pour ça. »

Maxiane se dressa hors de l’eau.

« Il y a un moment que je ne sais plus ce que c’est que la douleur… »

Le prince ne répondit rien, occupé à observer les lignes noires qui couvraient le corps du sorcier, son torse, ses bras, le bas de son dos et ses jambes. Maxiane était fin, mais pas fluet, et on devinait sans peine un certain nombre de cicatrices sur sa peau blanche. Bylonn avait une certaine difficulté à réaliser que ce garçon était plus vieux que son père, même s’il se souvenait sans mal du soir où, près de vingt ans auparavant, il avait sympathisé avec Yashen, lorsque ce redoutable sorcier avait sans état d’âme massacré toute la parenté de leur oncle.

Bylonn réalisa alors que la cicatrice, sur la joue gauche de Maxiane, était bien là et plus marquée que les autres.

Maxiane surprit son regard.

« Un vieux souvenir, dit-il avec un sourire en y passant sa main.

– Je sais ce que c’est… Excuse-moi, je ne voulais pas te gêner. » répondit Bylonn, sincère, en détournant les yeux.

Maxiane haussa les sourcils, surpris. Bylonn grimaça. Il était réellement désolé. Maxiane sortit du bac et toute l’eau qui le couvrait s’évapora instantanément.

« Alors, Bylonn. Ce massage ? »

Bylonn haussa les épaules avec un nouveau sourire :

« Je peux toujours essayer… À tes risques et périls. »

Maxiane hocha la tête et alla s’allonger sur le ventre, sur son lit. Bylonn se leva, gardant le drap de bain autour de sa taille et s’approcha. À défaut d’avoir massé, il avait déjà été massé. Il s’installa comme il put à califourchon sur les cuisses de Maxiane et se frotta les mains pour les réchauffer. Un masseur lui avait dit un jour : « Le secret, c’est de bien suivre les muscles. »

Maxiane avait fermé les yeux et analysa l’aura de son nouvel esclave. Il le trouvait curieusement calme.

De fait, Bylonn était tout à fait tranquille. Il savait que sa vie n’était pas en danger immédiat, tout comme complètement conscient qu’il ne pouvait absolument rien faire pour se libérer. Puisque Maxiane n’était pas mal disposé à son égard, il n’avait aucune raison de se révolter. Il aurait été idiot se mettre en danger pour rien.

Il posa ses mains sur les épaules de Maxiane et se mit à masser comme il put. Il était très doux, ce que le sorcier apprécia. La douleur physique n’était plus rien pour lui, il la ressentait toujours, mais ça lui était indifférent. Il n’en restait cependant pas moins très sensible aux caresses.

Bylonn s’appliquait. Il descendait lentement le long du dos. En entendant Maxiane gémir, il trembla.

Bon sang…

Maxiane poussa un long soupir de bien-être alors que les mains de Bylonn étaient dans le creux de son dos et le prince déglutit avec difficulté. Le souvenir du plaisir de la morsure faisait remonter sa sève et il sentait un véritable incendie germer en lui. Il sentit son sexe gonfler et se demanda comment c’était encore possible vu son épuisement.

Maxiane le sentit trembler et jeta un œil par-dessus son épaule. Bylonn rosit et détourna les yeux, atrocement gêné. Devinant ce que ça signifiait, Maxiane sourit et se retourna.

« Eh bien, Bylonn…

– Désolé…

– De quoi ? »

Maxiane se redressa et caressa le membre de Bylonn à travers le tissu.

« Je vais prendre ça pour un compliment. » reprit le sorcier.

Il retira le drap de bain. Bylonn le regarda, sans savoir quoi faire. Maxiane sourit encore. Puisqu’Isco avait Gaenath, après tout… Pourquoi pas ?

« Allez, acheva-t-il en tirant Bylonn contre lui, viens là. »

*********

Tranquillement installé à sa table d’études couverte d’un invraisemblable fatras, Maxiane broyait des herbes pour faire un onguent. Il chantonnait. Le jour pointait à peine, mais il se levait toujours un peu tard au creux de ces montagnes. Bylonn dormait encore profondément dans le grand lit, Valine et Parvia étaient dans la cuisine et Maxiane se sentait plutôt bien. Après tout, la nuit n’avait pas été si mauvaise.

On frappa à la porte et Isco entra. Il avança dans la chambre et fronça un sourcil en voyant la position de Bylonn. Maxiane souriait, ayant reconnu au bruit la seule personne dont il ne pouvait pas sentir l’aura. Il y avait bien longtemps que guetter à l’oreille son amant à l’âme scellée l’amusait plus qu’autre chose. Il jeta un bref coup d’œil derrière son épaule.

« Bonjour, Isco.

– Que fait cet homme dans ton lit, Maxiane ?

– Ma foi, on dirait qu’il dort. »

Maxiane se leva et s’approcha sereinement de son compagnon qui le regardait d’un air dubitatif.

« Que fait cet homme dans mon lit ? reprit Maxiane. La même chose que Gaenath dans le tien. »

Isco sourit.

« Que puis-je répondre à ça… admit-il.

– Que voulais-tu de si bon matin ?

– Savoir si tu avais réfléchi depuis hier soir. »

Maxiane eut un sourire dédaigneux en croisant les bras.

« Je n’y ai pas réfléchi. Je n’y réfléchirai pas. Tu le sais parfaitement. »

Il retourna à sa table.

« Et je ne comprends vraiment pas quelle mouche te pique avec ça, alors que ça ne t’a pas dérangé pendant dix ans, dit-il en se remettant à broyer ses herbes.

– La situation a changé. Nous sommes en guerre.

– Et ? fit Maxiane sans grande énergie.

– Tu as participé avec nous à bon nombre de sorts que nous avons faits. Nous les avons souvent liés sous le sceau de notre Déesse… Mais ton absence de foi envers elle les fragilise et ça me pose problème. »

Maxiane se retourna pour faire face à son amant, sans lâcher le bol et le pilon, un sourire goguenard sur les lèvres.

« Je peux savoir d’où tu sors cette aberration ? »

Isco resta interloqué.

« … Tu as invoqué la protection de Yami et sa bénédiction, ça n’a rien à voir avec la solidité des sorts ! Je n’ai justement pas participé aux Sorts de Foi pour qu’il n’y ait pas d’interaction. Tu me prends pour un novice ?

– Il y a toujours un risque…

– Il y a risque si un fidèle se parjure. Je ne suis pas un fidèle. Relis tes livres, ils sont très clairs là-dessus, il ne peut y avoir rupture que si le sorcier qui a lié renie sa foi. Je n’ai rien lié. Alors si c’est tout ce que vous avez trouvé pour me faire, moi, adhérer au culte des Ténèbres, je reconnais que c’était bien tenté, mais il va falloir faire mieux. Tu peux faire passer le message à Gaenath et Gara. »

Dans le lit, Bylonn grommela, puis se retourna pour se rendormir avec un soupir. Isco lui jeta un œil rapide et reprit :

« Hm, tu es bien renseigné. »

Maxiane eut un nouveau sourire en prenant un autre pot sur la table :

« Tu me prends pour un novice ? répéta-t-il. La magie de guerre n’est pas ma spécialité, je te l’accorde. Ça ne veut pas dire non plus que je n’y connais rien. »

Il ajouta deux pincées de poudre à sa préparation.

« C’est vrai, reconnut Isco. Tu dois presque mieux connaître ma bibliothèque que moi.

– Effectivement. »

On frappa à la porte et Kiera entra :

« Tu voulais me voir, Père ? »

Il se renfrogna en voyant Isco, mais s’approcha comme Maxiane l’y invitait :

« Oui, Kiera, bonjour… Viens t’asseoir là. »

Le jeune Drow vint s’installer sur le tabouret où Maxiane était assis un peu plus tôt.

« J’ai pansé ton bras un peu vite, hier… reprit doucement Maxiane. J’ai préparé un onguent… Montre-moi. »

Kiera remonta sa manche. Maxiane défit soigneusement le bandage. Isco jeta encore un œil vers le lit où Bylonn bâillait en s’étirant, réveillé par la discussion.

Maxiane fronça un sourcil.

« Zut, c’est infecté »

Isco croisa les bras :

« Tu vas devoir faire un choix, Maxiane. » dit-il un peu sèchement.

Maxiane releva les yeux et le regarda un moment, avant de répondre avec calme :

« Le seul ici qui a un choix à faire, Isco, c’est toi. »

Isco fronça les sourcils.

« Ma foi n’est un frein ni à notre histoire, ni à ta guerre. Je ne renierai pas ma Déesse. Jamais, Isco, jamais, pour rien en ce monde, je ne rendrais le moindre culte à Yami. Si tu juges que tu ne veux plus de moi à tes côtés, que ceux qui font tout pour nous séparer ont raison, alors agis en conséquence. »

Il y eut un silence, puis Maxiane ajouta avec froideur :

« Libre à toi de croire ces idiots plutôt que moi. »

Isco soupira avec humeur et partit sans rien ajouter. Redressé sur le lit, encore à moitié endormi, Bylonn le regarda sortir, puis bâilla à nouveau.

Maxiane débarrassa un autre tabouret couvert de livres et s’assit à côté de son fils. Il posa ses mains sur le bras de Kiera et le glaça pour l’insensibiliser.

« Je te demande pardon, Kiera, j’aurais dû te soigner ça comme il faut hier. Je manque à tous mes devoirs.

– Père ?

– Hm ?

– Ça va ?

– Non. »

Maxiane se mit à nettoyer la plaie.

« … Père…

– Ne dis rien, Kiera. Il n’y a rien à dire. C’est à lui de choisir. »

Bylonn regarda les deux hommes. Il se sentait fatigué, mais ses idées étaient plus claires. Maxiane lui accorda un regard rapide, puis se remit à sa tâche. Il recouvrit la plaie d’onguent avant de la rebander proprement.

« Fais attention à ne pas faire de mouvement brusque pendant les deux ou trois prochains jours, ça pourrait se rouvrir.

– Oui, Père. Merci. »

Kiera abaissa sa manche comme Maxiane se levait et regardait le lit :

« Comment va, Bylonn ?

– Pas si mal… répondit le prince en se grattant la tête.

– Tu peux encore dormir si tu veux… reprit le sorcier avant d’ajouter : Enfin, de toute façon… Ce n’est pas comme si tu avais autre chose à faire. »

Kiera se releva aussi. Il regardait Bylonn qui s’assit en tailleur, le drap sur ses jambes, visiblement nu et sa tresse toute ébouriffée. Le jeune Drow était sceptique. Le calme et le contrôle du prisonnier étaient déjà surprenants la veille, mais ce matin-là, il émanait en plus de lui un étrange bien-être. Kiera sentait chez son père un curieux mélange de scepticisme et de curiosité et surtout une grande lassitude, mais cette dernière était désormais coutumière.

Bylonn regardait Maxiane avec douceur, puis, avisant Kiera qui le fixait toujours, il lui sourit aimablement :

« Bonjour.

– … Euh, bonjour. »

Maxiane déclara :

« J’ai confié tes vêtements à Parvia, elle te les ramènera propres tout à l’heure. Je vais te faire monter de quoi manger.

– Merci.

– Maintenant, excuse-nous, mais nous avons à faire. Reste ici et prends garde. Je n’ai pas besoin de te voir pour savoir ce que tu fais. »

Le ton était sec et Bylonn opina du chef. Le sorcier sortit sans plus lui accorder un regard. Kiera, pour sa part, jeta un œil furtif au prince en suivant son père. Le jeune Drow était décidément incrédule.

Resté seul, Bylonn soupira et se rallongea.

S’il faisait un bilan de la nuit, elle avait été délicieuse… Restait que rationnellement, il avait fait l’amour avec le compagnon d’Isco, le Sorcier Noir, son ennemi. Du moins, c’était ce qu’il avait cru comprendre de leur discussion.

Bylonn fit la moue, en repliant ses bras sous sa tête. Dire que Maxiane était doué était très en dessous de la réalité… Bylonn avait réellement cru mourir et le simple souvenir de ses caresses réveillait son désir… Certes, ses expériences antérieures étaient limitées et, il le savait désormais, plus bestiales que sensuelles. Il avait appris à se soulager avec des courtisanes souvent trop impressionnées par son rang pour oser lui faire la moindre remarque ou lui donner le moindre conseil… Le sexe ne l’avait donc jamais particulièrement intéressé. Mais maintenant qu’il avait connu ce plaisir, l’étreinte de quelqu’un qui savait faire l’amour et le faisait si bien, il se demandait sérieusement par quel miracle il avait réussi à avoir un fils… Car sa femme ne pouvait pas réellement être qualifiée de « désirable »… Et pour couronner le tout, c’était un bloc de marbre, tant elle était obsédée par la peur du péché et la préservation de sa pureté… Dommage, songea-t-il. Elle n’était pas si repoussante lors de leurs noces… Si elle n’avait pas été aussi fanatique, peut-être auraient-ils pu au moins devenir bons amis.

Il soupira, puis se redressa à nouveau. Maxiane lui avait interdit de sortir, mais rien d’autre. Il en concluait raisonnablement qu’il pouvait visiter un peu plus cette chambre.

Il se leva donc, gardant le drap autour de sa taille, pour le cas où Parvia et Valine reviendraient. La pièce était vaste. De là où il se trouvait, il voyait la double porte face à lui et le mur de droite, nu à part un rideau épais qui cachait un probable renfoncement dans le mur (il aurait dit une fenêtre si ce mur avait donné sur l’extérieur). Derrière lui, les grandes baies et la porte vitrées qui donnaient sur le balcon. Le soleil commençait à pointer derrière les montagnes. À sa gauche, un grand espace jusqu’à l’autre mur, avec une table basse et des coussins devant la cheminée où brûlait un bon feu. La baignoire était toujours là. À gauche de la cheminée, la porte de la chambre des deux servantes et à sa droite, la table de travail de Maxiane, recouverte d’un incroyable bazar et entourée de piles de livres de toutes tailles.

Des livres de sorcellerie et de magie noire très probablement, se dit Bylonn en s’en approchant. Curieux, il décida d’y jeter un œil. La loi voulait qu’on brûle ce genre d’ouvrage quand on en trouvait, aussi n’avait-il jamais eu l’occasion d’en voir. En se penchant sur le livre qui était ouvert sur la table, il devina cependant assez vite, à sa grande surprise, qu’il s’agissait d’un livre de médecine.

La langue était un vieux dialecte érudit, qu’il se souvenait avoir un peu étudié dans son adolescence. Il regarda les dessins, qui montraient divers types de coupures et blessures superficielles. Maxiane avait dû y chercher la recette de l’onguent avec lequel il avait soigné son fils, pensa le prince. Il prit le livre avec un sourire. Il se demandait ce qui lui restait de cette langue… Essayer de déchiffrer ces écrits serait à défaut d’autre chose un bon exercice intellectuel.

Maxiane et Kay le trouvèrent donc sagement assis en tailleur près de la cheminée, toujours emballé dans le drap, lorsqu’ils revinrent dans la chambre quelques heures plus tard. Près de lui au sol, on voyait les restes de son petit déjeuner. Le livre était ouvert sur ses genoux et Bylonn, très concentré, sursauta lorsque les deux hommes entrèrent. Ils le regardèrent, surpris. Puis Maxiane fit la moue et hocha la tête avant de se diriger vers sa table d’études. Kay, lui, alla vers le prince et lui demanda :

« Tu connais cette langue ? »

Bylonn grimaça :

« Un peu, je l’ai étudiée dans le temps… La grammaire m’est vite revenue, mais j’ai de sérieuses lacunes en vocabulaire. »

Le sorcier pouffa.

Maxiane leur jeta un œil rapide. Il cherchait quelque chose dans ses piles de livres.

« Le corps est vraiment fait comme ça, dedans ? » demanda Bylonn en montrant un croquis des organes internes.

Kay hocha la tête :

« À peu près. C’est ancien, on a fait des dessins plus précis depuis.

– Je ne savais pas ça… »

Maxiane se redressa et s’étira le dos avant de se remettre à fouiller en disant :

« Rien d’étonnant vu le piètre niveau de vos médecins. À interdire d’étudier le corps et à mettre tous les maux sur le compte de démons ou d’esprits, vous tuez bien plus que vous ne soignez. Stupides et superstitieux ! Et dès qu’un elfe essaie de vous aider, vous le traitez de sorcier et vous retournez couiner auprès de vos dieux…

– Les elfes savent tout ça ? s’étonna Bylonn.

– Pas tout, non, l’ouvrage que tu tiens est prohibé pour tous les Peuples du Jour, à cause de son auteur, répondit Kay. Mais ils en savent déjà bien plus long que vous.

– Ah bon ?

– N’abîme pas ce livre, il est presque unique, reprit Maxiane. Ah, je l’ai… Tu es sûr que c’est dedans ? demanda-t-il à l’attention de Kay en soulevant un volumineux livre noir.

– Il me semble bien.

– Bon, alors allons-y. »

Les deux sorciers repartirent. Seul à nouveau, Bylonn se souvint que lorsqu’il était enfant, sa sœur avait eu une maladie qu’aucun prêtre n’avait pu soigner et que seul un médecin elfe était parvenu à guérir, avec des potions simples, déclenchant la colère des prêtres qui hurlaient effectivement à la sorcellerie. La reine avait dû mettre deux gardes dans la chambre de sa fille pour qu’il puisse la soigner en paix. Il se souvenait que l’elfe avait parlé d’« infection des intestins ». Sa sœur avait été rapidement sur pied.

Bylonn se gratta la tête. Il était coutumier de prendre des tisanes pour apaiser des maux basiques et les prêtres n’y trouvaient rien à redire, mais dès que les potions devenaient plus complexes ou qu’on usait de magie sans être prêtre d’Ykara, c’était tout de suite de la sorcellerie… Si une tisane pouvait soigner une douleur au ventre, un mélange plus étudié de plantes pouvait logiquement soigner des maux plus complexes…

Il soupira. S’il sortait de ce château vivant, il serait curieux de demander son avis au seigneur Adriel.

*********

Yashen entra dans la tente d’Adriel :

« Vous vouliez me voir ? »

Le grand elfe aux cheveux d’argent était assis à sa table, seul, l’air soucieux. Sa bouche appuyée sur ses poings, il soupira et se redressa :

« Merci d’être venu si vite, Yashen.

– Je vous en prie, répondit l’intéressé en s’approchant, inquiet. Que se passe-t-il ? »

Adriel se leva et, en allant sortir deux coupes et une carafe de vin, il expliqua à son ami que, peu de temps après la première bataille, il avait envoyé quelqu’un à Asnyar. Cette personne devait lui rapporter au plus vite une malle contenant de vieux écrits, notamment le cahier dans lequel il avait noté les prédictions des Anciens concernant Maxiane.

L’envoyé s’était acquitté au mieux de sa tâche.

« … Il est revenu ce matin, conclut Adriel en servant Yashen. J’ai retrouvé le cahier et je voulais savoir si d’après tes souvenirs, mes notes étaient exactes.

– Je comprends, mais pourquoi avez-vous l’air si inquiet ? »

Adriel alla prendre le cahier sur son bureau et le lui tendit :

« Dis-moi à qui leur description te fait penser. »

Yashen prit le cahier en faisant la moue, sceptique. « Il reviendra quand il rencontrera celui qui lui rendra le goût de la lumière. » Oui, il s’en souvenait… « Un homme assez pur et innocent pour l’accepter… » Il porta sa coupe à ses lèvres. « Un homme qui n’est encore qu’un enfant… » Il but une gorgée. « Un prince qui ne sera roi que dans des siècles… » Il sursauta et manqua de s’étrangler. Il toussa brutalement et regarda Adriel avec des yeux ronds :

« Vous croyez …?…

– Ça m’a fait le même effet.

– Bylonn ?!…

– Je ne vois que lui… »

Yashen reprit les notes, très sérieux :

« C’est cohérent… C’était bien un enfant à l’époque… Et la suite aussi : “Les Ténèbres s’abattront bientôt sur le royaume”… Apprivoiser une part des Ténèbres vous aidera à les vaincre”…

– Bylonn est bien un cœur pur et innocent… Et je lui avais raconté l’histoire de ton frère. Notre prince est un homme qui préfère comprendre que condamner sans réfléchir… Si effectivement quelqu’un peut nous ramener Maxiane, c’est lui. »

Adriel but quelques gorgées avant de reprendre :

« Si Bylonn est en contact avec ton frère, il va tenter de discuter, il ne sait pas faire autrement. Reste à savoir si Maxiane l’acceptera…

– Grand Frère aimait les gens ouverts et intelligents… Mais il y a quelque chose qui me chiffonne dans les prédictions… “Un prince qui ne sera roi que dans des siècles”… “Une guerre qui n’aura pas de terme dans cette vie” …? Qu’est-ce que ça signifie ?

– Que cette guerre est loin d’être finie, j’en ai peur. »

Yashen grimaça :

« Que les Dieux aient pitié de nous… Mais “roi dans des siècles” ? C’est curieux, Bylonn est humain, il ne vivra pas tant…

– L’avenir nous le dira. »

Bronco arriva brusquement, les faisant sursauter tous les deux :

« Adriel !… J’ai de mauvaises nouvelles !… Il faut réunir l’état-major au plus vite ! Venez ! »

Adriel fronça les sourcils :

« Que se passe-t-il ?

– Surguel est tombée. Et l’armée des monstres est réapparue à quelques lieues d’ici, vers la Montagne Noire. »

Le grand elfe soupira :

« Nous arrivons. »

Depuis l’enlèvement de Bylonn, le commandement en chef avait échu à Adriel, mais ce dernier ne faisait rien sans l’aval de Bronco, pour ménager la susceptibilité des officiers humains. Une fois tous réunis dans la tente du conseil, le messager du sud fit son rapport : harcelés sans trêve par les pirates et pillards du sud, le port de Surguel, puis le duché, étaient tombés. Le duc et ce qui restait de ses troupes étaient en train de remonter au nord pour les rallier. Parallèlement, l’armée de monstres d’Isco, qui avait bizarrement disparu depuis la dernière bataille, venait de réapparaître et non loin de leur position actuelle.

« Que des bonnes nouvelles. » résuma Salya avec une ironie blasée.

Adriel sourit à cette réflexion, puis reprit plus sérieusement :

« Rien n’est perdu… Nous ne pouvons pas rejoindre Surguel, il faut que nous nous débarrassions autant que possible des troupes de monstres qu’Isco garde ici.

– Mais où étaient-elles passées ! s’écria Bronco.

– Probablement cachées dans les dédales de la Montagne Noire, c’est un vrai labyrinthe… » soupira un jeune officier elfe, Sligo.

Adriel se pencha sur les cartes.

« … Hmm… La prochaine bataille sera rude. »

_____________________________________

Dessin de Tommy Fraisse mis en forme et en page par moi pour la couverture ^^ !

 

 

 

 

(29 commentaires)

  1. Pareil que pour le tome 1 XD

    résumé : ça confirme mon opinion du tome 1, c’est génial !

    conclusion : vivement la suite !

  2. Mais oui, pas de souci Nobu-chan.

    Avec Ame on la surveille de très près et on la travail aussi au corps pour paq qu’elle s’endorme XD

  3. Mais oui les p’tits loups n’ayaient crainte !! Elle bosse sur son Tome 2 (enfi c’est ce qu’elle nous dit)

    Donc pour la faire avancer faut pas hésiter à la harceler gnéhéhé

  4. Mais non ne soit pas triste Aonymous (Tsu XD).
    Je suis sûre qu’elle y travail dur (du moins je l’espère pour elle huhu)

  5. Salut tout le monde!!

    Ca fait longtemps!! Comment allez-vous??
    Je vois que très chère auteure n’a toujours pas sortie son 2ème volume….Et moi qui espérait tant de cette nouvelle année….

    :'(

  6. J’ai dévoré ce premier tome ! Et j’attends la suite avec impatience, le résumé donne très envie… Dur, dur d’attendre ! Bon courage pour la suite en tout cas !

  7. Ninou je tenais à te dire que je suis une de tes fans!! J’espère que tu continueras sur ta lancée.
    Bonne continuation ^^

  8. o vouiiii sport d’hiver!! Huhu

    Maxiane doit être bien tenu au chaud par Bylonn

    Trop bon *_______*

    Messages:

    Aujourd’hui à 14:51 vous un avez reçu un appel de Anonymous (Tsu) XD “Joyeux Noël. Dépêchez-vous de revenir les gars je suis en manque de vous XD.” (Bip) Fin du 1er message

    Aujourd’hui à 14:53 vous un avez reçu un appel de Anonymous (Tsu) XD “J’espère que vous nous reviendrais avec des scènes beaucoup plus explicites que le 1er tome huhu” (Bip) Fin du 2ème message

    Aujourd’hui à 14:55 vous un avez reçu un appel de Anonymous (Tsu) XD “je veux ma dose Ninou de Maxiane!!!” (Bip) Fin du 3ème message

    1. @Anonymous (Tsu) XD : Maxiane est un démon de feu, je te rappelle… Il n’a pas besoin de Bylonn pour avoir chaud même dans la neige… c’est plutôt l’inverse en fait…

  9. Non Ninou!!! Reste avec nous!! On a besoin de toi pour la suite du livre!!
    Quand t’auras terminé de l’écrire tu pourras t’enterrer si tu veux XD

    PS: je rigole Ninou!! On t’adore <3

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