Salut tout le monde ! 😊
Comment allez-vous en ce beau dimanche, alors que le monde continue de brûler sagement ? Moi, ça va mieux. J’ai eu droit à ma petite sinusite annuelle cette semaine, sûrement un reste d’OctoGônes et/ou un effet des variations de température un chtit peu brutales qu’on se coltine ces temps-ci, entre la fraîcheur du matin et du soir et la chaleur des journées…
La vie continue, j’ai rattaqué mes cours de dessin-manga cette semaine et croisez les doigts, je vais peut-être arriver à mener à bien un petit projet fort sympathique cette année, en tout cas, je vais m’y atteler !
Mais pas plus de teaser et place au sujet du jour, un film d’animation japonais sorti début septembre en France et aussi vite disparu de nos écrans, ou quasi. J’avoue que c’est un peu parce que je savais qu’il n’allait pas passer longtemps que je n’en ai pas parlé, non pas parce qu’il ne mérite pas toute votre attention, au contraire, on va le voir, mais parce qu’il était déjà trop tard, vu, en plus, que je l’ai vu moi-même lors de ses dernières séances ici.
Comme je le disais cependant, nous avons affaire à une œuvre qu’il me paraît très important de mettre en avant ces temps-ci.
Le Château Solitaire dans le miroir est un conte fantastique de Keîchi Hara, réalisateur dont je connais l’excellente réputation, mais dont je n’avais encore rien vu. Il est adapté du roman de Mizuki Tsujimura, qui a connu un très grand succès au Japon. À noter, parce que ça n’arrive pas tous les jours, que ce roman est disponible en français aux éditions Milan, et, tant qu’on y est, qu’il a aussi été adapté en manga, en une série de cinq tomes en cours de parution chez nous chez Nobi Nobi.
Alors, petit avertissement tout de même : ce film n’est pas à mettre entre toutes les mains ni à montrer à des enfants trop jeunes. Comme on va le voir, il aborde des thématiques très dures de façon très frontale et il a beau le faire très bien et offrir en fin de compte un vrai message d’espoir, ce n’est pas pour ça que s’y confronter est toujours agréable.
Bien, attaquons-nous donc au vif du sujet.
Le film s’ouvre un matin d’automne, alors que notre héroïne, la jeune Kokoro, se sent mal. Sa mère appelle alors sans discuter le collège pour les prévenir de son absence ou plutôt qu’elle n’y reviendra pas aujourd’hui, comme il était prévu. Car nous comprenons très vite que l’adolescente est en réalité en décrochage scolaire et refuse d’aller en cours. Si son père est aux abonnés absents, sa mère essaye avec une réelle bonne volonté et une tout aussi sincère bienveillance d’aider sa fille, qui reste muette sur les causes de son mal-être.
Kokoro passe ainsi ses journées enfermées chez elle, mais quelque chose va changer ce jour-là : le grand miroir de sa chambre se met à scintiller et l’aspire. La jeune fille se retrouve alors dans un immense château perdu au milieu des mers, gardé par une fillette portant un masque de loup. Après une petite crise de panique somme toute assez naturelle, Kokoro découvre que six autres adolescents sont là aussi. Ils ont, ensemble, jusqu’à mars pour chercher une clé qui permettra à qui la trouvera d’exaucer un vœu, au prix, par contre, d’oublier tout ce qui se sera passé entre ces hauts murs de pierre.
Qui sont donc ces enfants ? Qu’est-ce qui les lie ? Alors que les semaines passent et qu’une amitié se tisse entre eux, que les langues se délient, une question demeure : que choisiront-ils, la clé ou leurs souvenirs ?
Je ne vais pas beaucoup plus spoiler le récit du film pour me concentrer sur son thème principal, à savoir le harcèlement scolaire.
On le comprend très vite, si Kokoro est angoissée, au point d’en être vraiment malade, à l’idée de retourner au collège, c’est parce qu’une bande de filles de sa classe, menée par une belle petite connasse (et j’assume ce terme, j’y reviendrai, mais pour moi la jeunesse n’est jamais une excuse à ce genre de comportement), l’a choisie comme souffre-douleur. Trop de brimades et de violence ont fini par avoir raison de ses tentatives de tenir bon, la poussant à se cloîtrer chez elle, piètre échappatoire, mais l’unique qu’elle ait. Car que faire quand on est seul face à ça ?
Alors on ne va pas se mentir, ce film n’a pas réveillé beaucoup de bons souvenirs chez moi.
Ce type de brimades, si j’en ai été victime à peu près du primaire au lycée, n’ont jamais été dans mon cas jusqu’à la violence physique et surtout, j’ai eu la « chance », déjà d’avoir une mère présente et à l’écoute et, surtout, de grandir à une époque où nous ne pouvions pas être poursuivis en dehors de l’école (sauf cas de proximité géographique avec nos harceleurs). Là où, aujourd’hui, les victimes, force à elles, sont aussi harcelées sans fin sur les réseaux sociaux.
En France, on estime à une vingtaine les enfants qui se sont suicidés en 2023 à cause du harcèlement scolaire. Alors, certes, on est loin des centaines de cas japonais, où le tabou social est encore bien réel. Certes, les langues commencent à se délier, un peu partout, les anciennes victimes montant au créneau pour dire « stop », tout comme leurs proches. Certes, la justice commence un peu à se bouger.
Mais, comme ma mère le disait déjà quand j’étais au collège, « où sont les profs ? » ? Où sont les enseignants, l’équipe pédagogique, le personnel administratif… ? Les grands absents de l’équation, toujours à se planquer derrière des arguments bidons, quand ils ne s’en prennent pas carrément à la victime pour la forcer à se taire. Et aussi, où sont les parents, tant de trop de victimes que des harceleurs, quand ça dégénère ?
J’ai un message très clair à tous ceux qui ne font rien, à tous ceux pour qui « Non, mais c’est des enfants, ils jouent. », « Non, mais c’est des gosses, c’est pas méchant. », et j’en passe, tous ceux qui tournent la tête, qui noient le poisson, voire qui osent dire qu’« on ne fait pas d’effort pour s’intégrer, quand même… », qu’« on prend ça trop à cœur… »
Vous êtes de pitoyables lâches et vous êtes responsables de jeunesses brisées, si pas de morts. Et n’essayez même pas de m’expliquer que non.
C’est bien joli de sortir vos mouchoirs quand une gamine de 11 ans (ONZE ANS, bon sang !) se pend, mais agir avant ça, c’est trop vous demander ? Être vigilant, recadrer vite et bien les petits caïds des cours de récré, les aider, quand il faut (car leur violence ne vient pas forcément de nulle part, on est d’accord)… On va y venir, ou on va continuer à compter nos morts ?
Ce n’est pas « un jeu ». C’est n’est pas « pas grave à cet âge. »
Il n’y a rien de plus cruel qu’un enfant, justement parce qu’il n’a aucune conscience des conséquences de ses actes, de plus violent qu’un gosse qui prend littéralement son pied à se sentir tout puissant en écrasant ceux qui ont le malheur de lui déplaire. Et on ne va même pas parler des harcèlements sexistes ou LGBTphobes, mais eux aussi, il serait temps d’admettre qu’ils sont réels.
J’ai 42 ans aujourd’hui. Je pourrais, nous pourrions, moi et toutes les anciennes victimes que je connais, vous parler pendant des heures, dans le détail, de tout ce que nous avons traversé. Parce que nous, nous avons survécu. Mais tous n’ont pas cette chance.
Il y a une chose qui me travaille depuis un moment dans les œuvres jeunesse, c’est la quasi systématique absence des adultes dans les récits. Et quand ils ne sont pas absents, ils sont soit des incompétents, voire des antagonistes. Il est très rare, et c’est une qualité qui m’a marqué dans ce film, de nous montrer des adultes qui prennent les choses en main de la bonne façon face aux problèmes des jeunes protagonistes.
Or, même si, comme je le disais plus haut, les adultes sont loin d’être à la hauteur dans la vraie vie, je trouve tout de même que ce n’est pas un très bon message que la fiction renvoie à son jeune public, cette morale qu’il ne peut finalement compter que sur lui-même.
J’avais trouvé très bienvenu le fait que, dans Heartstopper (je parle de la BD), même avec la meilleure volonté du monde et tout son amour, l’un des protagonistes soit impuissant face aux troubles alimentaires de sa moitié et que ces derniers ne puissent être traités que par des professionnels de santé dans un centre spécialisé. Encore une fois, il ne s’agit pas de dire que ces lieux sont la panacée et que tout va bien aller, mais, parfois, dire que l’enfant, l’adolescent ne peut pas s’en sortir seul est primordial, surtout face à des sujets vraiment graves.
Ici, le film nous présente principalement trois adultes : la mère de Kokoro, une femme aimante et bienveillante qui va sans aucun compromis prendre fait et cause pour sa fille, une autre femme dont on comprend qu’elle doit être l’équivalent japonais de nos assistantes sociales (j’ai vu le film en VO, j’avoue que son titre n’était pas très clair) et qui, elle aussi, travaillera avec énergie à aider la demoiselle, et son professeur principal, présenté sans ambiguïté comme, oh ben tiens, une personne lâche essayant de noyer le problème et de s’en déresponsabiliser, et qui sera renvoyée dans ses cordes sans sommation (scène qui fait vraiment du bien) !
Le message de ce film est donc le suivant : ces enfants peuvent être sauvés, déjà s’ils parviennent à trouver un refuge et/ou des amis pour les soutenir (ici, symbolisé par le château), mais aussi et surtout s’ils trouvent des adultes pour les écouter, les protéger et prendre les mesures nécessaires pour les aider. Il ne tient qu’à ceux qui les entourent d’être là et d’agir. Il n’y a aucune fatalité dans ces drames.
Une très belle œuvre donc, auquel je n’aurais à reprocher qu’un twist un peu tire-larme sur la fin, alors qu’il est remarquablement dosé sinon, et que, là-dessus il y a encore du boulot au Japon, le personnage en surpoids ne soit encore principalement caractérisé que par sa gourmandise, ce qui aurait pu être très intéressant si traité comme une conséquence de ce qu’il vit, mais non.
Techniquement, le film est beau sans être une merveille esthétique, mais l’animation est fluide et la DA très travaillée.
En conclusion, une œuvre engagée, qui fait du bien, et qui traite d’un sujet grave, encore trop souvent sous-estimé, d’une façon intelligente et avec un vrai message porteur d’espoir, ce qui change un peu des drames (souvent très réalistes, hélas) auquel nous a tristement habitués cette thématique. À voir, à montrer à vos ados, et surtout, restons vigilants.
Voilà voilà, désolée pour le pavé et la gravité un peu inhabituelle de la news, mais l’actualité nous rappelle un peu trop souvent, comme le dit le film, que ces phénomènes existent et existeront jusqu’à ce qu’on se bouge, et que donc, ben, il faut se bouger !
Je vous laisse méditer là-dessus et je vais aller souffler un peu en attendant de m’atteler à la suite de Sur les traces d’une louve blanche. 😊
Bonne semaine tout le monde ! 😊
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