Salut tout le monde,
J’espère que ça va, que vous buvez bien et que vous êtes un peu moins décalés que moi qui n’arrive à (mal) dormir qu’entre 3 et 11h depuis quelques jours… Heureusement que je bosse de chez moi et toute ma compassion aux gens qui sont obligés de garder un rythme “conventionnel”, j’espère au moins que vous n’êtes pas orientés plein sud…
J’avais l’habitude, dans mon ancien appart, de vivre fenêtre ouverte H24, même en canicule. J’étais plein nord et je préférais avoir de l’air chaud qu’être enfermée. Ce n’est pas possible ici : je suis plein est et, pour ne pas que la chaleur du matin plombe l’appart, je dois tout fermer vers 7h du mat’ pour tenter de garder le peu de frais que j’ai réussi à glaner pendant la nuit en ouvrant tout…
Vivre ainsi dans le noir en plein été me renvoie à mon enfance et mon adolescence, époque ou mes parents fermaient ainsi tout pour garder la maison fraiche. J’aimais pas ça et j’aime toujours pas ça, pour être honnête. Mais bon, nécessité fait loi…
Récemment, j’ai lu un manga qui m’a beaucoup renvoyé à moi-même et à mon parcours récent. Je ne sais pas si c’est l’approche de la quarantaine ou juste mon chemin de vie, la maladie, mais j’ai la sensation d’avoir beaucoup plus avancé sur moi-même depuis quelques années que les 35 ans précédents…
A part si c’est juste que je n’avais jamais pris le temps de me poser pour mettre les choses à plat…
Comme, sans doute, la majorité des gens, tristement, tous ceux que je vois s’enfoncer dans des vies non-voulues, pleines de choses pas vraiment choisies, plus tristes et frustrantes qu’autre chose. Souvent, d’ailleurs, au nom de “normes” rarement questionnées, comme si la vie était juste une liste de choses à cocher pour être heureux à coup sûr. Études, travail, bon salaire, amour, propriété, parentalité…
Lorsque j’ai acheté Solitude d’un autre genre, de Kabi Nagata, je m’attendais à ce qu’annonçait le bandeau : “le récit de la découverte de l’homosexualité” d’une mangaka japonaise. Sauf que oui, mais non.
Je suppose que ce magnifique bandeau est un truc de marketeux pour surfer sur le mouvement LGBT, ça doit faire vendre. Mais, comme je le pensais, et comme le dit aussi notre ami Angry Waifu, dans sa courte chronique sur cette œuvre que je vous recommande vivement, comme l’ensemble de ses vidéos d’ailleurs, ce message, cette annonce tombe quand même en grande partie totalement à côté de ce récit, qui est beaucoup plus celui d’un long chemin pour devenir adulte, au sens fort. Un être humain mûr, autonome, conscient de ses besoins et libéré autant que possible des pressions externes de tous genres qui nous freinent, qu’elles soient sociétales, culturelles, familiales ou personnelles (ces dernières étant les plus vicieuses).
Kabi Nagata est lesbienne, certes. Mais c’est surtout une jeune femme qui sort d’années de dépression, de troubles alimentaires et d’automutilation, et qui nous raconte les dix années qu’il lui a fallu pour s’en sortir, pour se comprendre, pour s’accepter et enfin commencer à se reconstruire. La compréhension, l’acceptation de ses désirs, du simple fait qu’elle en ait, est bien sûr une part très importante de ses réflexions, mais n’est vraiment qu’une part de son histoire.
Le plus gros de son parcours va consister à comprendre que ce à quoi elle se raccroche la détruit, qu’elle doit accepter ses besoins réels pour devenir elle-même, même si cette “elle-même” ne correspond pas à l’image idéalisée qu’elle voulait avoir, ni aux attentes de ses parents, ni même, plus largement, aux normes sociales de son pays.
C’est cette partie du récit qui m’a personnellement interpelée et beaucoup touchée. Comment, pour se trouver soi-même, il faut parfois s’affranchir de ceux qui sont censés, aux yeux du monde, être nos soutiens les plus sûrs et les plus aimants. Sa famille. Voire ses propres parents.
Si je n’ai aucun doute sur l’amour que mes parents m’ont donné, je suis à l’heure actuelle incapable de dire s’ils m’ont un jour vraiment comprise. Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. Aujourd’hui, j’ai conscience d’à quel point je les ai finalement peu connus, mal connus, de tout ce que j’ai su ou compris trop tard.
Ce que je sais par contre, c’est à quel point il a été dur pour moi de parvenir à me sortir de ce que je “devais” être pour devenir ce que je “voulais” être et encore plus, de comprendre que rien ni personne n’avait le droit de me faire du mal, d’aucune façon que ça soit, et même avec les meilleures intentions du monde. Que si je pouvais accepter qu’on ne me comprenne pas, le reste, la façon dont ces personnes géraient cette incompréhension, était leur problème.
Ainsi, le plus sûr et le plus sain est bien évidemment que, même sans comprendre, on accepte et qu’on me laisse vivre. Très honnêtement, je n’en demande pas plus.
Mais si mes choix de vie énervent ou dérangent, ben désolée, ou non d’ailleurs, pas désolée, parce que ce n’est pas mon problème.
Et là j’en arrive à une autre lecture qui m’a fait beaucoup de bien et aidée à bien avancer sur ces questions.
Émotions, enquête et mode d’emploi est un diptyque d’Art-mella, une petite merveille de pédagogie qui fait vraiment du bien, car si le propos est très intéressant et bien documenté, la forme est limpide et bienveillante.
Il s’agit là pour elle de nous expliquer tout simplement comment nos émotions fonctionnent, ce que ça implique, comment le comprendre pour mieux le gérer et surtout, que les émotions sont des choses très personnelles. Ce qui implique le corolaire suivant : à part si on est un gros con qui fait exprès de faire chier son monde, les émotions des autres ne sont pas notre problème. Dans la mesure où chaque personne peut réagir d’une façon qui lui est propre à chaque chose, cette réaction est la sienne et ne doit pas être un frein pour les autres.
Je parle d’émotions raisonnables de personnes à peu près bien dans leurs pompes hein, les psychopathes, ça compte pas. ^^
Comme je le disais plus tôt, si mon refus (désormais conscient et assumé) d’avoir un travail classique peut déranger, voir énerver, par exemple, ben ce n’est pas mon problème. C’est un choix de vie qui ne concerne que moi, n’implique pas de désagréments pour les autres, bref, si certains le vivent mal, c’est à eux de gérer.
Mais parallèlement, bien sûr, si un comportement implique des désagréments réels pour des personnes, si par exemple, le fait que je refuse d’avoir un travail classique impliquait que j’aille mendier ou emprunter sans arrêt à mes proches, là, effectivement, leur colère resterait leur problème, mais mon comportement pourrait être sérieusement discuté.
C’est la nuance que je fais sur cette question. Aucun violence n’est tolérable, mais il faut parfois comprendre et admettre que certains comportements posent problème.
Pour conclure, si il parait qu’on devient adulte quand on part de chez ses parents, je dirais plutôt qu’on le devient lorsqu’on les remet à leur place d’êtres humains, ni tout puissants, ni nuls, juste des être humains qui ont fait ce qu’ils pouvaient avec leur propre vie et leurs propres casseroles.
Le jour où on comprend que nos choix sont les nôtres et qu’on n’a pas forcément besoin d’eux pour devenir ce qu’on veut en conscience et tracer notre route. Qu’au contraire parfois, nos proches nous bloquent, ou nous nous bloquons nous-même à trop vouloir leur amour, leur reconnaissance, en nous pliant à ce qu’on imagine qu’ils attendent, très loin de nos vrais besoins et de nos vrais désirs.
C’est ce que Kabi Nagata et Art-mella nous apprennent, chacune à leur façon, et c’est pour ça que leurs œuvres vous feront grandir. 🙂
Sur ce, je retourne suer en attendant la suite et vous dis à la semaine prochaine pour la suite d’Héritages !
On oublie pas mes petits livres sur Amazon !! Notez, partagez, commentez, ça m’aidera beaucoup, merci !!! N’oubliez pas que je ne peux compter que sur vous pour me soutenir !!
Bonne semaine à tous et hydratez vous !!!