Un Chaudron et un chat noir [Taram et le chaudron magique ; Flow, Le Chat qui n’avait plus peur de l’eau]

Salut tout le monde !

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Je me surprends moi-même d’à quel point cette news est faite pour cette semaine, puisqu’on va parler d’un chaudron maléfique et d’un chat noir, ce qui est étonnamment raccord avec Halloween.

Comment allez-vous en ce beau samedi alors que les températures ont l’air de vaguement commencer à baisser un peu, parce que bon, c’est pas l’tout ça, mais on est quand même censé être en automne, y paraît ?…

Préparez-vous donc une boisson chaude à votre goût et posez-vous tranquillement. Cette semaine, on va un peu causer ciné, du vieux et du neuf. C’est pas fait exprès, mais ça équilibre.

Par ordre d’ancienneté, commençons donc par la marmite !

Taram et le chaudron magique est un Disney un peu obscur, au sens propre et au sens figuré, que je n’avais jamais vu et j’ai donc profité d’une projection dans mon ciné pour y aller.

(Oui, exactement comme pour Dragons il y a quinze jours, Le Roi et l’Oiseau demain et Le Bossu de Notre-Dame la semaine prochaine. Parce que voilà, j’ai plein de classiques à rattraper. J’ai des lacunes, j’assume.)

Adapté d’une pentalogie de fantasy de Lloyd Alexander, Les Chroniques de Prydain (entièrement publiée en France depuis… 2020…), Taram et le chaudron magique, ou The Black Cauldron in english, est surtout connu pour être vraiment un film à part chez la firme aux grandes oreilles. Sorti en 1985, sa réalisation a été très longue et douloureuse, à une époque où le studio était secoué de toutes parts, par ses actionnaires peu scrupuleux autant que par ses propres équipes créatives divisés entre anciens et nouveaux aux dents plus ou moins longues.

Je ne vais pas m’étendre sur tout ça ici. Si ça vous intéresse, je vous renvoie vers l’excellente vidéo des Chroniques de Mea  qui raconte ça mieux que je ne pourrais le faire. C’est passionnant, comme toujours.

L’enfer créatif qu’a vécu cette œuvre se ressent clairement au visionnage. Rien de rédhibitoire : si ce film a des défauts, il n’en reste pas moins à (re)découvrir.

Techniquement, il a très bien vieilli et s’il fait indéniablement son âge, il se regarde vraiment sans déplaisir. Certaines scènes sont même encore aujourd’hui très étonnantes en termes de mise en scène, comme, par exemple, la course-poursuite avec les dragons, très nerveuse et impressionnante.

Ce qui marque, en fait, dans Taram et le Chaudron magique, c’est une direction artistique très sombre et violente, au service d’une narration un peu décousue et clairement rushée.

Avec ce film, Disney souhaitait à la base viser un public ado-adulte et, donc, proposer une œuvre bien plus mature que les autres. Il en reste une ambiance globale très marquée et des visuels vraiment frappants par leur noirceur. À ce titre, ce film est vraiment à déconseiller à un trop jeune public, car si je salue, encore une fois, la direction artistique, il n’en reste pas moins que, passé l’introduction, sa ferme et sa forêt somme toute classique, on passe d’un château lugubre à des marais guère plus sympathiques, pour retourner un coup au château, parce que pourquoi pas…

Parallèlement à ça, si le quatuor de héros a des designs plutôt convenus pour des héros Disney, l’antagoniste, lui, est un roi-sorcier plus proche de la liche qu’autre chose.

Bref, on voit le travail qu’il y a eu pour créer cet univers sombre et mature, mais, et c’est là le plus gros point noir du film, la narration ne suit pas.

Une fois admis qu’on est dans un conte assez simple, l’histoire se suit sans déplaisir.

Sauf que, comme je vous l’ai dit, on n’est pas dans un conte simpliste, mais dans une pentalogie d’heroic-fantasy. Et malgré tout, ça se sent. Ça se sent qu’il y a derrière cette histoire assez simple, mettant en scène peu de personnages, un monde bien plus vaste et plus riche.

On débarque ainsi chez un vieil homme qui sait que le méchant mijote quelque chose avec le vieux chaudron légendaire, parce que, qui possède une petite truie qui peut lire l’avenir, parce que, et est le tuteur de Taram, notre jeune héros, parce que. Qui sont-ils, quels sont leurs liens ? On ne le saura pas. Plus tard, alors que Taram est prisonnier chez le seigneur des ténèbres, nous rencontrons une demoiselle qui se présente comme une princesse, visiblement douée de pouvoirs magiques, mais c’est pareil : princesse d’où, magie de quoi, comment elle-même s’est retrouvée là… ? Nada. Et on pourrait multiplier les exemples.

Comme je le disais, ce n’est pas gênant : le récit n’est pas tronqué au point d’être incompréhensible. L’histoire se suit sans peine et se tient. Mais tout suinte un lore bien plus profond et c’est un peu frustrant.

En conclusion, je dirais que Taram et le chaudron magique est un Disney qui mérite sa réputation d’œuvre sombre et à part, imparfaite et accouchée dans la douleur. Mais ça reste un bon petit film devant lequel j’ai passé un bon moment. À voir donc ou revoir, si ça vous branche, comme toujours.

Allez, passons maintenant à plus coloré, avec un film sorti cette semaine et que j’ai eu la chance de découvrir en avant-première dimanche dernier.

Flow, Le Chat qui n’avait plus peur de l’eau de Gintz Zilbalodis, est une coproduction letto-franco-belge, que j’attendais beaucoup, depuis son passage à Cannes et à Annecy, où il avait fait forte impression et raflé quelques prix. Le trailer envoyait du lourd et j’avoue que les œuvres lettoniennes, d’animation ou pas, ne courent pas les cinés par chez nous. J’y allais donc très curieuse…

Alors, mon avis en un mot : intéressant et indéniablement magnifique. Mais j’avoue que je n’ai pas été aussi embarquée que je le pensais. Et sans être réellement déçue, me voilà donc quelque peu dubitative.

Développons développons…

Flow nous montre donc une terre où l’humanité a disparu. Est-elle partie, a-t-elle disparu, aucune explication ne nous sera donnée. Ne demeure que des objets, des bâtiments, mais plus personne. Enfin, plus d’humains, car les animaux, eux, sont toujours là.

Et c’est donc un jeune chat noir que nous allons suivre dans ce monde alors que les eaux montent soudainement, le forçant à quitter la maison isolée dans laquelle il vit. Il ne doit son salut qu’à un bateau qui passe… Et c’est le début du voyage, où lui et les autres animaux qu’il va rencontrer vont devoir survivre malgré leurs différences alors que les suit, ou les guide, peut-être, une gigantesque baleine…

Alors, posons sans attendre un fait certain, comme je disais : ce film est superbe.

Autodidacte dans l’animation, Gints Zilbalodis signe pour son premier long métrage « coopératif », si je puis dire, dans le sens où il avait réalisé le précédent, Away/Ailleurs, seul, une œuvre effectivement jamais vue, effectivement inclassable, et visuellement dingue. On n’est pas dans du photoréaliste, le film n’en a clairement pas les moyens, mais le rendu reste très beau, très propre. L’animation aussi est fluide et belle. Les animaux sont très bien animés, réalistes et expressifs, tour à tour touchants et amusants, surtout notre pôtit chat. La direction artistique est travaillée avec soin, les décors également, et on visite une forêt aussi verdoyante que les immenses ruines, plus tard, seront belles, etc. Gints Zilbalodis le dit : il aime l’animation, et l’a choisi, pour pouvoir donner vie aux décors qu’il a en tête sans entrave. Et de fait, ces décors sont marquants et sa mise en scène sait les magnifier.

La comparaison a été faite, et ce dès son précédent film, d’ailleurs, avec le jeu vidéo, ce qu’il assume tout à fait, et il est vrai que les rapports sont faciles à faire.

Plans larges posant un décor vaste, caméra suivant quasi exclusivement un personnage unique et central, même l’organisation spatiale répond à une logique vidéoludique, dans le sens où tout mène vers ces hauts pics à l’horizon. Tout ne peut qu’y mener, exactement comme, dans un jeu vidéo, tout mènera vers cet élément de décor au loin, placé là pour nous guider.

Bref, ce film est très beau et très intéressant en termes de mise en scène et de narration par l’image, puisqu’il est muet.

Mais c’est malheureusement sa limite.

Je vais me permettre de parler au pluriel pour la suite, car, comme je vous l’ai dit, j’ai vu ce film avec deux amis (bizoux, Rémi et Yakouta ♥) et nous sommes tombés d’accord sur ceci : si le film est une réussite visuelle et technique, sa narration nous a laissés quelque peu perplexes, tant elle nous a paru confuse.

Les animaux, comme dit plus haut, ne parlent pas. Ils nous sont présentés, à ce titre, comme de « vrais » animaux, et c’est un parti-pris tout à fait acceptable. Ou plutôt, il le serait si cet état de fait restait cohérent, or, ça n’est pas vraiment le cas.

Les animaux ne parlent pas, mais ils n’en ont pas moins des espèces de « dialogues », ils ne sont pas anthropomorphisés, mais ils sont tout de même trop intelligents et ont des réactions qui ne font pas « naturelles », surtout dans un contexte de survie aussi extrême. On est donc dans un entre-deux qui est étrange et n’a pas aidé pour ce qui est de l’immersion. De même, le récit nous a un peu laissé sur notre faim, car, si le message sur le changement climatique et le devoir de se serrer les coudes est assez limpide, une scène sur la fin, si elle est très belle, glisse dans un mysticisme qui sort un peu de nulle part, et la conclusion nous a paru ben, pareil, pas claire, et d’autant moins que cette scène étrange avait brouillé les pistes.

Donc, en conclusion, je dirais que Flow est un film intéressant, magnifique visuellement, très bien réalisé, imparfait dans sa narration, mais très prometteur pour ce qui est de son auteur principal, qui est désormais noté dans ma liste « Personnes à garder dans un coin de la tête ».

À voir quand même sur grand écran, pour le coup d’œil, si ça vous botte.

 

Voilà voilà. Je vais m’en tenir là pour ce soir, n’hésitez pas à aller soutenir LFR et l’Institut du Cerveau, moi je vous dis à très vite pour la suite du Petit Papillon !

Prenez soin de vous et bonne semaine !

À bientôt tout le monde !

 

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(2 commentaires)

  1. Chouette article !
    Je suis d’accord sur les deux films, je pense que Taram est en contradiction avec l’ADN de Disney et qu’ils ne savaient peut être pas comment raconter ce genre d’histoire. Le public ado a besoin de narrations plus complexes pas juste de l’esthétique sombre ?
    Je recommande le film d’animation Horus de Takahata et Miyazaki pour les oeuvres de jeunesse qui me semble avoir des enjeux similaires de vouloir amener de la maturité à un média jusque là plus enfantin…

    1. @Neal : Merci ! 🙂
      Taram s’est retrouvé coincé entre des artistes qui voulaient apparemment sincèrement renouveler le genre et des producteurs frileux, et ce sont ces derniers qui ont eu le dernier mot… Enfin, c’est plus ou moins ce qui ressort de ce que j’ai vu là-dessus.
      Pas encore vu Horus, il est dans ma liste des vieux classiques à rattraper… ^^

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