C’est reparti comme en 36…

Salut tout le monde !

Bon.

Bon bon bon.

Va pas être facile celle-là.

Disclaimer : vous votez, ou pas, pour qui vous voulez, je n’ai pas à vous donner d’ordre. Mais simplement, si vous êtes tentés par le RN ou un autre parti de ce bord, renseignez-vous, vraiment, sur leur histoire, leurs fondateurs, leurs démêlés judiciaires, leur programme réel, ce que leurs copains ont fait (ou font) quand ils ont été (ou sont) au pouvoir. Ne croyez pas qu’ils ne sont pas si méchants que ça et qu’ils ne mettront pas en application leurs idées ici. Ils l’ont fait, partout où ils ont pu, dès qu’ils l’ont pu. En Pologne, en Hongrie, en Italie, en Argentine, au Brésil et j’en passe, pour ne parler que de l’histoire récente, et pas des autres bien avant. Ils le feront en France.

Je ne vais pas vous mentir, j’ai beaucoup hésité à faire cette news. Réagir ou pas, prendre position ou pas, expliquer les choses ou pas… Tout ça reste très compliqué, très clivant, je le sais. J’ai très rarement parlé politique ici. J’ai essayé de vous garder en dehors du marasme ambiant, de ne pas étaler tout ce qui se passe en dehors, parce que ce « dehors » est suffisamment violent comme ça et qu’on a tous et toutes besoin d’endroits où se balader tranquille.

Sauf qu’en fait, non, je ne peux pas me taire.

Vendredi après-midi, j’ai signé la Tribune de L’Humanité des auteurices, pros et publics des littératures de l’imaginaire, appelant à voter pour le Nouveau Front Populaire.

Ce même soir, je me suis rendue au rassemblement antifasciste à l’Hôtel de Ville.

Parce que mon grand-père a été membre des FFI pendant la guerre et que ma grand-mère était la fille d’immigrés polonais.

Parce que mes parents étaient des cathos de gauche sincères et engagés.

Parce que ma sœur adoptive est née en Inde, parce que le père biologique de mon frère adoptif est plus que sûrement Maghrébin.

Parce que je ne renierai jamais mes valeurs.

Parce que comme « femme non-binaire », on va dire, pan, handicapée, précaire, autrice, c’est compliqué de se taire. Ça fait au moins cinq raisons d’avoir des problèmes avec l’extrême droite (et non, je n’exagère pas).

Je parle de l’extrême droite en général, et, pour le cas où certains n’auraient pas compris ou ne voudraient toujours pas comprendre : OUI, LE RN EN FAIT PARTIE (et ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Conseil d’État. Alors sauf à considérer cette institution comme gauchiste… Voilà voilà.).

On parle de partis qui ont (exemple) voté contre l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution.

Réinterdire l’avortement, c’est, en plus de nier le droit des personnes à disposer de leur corps, augmenter la mortalité maternelle et infantile. Point. On a des décennies d’études et de stat’ là-dessus. Des personnes meurent, partout dans le monde, soit à cause d’avortements illégaux, soit de grossesses problématiques qui ne sont pas prises en charge par les médecins à cause des restrictions légales. Une femme de 28 ans en parfaite santé est morte en Pologne il y a quelques années, car les médecins, suite aux lois passées par l’extrême droite locale, ont refusé de pratiquer un avortement médical alors que son fœtus était décédé intra utero.

Je n’ai pas d’enfant, je n’en aurais pas, mais je refuse un système où on nie aux personnes le droit de disposer de leur corps et où on les met sciemment en danger.

Et ce n’est qu’un exemple de leurs idées sur le droit des femmes. On ne va pas parler des violences, des inégalités sociales et salariales, et tout et tout. Déjà que ce n’est pas la joie, ça ne pourrait que s’empirer. Regarder contre quoi le RN a voté, aussi bien en France qu’au parlement européen, sur ces sujets, ces informations sont publiques et ça vous donnera un bon aperçu de leur opinion. Et là-dessus, ce n’est pas non plus sur une majorité qui laisse un agresseur au ministère de l’Intérieur qu’il faut beaucoup compter.

Ce n’est également pas un secret que l’extrême droite n’aime pas beaucoup la communauté LGBTQIAàZ+. Là aussi, c’est acquis, et je ne comprends même pas que certains puissent encore expliquer que non. Pas après que la Pologne ait instauré des zones « anti-LGBT », que la Hongrie ait adopté une loi interdisant la promotion de l’homosexualité auprès des mineurs (entendez par là, censurant les contenus en parlant), que l’Italie ait reculé sur les droits filiaux des couples lesbiens. Pas après toutes les attaques anti-trans partout en Europe et dans une bonne partie du monde. Et pas, non plus, après que, à peine quelques heures après la victoire de leur parti aux Européennes dimanche soir, quatre militants aient fêté ça en tabassant un homme considéré comme eux comme gay et/ou trans (ils ont été condamnés depuis).

Surtout quand ils se réjouissaient de pouvoir remettre ça en toute impunité après les législatives, quand leurs champions seraient au pouvoir.

Et ne me dites pas que c’étaient des gamins excités qui ne représentent pas le parti. L’un d’eux est le fils d’un proche de Marine Le Pen.

Parallèlement, je ne sais pas vous, mais moi, je trouve qu’on a déjà un peu trop de pauvres dans notre pays. De plus en plus de personnes vivent dans la misère, le nombre de nos SDF a explosé, ceci malgré les beaux discours présidentiels. On stigmatise « les pauvres », voire pire, on justifie leur situation, ou on laisse des citoyens, des associations, inventer des rustines de plus en plus invraisemblables pour leur venir en aide. On s’enthousiasme d’actions de solidarité, au lieu de se dire que oui OK, mais pourquoi on organise cette misère au lieu de la combattre vraiment ?

Pourquoi on se réjouit de voir une étudiante organiser une boutique de fringues de seconde main pour aider ses comparses au lieu de hurler parce que ceux-ci n’ont pas les moyens de s’habiller ? Pourquoi applaudit-on un milliardaire quand il fait un don (bien trop médiatisé, d’ailleurs) aux Restos du Cœur au lieu de se dire que cette association ne devrait plus exister en France en 2024 ? Sans même parler du fait que si cet homme, ses potes et leurs entreprises payaient ce qu’ils devaient vraiment d’impôts à notre pays, ça réglerait justement déjà pas mal de choses…

Quand je suis arrivée à Lyon, il y a presque 25 ans, les mendiants, on n’en croisait presque que dans le centre-ville. L’été dernier, au moins quatre personnes dormaient dans ma rue, et je suis loin du centre-ville. On ne peut plus faire cent mètres sans se faire alpaguer, partout, plus ou moins poliment, par des personnes à la rue.

Notre pays est membre du G7, les sept états les plus puissants du monde.

Un état où des centaines de milliers de personnes, dont des dizaines de milliers d’enfants dorment dehors.

Alors, voter pour un parti qui a voté contre l’augmentation du SMIC, contre l’indexation des salaires à l’inflation, contre l’augmentation des petites retraites, contre le blocage des prix des produits de première nécessité, contre le rétablissement de l’ISF, et j’en passe, et pour, par contre, tout ce qui rognait les droits des chômeurs…

D’où vous les croyez quand ils disent qu’ils vont vous aider ?

L’extrême droite italienne a purement et simplement supprimé le RSA local, du jour au lendemain, en prévenant les gens par texto, parce que pourquoi s’ennuyer à traiter un minimum dignement ceux qui ne sont pour eux que des parasites sociaux qui ne servent à rien ?

L’extrême droite est ainsi faite : tu es utile (entendre rentable) ou tu crèves.

Venant le plus souvent de millionnaires qui n’ont jamais eu à bosser de leur vie… Les sangsues ne me semblent pas là où elles le prétendent.

Tu ne peux pas bosser, mais tu n’es pas assez « malade » auprès des autorités pour avoir le statut de personne handicapée, ou tu as des charges familiales qui t’empêchent de travailler ? Ben crève, « tu n’es qu’un poids pour la société ». Mère isolée de jeunes enfants sans moyen de garde possible, personne en charge d’un parent âgé, ou malade, sans prise en charge possible ? Rien à faire. Bosse, sois rentable, ou crève.

Obtenir le statut de personne handicapée, ou d’aidant, est un parcours qui peut être long, très dur et semé d’embûches. Moi-même, j’ai mis dix ans à obtenir ne serait-ce qu’un vrai diagnostic sur ma maladie. Et ça ne règle pas les choses, car il faut sans cesse remplir des dossiers et justifier de son état. Et reremplir, et rejustifier, etc. L’Allocation Adulte Handicapé est à l’heure actuelle d’un peu plus de 1000 € mensuels pour une personne seule et est accordée pour quelques années. Oui, ça a augmenté. Mais ça reste sous le seuil de pauvreté. Et n’en déplaise à tous ceux qui trouvent déjà ça élevé ou nous imaginent uniquement comme des boulets en fauteuil… Déjà, non. Les personnes en fauteuil (qui ont tout mon soutien et mon respect vu l’état de nos trottoirs ^^’’’) ne représentent que 3 % d’entre nous.

Les handicapés (tous confondus), c’était près de 7 millions de personnes en France en 2021. Et tant qu’on y est, plus de 80 % des handicaps sont invisibles.

C’est mon cas.

Et je peux donc vous l’affirmer : être handicapé dans notre pays, c’est un travail à temps plein qui coûte très cher. En temps, de rendez-vous, de soins, de jours où on est HS et où on ne pourra rien faire, en énergie, en charge mentale, et surtout en argent. Si notre santé rend trop souvent notre situation professionnelle très complexe, voire impossible, la limitation de plus en plus prégnante des prises en charge empêche beaucoup d’entre nous de se soigner comme il le faudrait. Et encore, à condition d’avoir à proximité les structures qu’il faut, ce qui est de fait de plus en plus dur dès qu’on sort des gros centres urbains. J’ai attendu neuf mois un rendez-vous avec une spécialiste de la douleur. Six une prise en charge dans un centre pour un suivi spécialisé. C’est long. Surtout quand on a mal et qu’on a peur de tomber, encore, sur un médecin qui va vous prendre de haut, vous dire « c’est dans la tête » et essayer de vous coller sous antidépresseurs pour ne pas chercher plus loin.

J’ai bataillé dix ans pour avoir un diagnostic. Et autour de moi, beaucoup trop de personnes en souffrance ont laissé tomber ou n’ont même pas essayé.

Alors, oui, je veux qu’enfin, le broyage en règle de notre système de santé cesse. Et ce n’est pas avec l’extrême droite que ça sera le cas. Parce que la casse des services publics, ça reste aussi un de leurs jeux préférés. Si vous trouvez que Macron et sa clique ont fait des dégâts, attendez-vous à pire. Des personnes meurent déjà dans nos hôpitaux, faute de moyens et de personnels, alors qu’ils souffrent de pathologies connues et tout à fait soignables. Relisez plus haut : je refuse que des personnes meurent parce que d’autres les mettent en danger sciemment, en fermant des lits, des structures médicales, en diminuant le personnel, en ne veillant pas à ce que des médicaments nécessaires soient en stock suffisant sur notre sol.

Enfin, c’est comme artiste, aussi, que je vous parle aujourd’hui. Et sans même parler de mes écrits eux-mêmes.

Comme autrice indé en galère, trahie par la mise à la poubelle du rapport Racine, qui promettait enfin des réformes réelles pour son statut, saoulée par la mascarade qu’est le statut géré par l’Urssaf Limousin, choquée par le scandale de la gestion des retraites des auteurs par l’Agessa.

Comme amie d’autres artistes de tous bords, qui tirent le diable par la queue en devant trop souvent cumuler, comme moi d’ailleurs, boulot alimentaire et création, avec ce que ça implique de temps, d’énergie et de bien-être en moins pour nos œuvres.

Comme lectrice, évidemment, surtout de bandes dessinées, médium dont 53 % des auteurs gagnaient moins que le SMIC en 2021, et pire, 36 % étaient sous le seuil de pauvreté.

Comme spectatrice, aussi, cinéphile inquiète de la volonté affichée de supprimer le statut d’intermittent, qui est indispensable à tous les arts vivants et visuels dans notre pays (cinéma, théâtre, animations, festivals, etc.).

Je sais que beaucoup de gens sont en colère, à bout de nerfs et demandeurs de vrais changements, profonds, réels et rapides. Je sais. J’en suis.

Je sais que bien trop de personnes, dans ce pays vieillissant, ont peur d’un avenir apocalyptique, dans un monde qu’elles ne comprennent plus, un monde qui semble plus près du chaos qu’il ne l’a jamais été.

Je sais qu’il est plus facile de chercher des boucs émissaires, de rejeter, d’avoir envie de tout détruire, de tout brûler, de tout haïr, que de tendre la main, de la prendre, de la serrer, pour avancer ensemble, tous et toutes ensemble.

Et surtout, oui, je sais que notre Gauche est imparfaite, faillible, qu’elle nous a aussi trahis, aussi menés en bateau, aussi menti, se cachant, comme les autres, derrière cet épouvantail de « barrage républicain » pour mieux se faire élire et ne rien faire une fois ça fait.

Je sais.

Mais, encore, j’ai envie d’y croire.

De croire en mon pays et ses capacités à relever la tête pour dire « Stop. ».

De croire en ses valeurs.

De croire que mes parents, mes grands-parents, et tant d’autres, avec ou avant eux, ne se sont pas battus pour rien.

Je sais ce qu’est mon pays, et j’enrage, mais je veux, plus que tout, ne jamais cesser de croire en ce qu’il peut devenir, redevenir, une terre dont la devise ne serait pas trois mots oubliés, une lumière pour qui y vit, un espoir pour qui la regarde, pour ne pas abandonner, ne pas cesser de lutter pour du mieux.

Parce que la haine n’a jamais, jamais, nulle part, apporté autre chose que plus de souffrance.

Parce que nous sommes humains, parce que nos frontières, nos différences, n’existent que dans nos têtes, parce que nous ne sommes jamais plus forts que quand nous sommes ensemble, tous, toutes, ensemble.

Voilà, désolée pour le retard et le pavé…

Dans tous les cas, je le redis, je ne suis personne pour vous dire de voter et pour qui. Vous ferez ce que vous jugerez devoir faire en votre âme et conscience.

Moi aussi. Et moi, ça ne sera pas céder aux vendeurs de haine.

 

Prenez soin de vous, prenez soin des personnes que vous aimez.

 

À bientôt.

 

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