No°6 – Après 06 : Passé et Présent

Disclaimer : Les personnages et l’univers de No°6 appartiennent exclusivement à Atsuko Asano.

En espérant donc que cette suite vous plaise également !!

Sinon, j’ai aussi une grande annonce à vous faire : j’ai décidé d’organiser un petit concours destiné à offrir mon roman à l’un(e) d’entre vous. Les règles sont les suivantes :

Vous vous en doutiez pitètre (eh eh), il fallait bien qu’à un moment Nezumi se remettre à chanter (Nezumi : Ah oui mon talent était indispensable à cette fic… Shion : *_* Balkys : Euh, on va dire ça !), et donc comme je suis pas une grande poétesse moi-même, je vais lui faire chanter des vraies chansons ou réciter des vrais poèmes, etc. Le but du jeu pour vous sera de retrouver ces chansons, poèmes, tout ça, et de me donner les titres et interprètes, UNIQUEMENT PAR MAIL : ninoucyrico@gmail.com. Ceci pour permettre à tout le monde de jouer, aux trois endroits où je poste cette fic. Toute réponse publique, non seulement ne donnera pas de point à son auteur, mais en plus annulera le round pour tout le monde. Sinon je noterai bien les réponses de tout le monde à part et à la fin de la fic, vous aurez les réponses et les résultats. Les gens qui ont déjà mon roman ont le droit de jouer, par contre je ne leur réoffrirai pas. Ça fera 1 point pour le titre, 2 pour le titre et l’interprète ou auteur, et à la fin la personne qui aura le plus de points recevra mon roman.

Ces chansons ne seront pas nécessairement françaises, par contre elles seront toujours en français. Pourquoi ? Ben parce que je les choisis pas au hasard, mais bien pour leur texte, et puis les traduire ça m’éclate. J’essayerai de rester au maximum près du texte original pour ne pas trop vous larguer. Je vous laisserai des indices pour les trop dures, vous en faites pas, ça reste aussi un jeu quand même ^^ !

C’est pour ça par exemple que je ne vous demanderai pas de retrouver l’origine de la berceuse que chante Shion à Haru dans le 1er chapitre, car ça nécessiterait 1/ que vous connaissiez l’anime où je l’ai entendue, 2/ que vous ayez vu son épisode spécial, 3/que vous ayez cherché les paroles de cette chanson en anglais et enfin 4/que vous l’ayez reconnue à travers ma trad. Ça fait un peu beaucoup hein… Chuis pas sadique non plus !

MAJ 23/04/201 :CONCOURS ANNULE POUR LE CHAP 6 : les réponses ont été donné publiquement sur FFNet.

Désolée et on remet ça dans la suite en espérant que cette fois les règles soient respectées.

Y en a trois dans ce chapitre… Faites-vous plaiz’ et bonne chance à toutes zet à tous !!!

No°6 – Après

Chapitre 06 : Passé et Présent

Yui était installé sur son balcon, accoudé à la barrière, regardant la ville sans la voir. Il s’était mis là pour fumer, mais sa cigarette se consumait dans sa main. Il était perdu dans ses pensées, dans ses souvenirs, parti dans la poussière de Bloc Ouest, un soir où il avait rencontré un jeune garçon aux yeux gris…

*********

Un bâtiment anonyme de Bloc Ouest, cinq ans plus tôt.

Un silence funèbre régnait dans la pièce.

Dans les autres salles de ce curieux bunker à moitié en ruine, les résistants s’activaient aussi silencieusement que possible, car ce qui se passait dans cette pièce sombre aménagée en chambre de fortune les touchait tous.

Zento s’approcha pour poser doucement une couverture sur les épaules de son chef, assis sur une chaise bancale à côté du lit où reposait le corps à l’agonie de l’homme qui partageait sa vie et leur lutte depuis toujours.

Zento laissa ses mains sur les épaules de Freedom.

L’attaque des forces de N°6 avait fait du dégât, trois jours plus tôt, et Freedom et Rinjû, son amant et second, avaient été fait prisonniers. La réaction de la résistance avait été à la hauteur de l’affront et leur avait permis de savoir rapidement où ils étaient retenus, un peu en dehors du quartier, car l’officier des forces de la ville tenait à les « interroger personnellement » avant de les conduire au Centre Pénitentiaire. Ils avaient attendu, guetté, jusqu’à ce qu’il se décide à mettre le nez dehors pour le transfert.

Pas beaucoup de survivants du côté des soldats de la ville… Trois morts et 12 blessés pour les résistants, et parmi ces blessés, Freedom déjà bien amoché par son interrogatoire et Rinjû à l’agonie après s’être pris une rafale de fusil-mitrailleur dans le ventre.

Freedom tenait la main de son compagnon dans les siennes. Elle était déjà froide. Pourtant, personne n’avait le courage d’achever le mourant, personne ne voulait accepter l’idée qu’il s’en aille. Mais quel espoir pouvait-il bien y avoir dans cette cave, dans ce quartier maudit sans vrai médecin ni hôpital… ?

Freedom tourna un visage pâle, épuisé, vers son plus vieil ami. Le bandage de fortune qui entourait son crâne tenait mal, cachant son œil mort.

« Zento.

-Je suis là, Yui.

-C’est Uragiri qui nous a balancés ?

-Oui. »

Zento sentit son ami trembler.

« Va me chercher le garçon qu’il se tape. Tout de suite. »

Zento eut un sourire, presque heureux que la colère de son ami l’emporte sur sa peine.

« À tes ordres. »

Zento sortit de la pièce et referma la porte sans bruit.

Les résistants, hommes, femmes, adolescents, enfants, qui installaient comme ils pouvaient le peu de matériel qu’ils avaient, s’arrêtèrent tous pour le regarder. Lui hocha la tête et dit :

« Ren, Tsuzuki, Rantô, Misa, prenez vos armes, on bouge. »

Les quatre susnommés se regardèrent. Ils s’équipaient sans mot dire lorsqu’une autre demanda :

« Zento, qu’est-ce qui se passe ?

-Uragiri va nous payer ça. »

Des sourires mauvais se firent sur plusieurs visages.

Ils partirent tous les cinq. Le soleil et approchait de la ligne d’horizon. Ren, un grand ado maigre et nerveux, demanda :

« On va où, Zento ?

-Aux bordels de Buta. Si celui qu’on cherche n’y est pas, il saura nous dire où le trouver. Pas de gants, compris ? On est pressé.

-T’en fais pas pour ça ! » Répondit Tsuzuki en armant son fusil à pompe.

Ils arrivèrent au crépuscule devant un hôtel de passe miteux et sordide. Quelques filles court-vêtues et fatiguées s’écartèrent craintivement en les voyant. Ils entrèrent sans attendre. Le hall étroit était crasseux et derrière le comptoir de l’accueil, un homme gras et suant que Zento interpella sans ménagement :

« Salut Buta. On cherche une de tes putes. »

Le gros maquereau grogna :

« Qu’est-ce que vous voulez ? Vous allez faire fuir les clients… »

Ren et Tsuzuki ricanèrent alors que Misa épaulait sans un mot son fusil pour le braquer sous le nez de Buta qui sursauta :

« Hé, vous êtes malades !

-Ouais. Je vais être clair et si tu tiens à ta peau, tu vas répondre vite, répondit Zento. Là, tu vois, Freedom est furax et nous aussi. Alors, dis-moi tout de suite où on peut trouver le garçon qui se fait appeler Nezumi.

-Euh… Balbutia le gros. Il… Il bosse, là…

-Quelle chambre ?

-Non, mais vous allez pas déranger mes clients ! »

Misa arma son fusil et Zento regarda Buta qui blêmit :

« 214…

-Merci. »

Ren resta là alors que Zento et les autres montées quatre à quatre les marches du vieil escalier à moitié pourri et arrivèrent devant la porte juste à temps pour entendre un cri aussi désespéré que furieux :

« CONNARDS ! Vous m’aviez juré plus jamais ÇA ! »

Tsuzuki et Zento échangèrent un regard et le premier défonça la porte sur un hochement de tête silencieux du second.

Sur le lit sale se trouvait un adolescent brun nu, qui regardait les nouveaux venus avec des yeux ronds, des yeux gris magnifiques, au passage.

L’homme qui était dans son dos et le tenait plus que fermement par les épaules était stupéfait aussi et un autre, lui à moitié à poil également, se leva d’un bond, furieux, pour gueuler :

« C’est quoi cette merde ! On peut même pl… »

Un coup de crosse en pleine tête l’interrompit et l’envoya valser contre le mur. L’autre lâcha le garçon et recula. Tsuzuki braqua son fusil à pompe sur le premier et Zento pour sa part s’adressa au garçon :

« C’est toi qu’on appelle Nezumi ?

-Euh… O… Oui… ?… » Bredouilla l’adolescent.

Zento lui sourit :

« Rhabille-toi et viens. Quelqu’un veut te parler. »

Nezumi le regarda, hébété, et Zento insista doucement :

« Ne t’en fais pas, il ne te veut pas de mal. »

Nezumi obéit lentement, pas rassuré. Il tremblait un peu. Zento reprit pour les deux hommes :

« Ah, au fait, il ne s’est rien passé. Et croyez-moi, il y a des façons de mourir moins douloureuse que de nous faire chier. »

Nezumi avait enfilé ses vêtements et ses bottes, il se leva. Il regardait Zento avec inquiétude, mais ce dernier lui répéta gentiment :

« Ça va aller, ne t’en fais pas. »

Nezumi lui jeta un œil, pas très convaincu visiblement, mais face à quatre adultes, dont deux avec des fusils, il sentait bien qu’il n’avait pas trop le choix. Si ces personnes pouvaient se permettre de débarquer comme ça chez Buta, c’est que ce n’était pas n’importe qui.

Il les suivit craintivement jusqu’au rez-de-chaussée. Là, il jeta un œil à Buta qui se retenait visiblement de râler. Zento sourit à ce dernier :

« Tu ne nous as pas vus. Garde bien ça en tête. »

La nuit tombait. Nezumi suivait ces inconnus sans oser rien dire. L’idée de filer et de les semer dans les ruelles l’effleura, mais ces gens-là semblaient définitivement trop sûrs d’eux pour tenter un truc pareil. Il se demandait bien ce qu’ils lui voulaient. Ils n’avaient pas l’air d’en avoir après son cul… En tout cas, aucune réflexion, remarque vulgaire ou graveleuse, main aux fesses et autre… ?

Au bout d’un moment et alors qu’ils arrivaient en bordure de la ville, Zento le regarda :

« Ça va ? On marche pas trop vite ?

-Euh non non ça va…

-T’es nouveau dans le coin, toi, non ?

– Euh oui euh quelques mois… »

Nezumi grommelait tout bas. Sa voix était à peine audible. Les mains dans les poches (la droite serrée sur son couteau), il restait sur ses gardes.

Il était plutôt content que ces inconnus l’aient tiré les bras de ces deux pervers… Avec un peu de chance, ils allaient lui foutre la paix.

-Lorsqu’il avait quitté les grottes, il n’avait pas pensé très loin. Il n’en pouvait juste plus… Il voulait revoir le soleil.

La cave était confortable, mais avoir un toit ne nourrissait pas. Après quelques jours à crever de faim, se refusant à voler ou à mendier, le garçon avait dû admettre que, pas capable de faire grand-chose, il ne lui restait pas 36 solutions…

Il avait eu beaucoup de chance, la première fois, de tomber sur un mec réglo qui, en plus de bien payer, lui avait vraiment fait prendre son pied. Le seul d’ailleurs avec lequel il recoucherait plus tard, juste pour le plaisir, sans du tout se douter que ses leçons lui serviraient bien cinq ans après…

Il avait pu manger à sa faim quelques jours. Il n’avait pas envie de ça, ça le répugnait… Mais il devait survivre. Parce qu’il devait veiller sur Shion. Certain que N°6 œuvrait déjà à la perte de celui qui lui avait tendu la main, sauvé la vie est bien plus, en cette nuit de tempête, deux ans plus tôt, il voulait trouver un moyen de le protéger à son tour.

Au fond du bordel de Buta, qui louait trop cher ses chambres crades (mais jamais Nezumi n’aurait laissé qui que ce soit entrer chez lui), Nezumi fermait les yeux, écartait les cuisses, serrait les dents en pensant à Shion, en se jurant qu’ils se reverraient, qu’il survivrait pour le sauver, qu’il lui rembourserait sa dette.

C’était son seul espoir, la seule chose qui lui permettait de ne pas se foutre en l’air. Le souvenir d’un sourire, d’un corps chaud contre le sien, une nuit où il aurait dû mourir.

Il frissonna dans l’air frais du soir. La lune se leva. Nezumi la regarda et se demanda si Shion la regardait aussi…

« On y est ! »

La voix de Zento le fit sursauter.

Ils étaient à côté d’un espèce de bunker à moitié enterré, dans une zone déserte au nord-ouest du quartier. Mine de rien, ils avaient marché un moment. Il faisait désormais nuit noire.

Une dizaine de personnes elles aussi bien armées rôdaient autour du bâtiment. L’une d’elles vint à leur rencontre :

« Vous voilà ! Tout s’est bien passé ?

-Pas de souci. Du neuf ?

-Rien. Freedom n’a pas bougé et Rinjû… Bah… Pareil. »

Zento grimaça.

« OK. » Soupira-t-il.

Il fit un signe las de la main à ses compagnons et Nezumi et ils descendirent.

« Viens. » Dit doucement Zento à Nezumi.

Ce dernier regardait avec curiosité cette grande pièce en bazar, pleine de gens de tous âges qui s’affairaient dans tous les sens, qui à ranger, qui à bouger des caisses ou des meubles, qui à cuisiner sur une vieille chaudière énorme…

Visiblement, ces personnes étaient en plein aménagement.

Nezumi suivit Zento dans une pièce à côté, plus petite et sombre.

L’adolescent resta pétrifié à l’entrée, Zento referma la porte sans y faire attention pour rejoindre Freedom, toujours sur sa chaise, qui n’avait pas lâché la main de Rinjû qui respirait désormais par saccades.

Nezumi grimaça. Il n’osait pas bouger, gêné d’être là, d’assister à cette scène qui ne le regardait pas.

Il vit Zento poser silencieusement sa main sur l’épaule de Freedom et entendit ce dernier murmurer d’une voix épuisée :

« Pourquoi il ne veut pas partir… »

Zento ne put pas répondre.

Un chant s’éleva soudain dans le bunker, une voix qui suspendit le temps. Une voix merveilleuse, surnaturelle, qui emmena tous ceux qui l’entendirent très loin de ce bunker poussiéreux, très loin de cette vie de misère où voir un nouveau crépuscule était une victoire.

« C’est juste une question de temps…

Il y a quelques jours

Je t’ai vu, tu allais bien

Je me souviens de ce que tu as dit

Sur le livre que tu lisais

Celui que je t’avais donné

Le début de la fin…

Nous avons parlé

Des heures sans fin

Qu’est-ce que je donnerai

Pour le faire encore

Mais tu reposes là

Dans ce lit d’hôpital

Peux-tu ouvrir les yeux

Et parlons encore une fois

Si tu t’envoles ce soir

Je veux te dire que je t’aime

J’espère que tu peux m’entendre

Sentir que je suis là…

Si tu t’envoles ce soir

Te dire que je suis désolé

De tout ce que je ne t’ai pas dit

Quand nous étions ensemble

J’ai été là toute la nuit

Et je te regarde

Inspirer expirer

Est-ce que c’est vraiment toi

Au juste cette machine

Qui te fait vivre

Ou t’en donne l’air

S’il y avait de l’espoir

Je pourrais te dire…

Que si tu n’étais pas là

Il n’y aurait rien de beau

Pour protéger ma vie

Tu as pris le temps

De dire à mon esprit

Et mon cœur des mots de vie

Alors au revoir pour cette fois

Mais je te reverrai

D’une façon ou d’une autre

Quand ce sera mon tour

De rejoindre l’autre côté

Je te serrerai encore

Et fondrai devant ton sourire

Maintenant tout ce que j’ai

Ce sont ceux qui m’accompagnent

Et tu m’as appris à ne pas tenir pour sûr

Le temps que nous avons

À montrer que nous tenons à eux

Parler à leurs esprits

Parler à leur cœur

Pendant qu’ils sont là

Et leur dire je t’aime

Si tu t’envoles ce soir

Je veux te dire que je t’aime

J’espère que tu peux m’entendre

Sentir que je suis la

Si tu t’envoles ce soir

Te dire que je suis désolé

De tout ce que je ne t’ai pas dit

Lorsque nous étions ensemble »

Une voix d’ange…

Un ange qui emportait les âmes.

Zento et Freedom sursautèrent l’un après l’autre, comme au sortir d’un rêve étrange et doux.

Sur le lit, Rinjû ne respirait plus. Sa main serrait celle de Freedom, et un sourire infiniment serein illuminait son visage.

Freedom frémit, serra la main froide dans les siennes et l’embrassa.

« Au revoir, mon amour… » Murmura-t-il.

Zento passa ses bras autour des épaules de son ami :

« Ça ira, Yui ? »

Freedom inspira un grand coup et opina du chef.

« Ouais ! Finit-il par dire d’une voix à peine tremblante. Ouais, ça ira. »

Il lâcha la main froide et laissa Zento recouvrir Rinjû d’un drap sale en murmurant :

« Bon vent, vieux frère. »

Freedom se tourna lentement pour regarder Nezumi. Ce dernier était mal à l’aise, le regard fuyant, bras croisés.

« Comment tu as fait ça ?

-J’en sais rien. »

Freedom est un petit sourire :

« Merci.

-De rien, marmonna l’adolescent.

-C’est toi qu’on appelle Nezumi ?

-Ouais, répondit le garçon sur le même ton.

-J’ai un service à te demander. »

Il y eut un silence. Nezumi regarda enfin Freedom et finit par demander un peu plus fort :

« Qui es-tu ?

-On appelle Freedom. Pour le reste, disons que j’adorerais réduire N°6 en cendres et que l’inverse est aussi vrai. »

Nezumi eut un sourire.

« Ça situe. Et ça nous fait un point et un ennemi commun.

-Parfait. »

Freedom se leva lentement et fit quelques pas vers le garçon :

« Tu vois, cet homme, là, partageait ma vie depuis toujours et ce combat, c’était aussi le sien. Il y a quelques jours, un connard nous a vendu à N°6, et le résultat, tu l’as sur ce lit et là, dit-il en montrant le bandage qui entourait son crâne, et il y a d’autres gens qui ont plus ou moins morflé. »

Nezumi hocha la tête.

« Ce connard, continua Freedom, tu le connais. Il te saute depuis un moment… Il s’appelle Uragiri. »

Nezumi eut une grimace de dégoût visible et Freedom un sourire :

« Je crois que tu vois qui je parle.

-Plutôt, ouais… » Grogna Nezumi.

Ce type payait bien, mais jugeait que ça lui donnait tous les droits… Nezumi le détestait, mais Buta l’avait à la bonne et ne lui laissait pas le choix.

« Uragiri œuvre à me perdre depuis que je l’ai viré… Il est très violent et trop d’innocents ont payé ses conneries. Dieu sait que je ne suis pas le dernier à sortir mon flingue, mais pas contre des gens qui n’ont rien à voir avec nos histoires. Et c’est pour ça que j’ai besoin de toi. Je veux la peau de ce porc… Mais monter une attaque en règle contre lui, c’est juste risquer une fusillade générale avec la demi-douzaine de types qu’il paye pour protéger ses miches et ça, je ne veux pas. Et le seul moment où ses gars ne lui collent pas au cul, c’est quand lui colle au tien.

-Je vois… Et tu veux quoi de moi, au juste ?

-Que tu préviennes de votre prochain rendez-vous, histoire qu’on s’y pointe à ta place le cueillir discrétos.

-Qu’est-ce que j’y gagne ? »

Freedom est un sourire.

« Fais ça pour moi et je te jure que plus personne ne te touchera sans ton consentement. »

Il y eut un long silence. Zento regardait Nezumi et Freedom qui eux se regardaient droit dans les yeux.

Nezumi s’était redressé et n’avait plus rien du petit ado mal à l’aise qu’il avait ramené. Son visage était grave et ses yeux gris incroyablement sérieux.

« OK. » Dit-il enfin.

Il se gratta la tête :

« Dans les faits, ça va être chaud parce qu’il me prévient à la dernière minute, enfin quelques heures avant…

– Je peux laisser des gens autour de toi que tu pourras avertir.

-Ouais… Il vient à peu près toutes les semaines, là ça nous mène à dans deux ou trois jours. Il laisse ses molosses dans le hall et me rejoint dans une chambre, jamais la même, je crois qu’il leur fait croire qu’il se tape des filles… En tout cas, lui et Buta m’ont assez dit de la fermer… Comment tu as su qu’il me baisait, d’ailleurs ?

-Son ancien giton n’a pas vraiment aimé qu’il le jette pour toi. Et trouver un ado aux yeux gris chez Buta, ça a été un jeu d’enfant.

-Je vois… Soupira Nezumi avec un sourire.

-Ça se voit tout de suite que t’es pas d’ici. Tu sors d’où ?

-De loin, ça fait un moment.

-T’es un peu jeune pour dire un truc comme ça. Comment t’es arrivé ici ?

-Hmm… Disons que notre ennemi commun ne m’a pas laissé le choix. »

Freedom hocha la tête, comprenant que ce garçon aussi beau qu’étrange n’en dirait pas plus.

La suite se mit en place rapidement et un peu plus tard, Nezumi repartait escorté de deux complices chargés de sa sécurité, mais surtout, il n’était pas dupe, de le surveiller pour être sûrs qu’il ne les trahisse pas.

Il repassa au bordel avertir qu’il reprenait le boulot le lendemain et rentra chez lui. Buta jugea sage de ne pas poser de questions.

Nezumi savait que Freedom avait déjà des agents dans le bordel. Il savait aussi qu’un ou deux mecs l’avaient suivi jusque chez lui, il ne fit semblant de rien. Si Freedom pouvait vraiment le sortir de sa fange, il fallait mieux ne pas faire le moindre faux pas.

Deux jours plus tard, un matin, Buta lui fit savoir qu’Uragiri venait dans l’après-midi. Nezumi en informa aussitôt qui de droit et continua comme si de rien n’était.

Il fut admiratif du sans-faute des hommes de Freedom. Tout avait été calculé : les trois hommes qui attendaient dans la chambre où lui n’était plus, arrivés tranquillement les uns après les autres en toute discrétion, la dizaine d’autres qui se mirent à faire un boucan invraisemblable dans la rue, pour attirer l’attention des sept gardes du corps qui sortirent voir, ce qui permit aux résistants de leur passer incognito dans le dos avec leur patron inconscient caché dans un tapis roulé, et Nezumi, pour sa part, quitta tranquillement le bordel par la porte arrière, rejoignant Zento et Misa qui l’attendaient dans une ruelle.

Ils filèrent au bunker.

Freedom fumait dehors avec quelques autres. Il allait mieux. Il agita la main en les voyant approcher :

« Vous voilà, ça a été ?

-Comme sur des roulettes ! Répondit Zento. Le colis est arrivé ?

-Ouais, ouais, on est en train de l’installer… On va bien s’occuper de lui. »

Nezumi pensa que la douceur avec laquelle Freedom avait dit ça était proprement flippante. Le borgne lui sourit ensuite, gentil :

« Merci beaucoup, Nezumi.

-De rien. Il me manquera pas. »

Freedom rigola. Ce gamin lui plaisait bien.

« Bon ! Reprit le résistant. Chose promise, chose due. Zento, conduis-le à L’Arc-en-Ciel. Je pense que le Vieux appréciera à sa juste valeur un jeune chanteur aussi doué. »

Zento hocha la tête.

« Bonne idée. »

Freedom tendit la main à Nezumi en lui disant :

« Au plaisir. N’hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit.

-C’est noté. Merci, répondit le garçon en la lui serrant.

-Tu as quel âge, au fait ?

-14 ans. »

Freedom, Zento et les autres sursautèrent dans un bel ensemble.

« Et ben… C’est rien de dire que tu fais plus… »

Zento et Misa conduisirent Nezumi dans un coin incroyablement calme pour Bloc Ouest. Le garçon réalisa que ce n’était pas très loin de chez lui, mais dans une zone qu’il n’avait pas encore explorée.

Les rues étaient relativement tranquilles, il flottait dans l’air une certaine sérénité.

Ils entrèrent dans un espèce de grand bar… Cabaret… ? Nezumi se posa la question. Une salle immense, une grande scène sur laquelle une jeune fille jouait du violon. Il suivit Zento qu’un immense gaillard taillé comme une armoire normande interpella de derrière le comptoir :

« Putain, Zento !… T’es vivant, mon gars ?

-Salut, le Vieux ! Répondit Zento en le laissant lui serrer énergiquement la main. Comme tu vois !

-J’ai entendu que vous aviez subi une attaque et que Freedom et Rinjû s’étaient fait prendre… ?

-Ouais, ouais ouais… Je peux pas trop t’en parler… Freedom va bien.

-Et Rinjû ? »

Zento dénia du chef. Le Vieux grimaça :

« … Merde… »

Il serra la main de Zento dans les siennes :

« Tu dis à Freedom qu’il hésite pas, hein ? Je suis là !

-OK. Mais t’en fais pas, il s’en relèvera. Bon, sinon, reprit Zento en attrapant le bras de Nezumi pour le tirer devant lui, il voulait te confier ce garçon. »

Nezumi eut un sourire crispé devant cet immense bonhomme qui le regarda, intrigué. Zento ajouta :

« Il a une voix extraordinaire.

-Ah ouais ?

-Ouais, vraiment ! »

Nezumi avait très envie de disparaître dans un trou, en bon rat qu’il était.

Sur scène, la jeune fille avait fini de jouer, elle s’inclina sous les applaudissements des clients et fila dans les coulisses.

Le Vieux déclara :

« Ben puisque Muzai a fini, si tu nous faisais écouter ça ? »

Nezumi le regarda, surpris, puis hocha la tête :

« D’accord. »

Zento lui tapota l’épaule :

« Un truc plus joyeux que l’autre fois, s’il te plaît.

-Pas de souci. »

Nezumi grimpa sur la scène et regarda la salle. Il y avait un peu de monde, mais il n’avait jamais eu le souci quand il s’agissait de chanter en public. Il inspira un grand coup :

« Je ne suis pas quelqu’un de parfait

Il y a beaucoup de choses que je voudrais ne pas avoir faites

Mais je continue d’apprendre

Je n’ai jamais voulu te faire ces choses

Et donc que je dois dire avant de partir

Que je veux juste que tu saches

Je me suis trouvé une raison

Te changer ce que j’étais

Une raison de repartir à zéro

Et cette raison c’est toi

Je suis désolé de t’avoir blessé

C’est quelque chose avec laquelle je dois vivre chaque jour

Et toute la peine que je t’ai apportée

J’espère que je pourrais toute l’effacer

Et être celui qui saisira toutes tes larmes

C’est pour ça que j’ai besoin que tu entendes

Je me suis trouvé une raison

De changer ce que j’étais

Une raison de repartir à zéro

Et cette raison c’est toi

Et cette raison c’est toi

Et cette raison c’est toi

Et cette raison c’est toi

Je ne suis pas quelqu’un de parfait

Je n’ai jamais voulu te faire tout ça

et donc je dois te dire avant de partir

Que je veux juste que tu saches

Je me suis trouvé une raison

De changer ce que j’étais

Une raison de repartir à zéro

Et cette raison c’est toi

J’ai trouvé une raison de montrer

Une face de moi que tu ne connais pas

Une raison pour tout ce que je fais

Et cette raison c’est toi »

Un long silence suivit sa chanson. Les gens mirent quelques secondes à réagir et à applaudir, pas outrageusement, mais sincèrement, touchés. Nezumi s’inclina avec un sourire, sauta de la scène d’un bond et retourna au comptoir.

Zento, Misa et le Vieux le regardaient, ce dernier vraiment impressionné. Il lui tendit la main :

« Bienvenue à L’Arc-en-Ciel, gamin. »

Nezumi sourit pour de vrai pour la première fois depuis très longtemps en la serrant :

« Merci. »

*********

« Yui ? Qu’est-ce que tu fais là ? »

La voix d’Adrian, dans son dos, le fit sursauter. La cigarette avait fini de se consumer. La nuit tombait. Il se retourna avec un sourire vers son compagnon, qui le regardait, vaguement inquiet.

« Tu vas prendre froid, poussin… Ça va ? »

Yui opina du chef et vint en silence se blottir contre lui, passant ses bras autour de son torse puissant. Adrian sourit et le serra fort dans ses bras.

« Bonsoir, Yui.

-Bienvenue à la maison, Adrian. »

Les deux hommes vivaient dans le grand appartement du soldat, où Adrian avait invité Yui sans arrière-pensée le soir de la chute du Mur, désireux d’un peu d’intimité. Yui avait suivi sans arrière-pensée non plus. Si Adrian en pinçait déjà sérieusement pour le beau borgne, Yui pour sa part était plus enclin à recevoir de la tendresse et passer un bon moment.

Et cette nuit avait été un très bon moment.

Peu de gens étaient conscients de l’importance de leur improbable relation dans la réconciliation des deux quartiers. En apprenant à se connaître et se comprendre, le colonel de N°6 et le leader de la résistance de Bloc Ouest avaient sans trop le faire exprès contribué à rapprocher les deux communautés. Après tout, s’étaient dit beaucoup de gens, si ces deux-là s’entendent, c’est bien que c’est possible. Les personnes hurlant à la trahison avaient finalement été bien peu nombreuses.

La soirée passa paisiblement. Ils dînèrent, puis Yui se posa devant les infos pendant qu’Adrian allait prendre un bain.

Entre autres nouvelles, les lois sur la santé, l’extension de la centrale géothermique, la présentatrice annonça les festivités prévues pour les trois ans d’Utopia, le 20 mai.

Déjà trois ans… Songea Yui.

Il repartit dans ses souvenirs, rêveur.

*********

Freedom regarda autour de lui avec un soupir. À côté de lui, Zento soupira, accablé.

« Et ben, ils n’y ont pas été de main morte, cette fois… » Soupira le borgne.

Bloc Ouest était un champ de ruines.

Freedom secoua la tête.

« Ouais, bon allez ! On se bouge ! »

Il mettait le nez dehors pour la première fois depuis des mois, pour découvrir son quartier ainsi. Maudite N°6…

Le soir tomba sur de mauvaises nouvelles, la chute de nombreux décombres et cadavres dans la rivière avait rendu l’eau trop sale pour être bue, sauf à sa source difficilement accessible… Les réserves étaient ridicules, les blessés innombrables, et combien de gens étaient ensevelis sous les décombres…

Il regarda le haut mur avec rage… Le lendemain, la ville fêterait son jubilé sur leurs tombes…

-La nuit fut rude dans les ruines, au milieu des cris, des pleurs, du désespoir… Tout à reconstruire, encore.

Freedom put dormir quelques heures. La matinée commença dans la même ambiance morbide… Lorsque soudain, un grondement sourd s’éleva de l’est, un bruit qui devint vite assourdissant. Freedom n’eut que le temps de penser : une nouvelle attaque ?!, que, de la bute où il grimpa à toute allure avec Zento, il vit l’inimaginable se produire.

Le Mur était en train de s’écrouler.

« C’est pas… Possible… ?… » Bredouilla Zento.

Ils se regardèrent, effarés.

Un gigantesque nuage de poussière s’envola dans le vent, évitant par miracle Bloc Ouest. Un long silence suivit, puis Freedom se reprit et regarda ses hommes :

« Ren ! Tsuzuki ! Misa !… Allez voir ce qui s’est passé, et soyez prudents ! »

Les trois susnommés hochèrent la tête et filèrent.

Freedom et les siens continuaient d’essayer de sauver ce qui pouvait l’être, lorsqu’un peu plus tard, un cri joyeux avait retenti :

« Eh, Freedom ! »

Le borgne avait regardé avec surprise l’adolescent radieux qui lui faisait signe du haut d’un tas de gravats.

« Nezumi ?! »

Freedom sourit. Nezumi commença à descendre, mais, trop pressé, il dérapa et s’étala sur le sol, aux pieds du grand blond. Les résistants éclatèrent de rire alors que le garçon se relevait en riant aussi :

« Oups ! Je dois être plus fatigué que je pensais !

-Ça va ? Rigola Freedom.

-Ouais, ouais ! Tout le monde va bien ?

-Le bunker n’a pas eu une éraflure… Ceux qui n’y étaient pas, par contre… »

Nezumi grimaça. Puis il hocha la tête. Freedom reprit :

« On pensait plus te revoir, on nous a dit que tu avais été pris dans la rafle pour le Centre Pénitentiaire ?

-Euh, ouais, ouais… »

-Un silence stupéfait suivit.

« Tu en es… sorti… ?

-Ben, il doit finir de cramer, là. »

La stupéfaction des résistants monta d’un cran :

« Pardon ?!

-Ouais, j’avais une bombe dans la poche, j’ai pas résisté…

-C’est une blague ? Bredouilla Freedom.

-Euh, à moitié ! Reconnut Nezumi. C’est une très longue histoire très compliquée, disons pour faire vite qu’on s’est laissé prendre dans la rafle pour s’introduire dans le Centre et qu’on a vraiment eu super chaud aux miches et une veine de dingue… Mais j’avais vraiment une bombe dans la poche et ouais, il a bien cramé !

-Le “on”, c’est toi et l’albinos que tu avais recueilli ? »

Nezumi hocha la tête à nouveau, pas surpris que Freedom soit au courant de ça.

« Shion n’est pas vraiment un albinos, sinon oui, on n’y était tous les deux. Là, il est parti voir ce qui restait et le connaissant, il doit déjà est en train d’organiser la reconstruction de N°6 et Bloc Ouest.

-N°6 et Bloc Ouest ?

-N°6 et Bloc Ouest. Pour lui, tous humains, tous égaux, tous à sauver, et deux villes à reconstruire. »

Freedom haussa son sourcil, dubitatif.

« Il a de l’espoir, ton pote, de croire qu’il va réussir un truc pareil !

-C’est un fou, ouais ! » Intervint Zento.

Nezumi sourit en les laissant rire et répondit :

« Ouais, justement, assez fou pour réussir.

-Réunifier N°6 et Bloc Ouest, Nezumi, c’est impossible et tu le sais, reprit plus sérieusement Freedom en montrant les ruines autour d’eux. Qu’est-ce qui peut sortir de ça ?

-Ça, moi j’en sais rien. On est vivant, non ? C’est une bonne base pour commencer.

-Commencer quoi ?

-J’en sais rien, autre chose. Faut lui demander à lui…

-… Comment construire un truc impossible ?

-Ouais. Et peut-être simplement en essayant. »

Nezumi sourit et ajouta :

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.

-Mark Twain, soupira Freedom.

-Exact, opina Nezumi.

-Je croyais que N°6 était ton ennemi.

-N°6 n’existe plus.

-Tu crois vraiment que la chute du Mur va suffire pour que ces connards nous accueillent à bras ouverts ?! »

Nezumi ne peut répondre, car Tsuzuki, qui revenait, les interpella :

« Hé !… Vous devinerez jamais ce qui se passe !

-Moi, je sais, mais vas-y, explique-leur ! » Lui répondit Nezumi, amusé.

Tous le regardèrent rigoler doucement, puis Tsuzuki commença :

« Vous vous souvenez, ces histoires de morts bizarres, là, dont on avait eu vent ?

-Ouais ? Le relança Freedom.

-Alors, on sait ce que c’était, ça y est. Des espèces d’abeilles parasites qui pondaient dans leurs hôtes, et le petit tuait la personne en sortant. Alors la bonne nouvelle, c’est que l’espèce de tempête qui a fait péter le Mur les a embarquées, enfin avant ça, il y a eu un éveil en masse ce matin qui a tué les trois quarts de la ville… Et la tempête en question a fait des putains de dégâts chez eux, on se croirait presque chez nous !… Plus d’électricité, la centrale hydraulique HS, bref, c’est la vraie merde aussi. Mais c’est pas encore ça le plus dingue…

-Ah,… Lâcha Freedom. Il y a plus dingue que ça ?

-Ouais !… Il y a un albinos avec un bébé dans les bras qui a pris les choses en main et qui l’air bien décidé à reconstruire en réunifiant tout… »

Nezumi éclata de rire.

« … Ça m’a l’air d’un sacré fêlé, ajouta Tsuzuki.

-Ouais… Soupira Nezumi. Assez fêlé pour réussir. »

*********

« Et ben poussin ? T’es rudement rêveur, ce soir… »

La voix d’Adrian fit sursauter Yui. Il se tourna pour regarder son compagnon, encore humide et torse nu, une serviette autour du cou, et l’air un peu inquiet.

« Ça va ?

-Oui, oui… Et moi, Adrian…

-Oui ?

-Qu’est-ce que tu as pensé de Shion lorsque tu l’as rencontré ?

-Que mine de rien, il en imposait sacrément. Pourquoi tu me demandes ça, tout à coup ? »

Yui haussa les épaules.

« Et toi ? Demanda Adrian.

-Ouais, un peu pareil, que ce gosse avait ce qu’il fallait dans le bide pour réussir l’impossible… Nezumi avait raison, en fait.

-Raison ?

-Ouais. Shion ne savait pas que c’était impossible de réunifier la ville. C’est pour ça qu’il a réussi à le faire. »

*********

Nezumi soupira :

« … Enfin, voilà en gros, quoi. J’ai dû oublier des trucs, je te raconterai quand ça me reviendra… »

Ils étaient toujours sur leur lit, Shion blotti contre le flanc de Nezumi qui n’avait pas cessé de caresser sa tête. Il faisait nuit noire. Ni l’un ni l’autre n’avait vu le temps passer. Il y eut un silence, puis Shion souffla pensivement :

« Tu parles d’une histoire…

-Oui, j’avoue… Qu’est-ce que tu en dis ?

-Concernant ta première promesse, il n’y a pas de souci, si je puis dire. Il faudra que je t’explique en détail, mais les travaux de dépollution et de sauvetages des espèces sont une priorité mondiale, et les six villes se sont réparties boulots : N°1 gère une partie des animaux avec N°2, mais eux c’est plus pour faire joli sur les traités, N°3 et N°4 ont pris en main tout ce qui est végétal et nous, on a pour mission d’essayer de faire ce qu’on peut avec le milieu marin, avec N°5. Dans les faits, on assure tous aussi un peu sur les animaux pour pallier la mollesse de N°2. Donc, niveau écologie, ça tourne et tu me connais, je vais pas lâcher l’affaire. Pour ce qui est de ta deuxième promesse… Tu es sûr que ce type est vivant ?

-Je vois mal Elyurias se tromper… »

Shion se redressa en grimaçant :

« Ouais, ça, effectivement. »

Il réfléchit un moment, puis reprit :

« Le Centre Pénitentiaire avait pas mal d’évacuations souterraines de secours… S’il était bien à l’abri dans un autre labo, il a pu s’enfuir par là avant que ça s’écroule…

-Ça se tient, opina Nezumi en se redressant à son tour.

-Ça va être dur de faire des recherches là-dessus sans éveiller l’attention… Il a pu bénéficier de l’aide de certains membres de l’ancienne élite au moment de la réunification… Ça a été le bazar un moment…

-Oui, c’est dommage qu’on ait pas pu régler la question tout de suite… »

Nezumi vint s’asseoir entre les jambes de Shion et se laissa couler dans ses bras. Shion le serra tendrement contre sa poitrine et posa son menton sur son épaule :

« Je vais chercher de mon côté…

-Ouais, je vais faire ce que je peux du mien…

-Tu crois qu’ils pourraient essayer de recommencer ? »

Nezumi grimaça :

« Ça, ouais, c’est bien ce que je crains… Dans mes souvenirs, il était quand même bien malade, ce type. Ça me fait bien suer, si j’avais su tout ça y a quatre ans, j’aurais pu tout régler directement.

-Tu ne pouvais pas deviner, mon cœur. »

Shion embrassa son cou.

« Bon, reprit-il. Affaire à suivre, c’est noté.

-Ouais, on va pas régler ça ce soir… Soupira encore Nezumi.

-Je voulais te parler d’autre chose… Reprit Shion d’un ton un peu gêné.

-Oui, mon ange. Qu’est-ce qu’il y a ? Le relança gentiment Nezumi.

-En fait, euh… Je sais pas trop comment expliquer ça… Euh…

-Prends tout ton temps ? »

Shion hocha la tête et réfléchit un instant. Puis, il reprit :

« Bon, en fait c’est peut-être encore plus simple de tout reprendre depuis le début.

-Le Big-Bang ? »

Shion éclata de rire.

« T’es trop con ! hoqueta-t-il.

-J’aime pas quand tu as un ton si grave, répondit Nezumi en se blottissant un peu plus contre lui.

-Tu es gentil… Soupira Shion en le câlinant. Et tu as raison, ce n’est pas si grave.

-Alors dis-moi. Qu’est-ce qu’il y a ? »

Shion commença posément :

« Un peu après ton départ, il y a trois ans, j’ai passé un bilan médical complet. Ma mère s’inquiétait de ma métamorphose, et puis j’avais envie de savoir aussi ce qui m’était arrivé… Alors, ils n’ont vraiment tout prélevé et analysé… Le problème, c’est qu’avec la destruction de Mother, toutes les données médicales de N°6 aussi ont disparu. Donc, ils ont bien trouvé deux ou trois trucs pas dans les normes, mais plus moyen de savoir si j’étais comme ça ou si je le suis devenu.

– Hm, hm ?

-Il y a une chose par contre qu’ils ont pointée et qui n’a pas pu être réglée… J’ai un dérèglement hormonal au niveau sexuel. »

Nezumi fronça un sourcil et tourna la tête pour le regarder.

« C’est un peu compliqué et je ne vais pas t’embêter avec des histoires d’hormones et de taux. Pour faire simple, ce qui me manque, c’est la pulsion. »

Il caressa la tête de Nezumi qui le regardait toujours, dubitatif.

« Je ne suis ni impuissant, ni frigide, tu le sais. Et j’aime faire l’amour avec toi, vraiment. En fait le truc, c’est juste que je ne vais pas avoir naturellement le déclic pour me jeter sur toi…

-Si j’ai suivi, si je veux faire l’amour, il faut que je te signale ?

-Euh,… Ouais.

-Et ça ne se soigne pas ?

-J’ai rappelé le médecin qui me suivait tout à l’heure. Selon lui, la seule chose à faire… C’est de pratiquer. »

Nezumi sourit, coquin. Shion continua :

« … Parce que la seule chose à espérer, c’est en quelque sorte, l’appétit me vienne en mangeant… »

Le sourire de Nezumi s’élargit, franchement gourmand :

« Ah ben si le docteur le dit… »

Shion se retrouva à deux secondes plus tard allongé sous un Nezumi qui l’embrassait avec force, bloquant ses mains au-dessus de sa tête et frottant sa cuisse entre les siennes. Puis il se mit à embrasser sa gorge et Shion rigola, essoufflé :

« Arrête, t’es dingue…

-Ah non, ah non, faut faire comme le docteur il a dit hein ! »

Shion éclata de rire.

« S’ion ?… Zumi ?… »

Nezumi lâcha Shion et s’écarta vivement de lui. À la porte de la chambre, Haru les regardait, ensommeillé.

« Qu’est-ce que vous faites ?

-Oh, rien, je le soigne… »

Shion, qui se calmait à peine, repartit dans un fou rire. Nezumi se leva innocemment pour venir s’accroupir devant le petit garçon :

« Qu’est-ce que tu voulais, mon poussin

-J’ai faim !

-Mmh, moi aussi… »

Il se releva et jeta un œil vers le lit :

« Bon ben, on continuera le traitement plus tard… »

Shion pouffa et se leva pour les rejoindre. Ils descendirent pour dîner. Il était un peu tard.

Shion cuisinait et Nezumi et Haru mettaient la table lorsque le téléphone sonna. Nezumi alla décrocher :

« Oui, allô ?

-Oh ! Aki, c’est vous ? »

Nezumi fronça un sourcil. Il connaissait cette voix d’homme très sympathique, mais d’où ?

« …Oui ? Tenta-t-il prudemment.

– Satoru Tomodachi ! Vous vous souvenez ? Nous nous étions vus à l’hôpital ! Lui rappela son interlocuteur.

-Ah oui, ça y est, je vous remets. Vous allez bien ? Demanda Nezumi, aimable.

-Tout à fait ! Vous avez l’air mieux aussi ?

-Ça va, oui. Vous vouliez parler à Shion ?

-Oh, vous ou lui, c’est égal…

-Ah ?

-… Ma femme et moi organisons une petite soirée, samedi soir, et nous serions ravis que vous soyez des nôtres, si vous êtes disponibles, bien sûr ?

-Euh… Ben j’en sais rien… Je vous demande un instant, je vais voir avec Shion… »

Satoru entendit Nezumi gagner la cuisine :

« Shion ?

-Oui, mon cœur ?

-C’est Satoru Tomodachi, il nous invite samedi soir, on est dispo ?

-Euh… J’ai une réunion l’après-midi, mais sinon, le soir, normalement, oui. Pas de problème.

-D’accord. »

Nezumi reprit le combiné :

« Ça a l’air bon, Satoru…

-Parfait !… Venez quand vous voudrez à partir de 19h et surtout n’emmenez rien, vous nous vexeriez !

-D’accord ! Rigola Nezumi.

-Je ne vous dérange pas plus, navré d’avoir appelé si tard.

-Pas de souci. À samedi, donc.

-Je vous souhaite une bonne semaine. Au revoir.

-Vous aussi ! »

Satoru Tomodachi raccrocha, content, et rejoignit son épouse sur leur canapé. Misato lui dit, amusée :

« C’était le garçon que tu avais rencontré à l’hôpital ?

-Oui, et j’avais vu juste. C’est bien le compagnon de Shion ! Enfin, à part si tu peux m’expliquer autrement qu’il décroche comme s’il était chez lui à presque 21h et que Shion l’appelle “mon cœur”, bien sûr. »

Ils rirent tous les deux. Misato se blottit contre lui et soupira :

« Arisu va être bien déçue…

-Que veux-tu, ma chérie… Nous l’avons assez prévenue, et Shion aussi. »

*********

« Sérieux ? Ils te veulent comme serveur au Paddy’s ? »

Nezumi posa la vaisselle sale dans l’évier :

« Je dois y repasser voir ça demain. Tu serais d’accord ?

-Bien sûr ! Ce serait super !… Enfin, ça te plairait ?

-Oui, ça peut. L’endroit me va bien et puis serveur, je sais faire. »

Shion mit le thé à infuser. Nezumi continua en croisant les bras, s’appuyant dos à l’évier :

« J’aime vraiment bien le Paddy’s… Ils ont l’air sympa, en plus. Ça devrait le faire, et puis un mi-temps, c’est bien pour atterrir. En plus, bosser entre 11h et 14h, ça ne posera pas de problème avec Haru… Ça, c’est bien aussi, surtout qu’avec l’arrivée de ta sœur, ta mère va avoir autre chose à faire qu’à le garder. »

Shion hocha la tête :

« Tu penses à tout, joli rat.

-C’est ça le talent, ma petite fleur. Faudra juste s’organiser pour les samedis où je bosserai, si ça se confirme.

-Ouais, on verra. »

Shion vint poser ses mains sur les hanches de Nezumi et lui fit un petit bisou :

« Commence par te faire embaucher.

-Yep. »

Nezumi croisa ses mains dans le dos de Shion :

« Mon ange ? Roucoula-t-il en lui faisant les yeux doux.

-Oui ? Répondit Shion, intrigué.

-J’envisage très sérieusement la possibilité, avec ton accord bien sûr, d’avoir des rapports sexuels fougueux avec toi dans un avenir assez proche ? »

Shion rit doucement et l’embrassa encore :

« Hmm, ça me paraît correspondre à mon planning de la soirée.

-Parfait !

-Que dirais-tu de nous y mettre après un petit thé devant la télé ?

-Ça me paraît plus qu’envisageable. »

Ils s’embrassèrent encore et Nezumi reprit :

« Ça te convient, que je signale mon désir comme ça ?

-C’est un peu alambiqué, mais ça me va mieux que : “Shion, j’ai super envie de te refaire le cul.”

-C’est ce que je me suis dit… »

Après un épisode de série policière assez prenant, les deux jeunes gens montèrent à l’étage. Ils se glissèrent dans la salle de bains et commencèrent les hostilités sous l’eau chaude, Nezumi prétendant éhontément qu’il avait mal à l’épaule et ne pouvait pas se laver le dos… Shion se fit un devoir d’y remédier :

« Tu veux que je te lave en profondeur ?

-Oh oui très profond… »

Shion le plaqua dos au mur et frotta son sexe contre le sien. Nezumi gémit :

« T’es plutôt entreprenant quand tu démarres…

-Avec toi comme starter, qui ne le serait pas ? » Répondit Shion avant de l’embrasser et de le soulever.

Nezumi, un peu surpris, passa ses jambes autour de sa taille et s’empala sur lui sans attendre. Shion agrippa fermement ses fesses pour le soutenir et se mit en mouvement en lui. Nezumi passa ses bras autour de ses épaules en se mettant à gémir. Shion, pour tout novice qu’il était encore, savait définitivement y faire…

Shion reprenait son souffle, à genoux sur le carrelage, comme Nezumi le sien, assis face à lui contre le mur.

« Fatigué, mon ange ?

-Tu fais ton poids, mon chéri. »

Nezumi rigola :

« Et je le vaux ?

-Oui, répondit Shion en riant aussi, ne t’en fais pas pour ça ! »

Nezumi se fit un plaisir de combler Shion à son tour dès qu’ils furent dans leur lit. Shion se donna totalement, comme à chaque fois.

Puis ils restèrent, Nezumi couché sur le dos et Shion blotti contre son flanc, comme en fin d’après-midi.

« J’adorerais que le temps s’arrête… Murmura Nezumi.

-Moi pas, on se ferait vite chier dans ce lit…

-Ton pragmatisme est assez flippant des fois.

-J’aime mes nuits dans tes bras d’autant plus que je n’y suis pas le jour… »

Nezumi sourit.

« Ensemble jusqu’en enfer…

-Quoi qu’il arrive. »

Il y eut un silence.

« Plus d’adieux… Soupira encore Nezumi.

-Plus jamais… Toute une vie avec toi pour mourir dans tes bras, comme tu disais dans ta lettre, et pas avant nos 116 ans. »

Nezumi lui jeta un œil dubitatif :

« 116 ans ?

-Ben oui, répondit Shion. C’est bien toi qui me l’as dit, non, que 16 ans c’était cent ans trop tôt pour mourir ? »

Nezumi fronça un sourcil sceptique puis rigola en se souvenant de ça…

« Hé, mais c’est pourtant vrai… Tu t’en rappelles ?… »

… De cette phrase un peu absurde qui lui avait crié, lorsque Shion hurlait de douleur dans sa lutte contre la veille parasite…

Tu as 16 ans ! C’est cent ans trop tôt pour mourir !…

Shion reprit doucement :

« Qu’est-ce que tu en dis ?

-Hmm… Mourir à 116 ans… Ça fait une bonne vie… 104 ans à te connaître, 97 à vivre près de toi… Ouais, OK, ça me va. Et donc, on meurt ensemble.

-Moi aussi, c’est avec toi que je veux vivre et dans tes bras que je veux mourir.

-D’accord. Dans un joli champ de fleurs.

-Vendu. À 116 ans dans un champ de fleurs.

-C’est noté. »

*********

Epona Bell regardait son nouveau serveur avec intérêt. Décidément, ce jeune homme était énergique et impressionnant. Pour un premier samedi, il gérait plutôt bien.

Il était revenu le mardi matin et il avait été convenu qu’il attaque directement et soit d’essai toute la semaine. Il était débrouillard, travailleur, et aussi aimable que cynique selon les clients. La plupart l’adoraient déjà, et même ses souris avaient été très vite adoptées.

Il s’entendait très bien avec Manon, la serveuse, Keisuke, le cuistot, Jeff, son époux et elle-même.

Il n’était pas prévu qu’il travaille ce samedi, mais s’était proposé spontanément lorsqu’il avait appris, le jeudi, que Manon avait un souci (sa mère était malade et devait passer des examens). Du coup, il faisait 10h-18h et là, il assurait plutôt au milieu de la foule de clients du midi. En ce beau jour de printemps, beaucoup de gens se promenaient en ville et étaient venus manger ici. À tel point que Nezumi peinait à garder libre la table que Shion avait réservée, désireux de manger là avant sa réunion.

Heureusement, Shion arriva avant que les râleries de certains ne l’énervent trop. Nezumi venait de poser un lourd plateau de vaisselle sale sur le comptoir lorsque la voix d’Haru l’interpella de l’entrée :

« Zumi Zumi on est là ! »

Jeff lui fit un petit signe de tête et Nezumi sourit et s’accroupit, bras tendus, pour recevoir le petit garçon qui arrivait en courant et en riant vers lui.

« Coucou, mon poussin. »

Shion le rejoignit plus lentement, souriant, paisible :

« Et bé, il y a du monde… »

Nezumi se redressa, tout sourire :

« Ouais, on chôme pas ! »

Ni l’un ni l’autre ne fit mine de remarquer la brusque baisse des conversations autour d’eux.

« Je t’ai gardé ta table… Vous vous installez ? Dit Nezumi en lui rendant Haru. J’ai trois repas à servir et je suis tout à vous. »

Shion opina. Ils s’assirent tranquillement, Hamlet, Macbeth et Iago se mirent à trotter sur la table. Nezumi servit comme convenu les autres clients en faisant semblant de ne pas voir les regards sceptiques ou curieux qui le suivaient. Puis il rejoignit Shion et Haru et prit leurs commandes. Encre, qui squattait son épaule avec Cravate, en profita pour descendre sur la table.

« J’ai un truc pour toi, si t’as cinq minutes avant qu’on parte. » Dit Shion.

Nezumi hocha la tête. Trois quarts d’heure plus tard, les choses s’étaient calmées et le serveur entendit donc son patron lui dire :

« Allez, prends-toi une pause, t’as bien bossé !

-Merci ! »

Nezumi vient donc s’asseoir sur la banquette, à côté de Shion, qui referma le livre qu’il disait. Haru dessinait sagement.

« Coucou, ma petite fleur.

-Coucou, mon joli rat. »

Ils se firent un petit bisou discret.

« Tu assures comme un chef, tu sais.

-Merci… Qu’est-ce que tu voulais me montrer ?

-Ah oui… »

Shion sortit une toute petite boîte de son sac et lui tendit :

« Cadeau ! »

Nezumi fronça un sourcil, prit la boîte, l’ouvrit et en sortit un téléphone portable à écran tactile flambant neuf.

« Allons bon… Soupira le serveur en se grattant la tête.

-Il te plaît ? Ronronna Shion, tout sourire.

-Euh… Design sympa ? Tenta Nezumi en cherchant comment allumer la chose.

-Je t’ai mis le mode d’emploi avec.

-Ça sera pas du luxe…

-Oh, allez, c’est pas plus compliqué que des souris mécaniques…

-Ouais enfin ça fait trois ans j’ai laissé tomber tout ça… Ah, ça s’allume…

-Tu vois !

-En quel honneur tu m’offres ça ?

-Je me suis dit que si tu bossais vraiment, ça serait pas plus mal qu’on puisse se joindre directement si besoin…

-Hm, hm…

-Je t’ai enregistré mon numéro, celui de ma mère, de Jacques, de la crèche et de Yui. Je n’ai pas celui d’ici.

-D’accord. Tiens, il y a un stylet ?

-Oui, ça fait tablette aussi…

-Plutôt petit pour dessiner.

-Oui, plus pour prendre des notes, je suppose… »

Un groupe de clients entra et Nezumi soupira :

« Bon, j’y retourne…

-Bon courage, mon cœur, lui dit tendrement Shion.

-À toi aussi, mon ange, répondit Nezumi en se levant. Je devrais être à la maison vers 6h et 1/2.

-D’accord. Tu pourras prendre le temps de te changer avant la soirée.

-Ça sera bien. »

Nezumi se pencha pour faire un petit bisou à Shion :

« À ce soir, ma petite fleur.

-À ce soir, mon joli rat. »

Shion partit un peu plus tard et échangea un signe demain avec Nezumi en sortant, Haru dans les bras.

L’après-midi se passa tranquillement pour eux. Haru fit une bonne sieste sur le canapé du bureau présidentiel pendant que Shion finissait de préparer sa réunion, qui se passa bien.

Ils rentrèrent en fin d’après-midi, Shion fit prendre son bain à Haru, puis se prépara lui-même. Il s’aperçut en redescendant au rez-de-chaussée qu’il avait reçu un message de Nezumi :

« Je vais être très en retard, mon ange, souci au boulot, rien de grave. Bref, allez-y sans moi et envoie-moi l’adresse, je vous rejoins là-bas dès que je peux. Je t’embrasse, à tout à l’heure. »

Shion sourit et répondit immédiatement :

« Les Tomodachi habitent 29 rue de l’avenir, à Chronos. Prends un taxi si tu veux, ne te gêne pas, je te l’offre. Je t’aime, mon joli rat. À tout à l’heure. »

*********

Nezumi regardait les villas luxueuses de Chronos avec un petit sourire en coin. Revenir ici, invité par une grande famille, lui, le gamin de Bloc Ouest, ancien VC qui s’y était réfugié un soir de tempête avec quasi toute la police de la ville aux fesses… Quelle ironie… Et quelle douce revanche.

Le taxi le laissa devant un grand portail. Il le paya et le remercia.

Il faisait nuit noire, il était près de 21h, mais il avait préféré repasser chez eux se doucher et se changer. Il avait nettoyé ses bottes, mit un jean noir propre, un pull gris léger à col en V sous une veste noire bien taillée, son étole bordeaux autour du cou, et Encre dedans.

Il regarda la longue allée, la grande villa tout au bout. La nuit était claire et calme, on entendait à peine le bruit de la fête. Les étoiles scintillaient doucement, si merveilleusement visibles dans cette ville débarrassée des voitures à essence depuis trois ans… Il sonna à l’interphone.

« Oui ? Répondit une voix féminine polie

-Bonsoir. Je suis Aki Kazemori.

-Un instant, je vous prie… Ah oui, M. Kazemori, soyez le bienvenu. Veuillez entrer, Monsieur et Madame vous attendent. »

Le portail s’ouvrit. Nezumi remonta l’allée tranquillement, le majordome l’attendait à l’entrée et le salua aimablement :

« Soyez le bienvenu, répéta-t-il. Je vais vous conduire au salon, souhaitez-vous que je vous débarrasse de votre veste ?

-Volontiers. »

Le majordome est un sourire fugace en le voyant prendre Encre dans sa main le temps d’enlever sa veste et son étole, puis les prit et le guida, à travers le grand hall, un escalier, quelques couloirs… Jusqu’à un immense salon plein de gens divers.

Le majordome le conduisit jusqu’aux maîtres de maison. Satoru l’accueillit très chaleureusement :

« Aki ! Soyez le bienvenu ! Quel plaisir de vous voir ! »

Nezumi sourit en lui serrant la main :

« Bonsoir, Satoru. Désolé pour le retard.

-Pas de problème, Shion nous a prévenus. Je vous présente mon épouse, Misato. »

Nezumi lui sourit, gentil :

« Enchanté, Mme.

-Moi aussi ! Répondit-elle. J’avoue que j’étais très curieuse vous rencontrer. »

Il hocha la tête sans perdre son sourire et Encre couina sur son épaule.

« Oh tiens ? Dit Misato, la remarquant. Vous aussi ? »

Le sourire de Nezumi s’élargit. Elle ajouta :

« Soyez vigilant, nous avons un chat. Il est totalement inoffensif à mon avis, mais on ne sait jamais…

– Shion m’a dit, mais cette petite peste a absolument voulu venir quand même. »

Encre le regarda et râla.

« Si, petite peste, je maintiens. »

Haru arriva en trottant, suivi de Yui et Adrian.

« Zumi Zumi tu es là !

-Coucou, mon poussin. »

Il caressa sa tête et serra la main du grand borgne et du soldat.

« Ça va, Aki ? Demanda ce dernier.

-Oui, oui, et vous deux, quoi de neuf ?

-Rien de spécial… »

Leurs hôtes s’excusèrent et les laissèrent, appelés par d’autres invités. Nezumi échangea quelques banalités en cherchant Shion du regard. Il finit par le voir, un peu plus loin, qui lui tournait le dos. Il n’a pas dû me voir, pensa-t-il avant de froncer les sourcils en avisant la jeune fille qui parlait avec lui, beaucoup trop proche et souriante à son goût. Suivant son regard, Yui et Adrian échangèrent un sourire amusé.

« C’est qui, cette gonzesse ? Grogna Nezumi.

-Arisu, la fille de nos hôtes, répondit Adrian.

-Et accessoirement, la femme de la vie de Shion, ajouta Yui.

-Pardon ?! Sursauta Nezumi.

-Oui, enfin, ça, c’est sa version à elle. » Ajouta le borgne avec un petit sourire.

Nezumi lança un regard quelque peu sombre vers la jeune fille qui ne l’avait pas remarqué et marmonna :

« OK, on va lui expliquer tout de suite. »

Il partit tranquillement, l’air de rien. Yui retint Haru qui allait le suivre :

« Laisse le faire, Haru. Je crois qu’on va se marrer. »

Arisu était ravie d’avoir pour elle seule un Shion d’aussi bonne humeur. Elle se demanda qui était le jeune homme qui approchait, l’air tout à fait tranquille. Elle sursauta cependant en voyant la suite.

Nezumi passa ses bras autour de la taille de Shion et se serra dans son dos pour lui glisser à l’oreille avec douceur et juste assez fort pour qu’Arisu l’entende bien :

« Bonsoir, mon amour. »

Shion sourit et tourna la tête :

« Bonsoir, toi. Et ben, tu te seras fait désirer. »

Nezumi sourit et en remit une couche :

« Oh oui, j’aime quand tu me désires… »

Shion rigola. Nezumi sourit aimablement à Arisu qui le fixait avec des yeux ronds, stupéfaite.

-Bonsoir, Mlle. Désolé d’avoir interrompu votre conversation…

-On parlait réformes agricoles… Arisu veut devenir ingénieur agronome. Arisu, je vous présente mon compagnon, Aki.

-Enchanté, Mlle, répondit Nezumi, l’air parfaitement gentil et aimable.

-Euh… Euh… De même… » Parvint péniblement à articuler Arisu.

Shion se tourna pour faire face à son amant :

« Rien de grave, à son travail, j’espère ?

-Non, rien de grave, mais du lourd par contre, j’en ai plein le dos… Et je meurs de faim.

-Je vais te montrer le buffet… Je vous dis à plus tard, Arisu ? »

Shion sourit aimablement à la jeune fille et s’éloigna paisiblement, sa main et celle de Nezumi entremêlées. Haru les rejoignit avec Yui et Adrian.

Ils allèrent tous au buffet se servir, puis s’installèrent tranquillement sur un long canapé d’angle, au calme. Yui était à moitié hilare de la petite mise en scène de Nezumi. Ce dernier passa un bras autour des épaules de Shion qui se cala tout contre lui.

« La tête qu’elle a faite était impayable ! Rigola Yui.

-Clair que ça valait son pesant de cacahuètes, approuva Adrian.

-Elle aura compris, cette fois… Soupira Shion.

-Ah ben là, on peut rien de plus pour elle… » Rit encore Yui.

Shion sourit en sentant la main de Nezumi dans ses cheveux.

« Ça fait longtemps qu’elle te court après, cette nana ? Demanda le serveur.

-Quelques mois qu’elle a osé se déclarer, sûrement beaucoup plus qu’elle se morfond toute seule dans son coin… Répondit Shion.

-Shion a dû l’éconduire une bonne dizaine de fois, ajouta Adrian.

-14, corrigea Shion. Il était temps que tu reviennes… Ajouta-t-il avec un sourire pour Nezumi.

-Toujours prêt à te protéger des hordes de femelles qui en ont après ta vertu, mon ange, tu sais bien ! Répondit joyeusement ce dernier.

-Comme la jolie prostituée de Bloc Ouest ?

-Exactement ! »

Ils éclatèrent de rire tous les deux à ce souvenir.

« Bon et sinon, qu’est-ce qui s’est passé à ton boulot, alors ?

-Il s’est passé qu’on a attendu tout l’aprèm une grosse livraison qui est finalement arrivée à 17h57 et que vu la masse de trucs, j’ai proposé à Jeff de lui filer un coup de main pour décharger et ranger. Et croyez-moi ou pas, mais toute une semaine de provisions, ça fait pas mal de steaks congelés et de patates, au Paddy’s… Et les packs de boissons, c’est pas mal non plus. ‘Tain, j’ai encore plus mal au dos qu’après avoir rangé les fûts de bière mercredi…

-Eh, Shion, je crois que ton homme veut un massage, rigola Adrian.

-J’ai racheté ce qu’il faut pour, sourit Shion. D’ailleurs, on reprend quand les entraînements ? Je m’encroûte, là, c’est pas top.

-Lundi soir, si tu veux… Répondit Adrian.

-C’est vrai que ça fait un bon mois qu’on n’a rien fait… Ajouta pensivement Yui.

-Entraînement de ? S’enquit Nezumi.

-Self-défense. » Répondit Shion.

Nezumi sursauta et regarda tour à tour Shion, Yui et Adrian, stupéfait :

« Vous avez réussi à le mettre au combat, lui ?

-C’était ça ou il avait deux gardes du corps au cul en permanence, répondit Adrian.

-Et comme il préférait le garder pour toi… Ajouta Yui.

-Eh, pas devant Haru ! » Râla Shion.

Mais occupé à jouer avec Encre, assis près d’eux, le petit garçon n’avait pas entendu. Adrian reprit plus sérieusement :

« Cela dit, il est plutôt doué… Il a une bonne gauche…

-Oh, ça, je sais, merci… » Rigola Nezumi.

La soirée se poursuivit paisiblement.

Ils finirent par sortir fumer sur le balcon. Satoru et Misato se joignirent à eux avec un tout petit homme aux cheveux et à la barbe blanche, très joyeux, presque survolté, qui vint tendre une enveloppe à Shion :

« Monsieur le Président, je tenais à vous la remettre en mains propres… »

Nezumi, qui était parti leur chercher à boire, revint avec deux verres et les tint le temps que Shion ouvre l’enveloppe et en tire une belle invitation :

« Ah, que voilà une bonne nouvelle… »

Shion regarda Nezumi et la lui montra :

« Ça, ça va t’intéresser, je pense. »

Nezumi échangea un verre contre le papier cartonné, alors que Shion lui expliquait :

« On a construit un vrai grand théâtre qui va bientôt être inauguré… M. Shibai en est le directeur. »

Nezumi sourit en voyant le titre de la pièce en préparation.

« Hamlet… C’est pas vrai… »

Ni lui ni Shion n’avait remarqué que Shibai regardait Nezumi, ayant froncé les sourcils. Puis son visage s’illumina :

« Ça alors… Yves ? »

Nezumi se figea et le regarda, stupéfait, avant d’avoir un petit rire :

« Houlà… Ça faisait un moment qu’on ne m’avait pas appelé comme ça… »

Shion sourit alors que Shibai reprenait, ému :

« Ça alors, répéta-t-il. J’ignorais que vous aviez survécu…

-J’ai été absent quelques années…

-Vous avez repris contact avec les autres survivants de L’Arc-en-Ciel ?

-Je suis revenu il y a un mois, je me pose à peine donc, non. Vous m’apprenez qu’il y en a.

-L’Arc en Ciel a été détruit et le Vieux y est resté, lui dit Yui. On a tiré la petite Muzai des décombres… Elle est au conservatoire maintenant, je crois. »

La fraîcheur de la nuit les fit vite rentrer se rasseoir au salon. La soirée avançant, certains invités commencèrent à se retirer. Shibai rejoignit Shion, Nezumi, Yui et Adrian reposés dans leur coin. Haru avait dormi un moment et squattait désormais les genoux de Yui. Ce dernier le laissait faire, résigné.

Shibai les rejoignit donc, avec Satoru et Misato alors qu’Adrian demandait à Nezumi :

«… Et tu as bossé longtemps dans ce cabaret ?

-Dans les deux ans… Un peu moins…

-Qu’un tel lieu de culture ait pu exister dans Bloc Ouest, soupira Shibai, quel miracle !

-Ça, ça tenait au Vieux, rigola Yui.

-Ouais… Quel fêlé quand j’y repense ! » Rigola aussi Nezumi.

Misato mit un disque sur une chaîne proche et un air de piano délicat vint errer dans la pièce.

« Oh, ne l’insultez pas ! Protesta Shibai. Un si grand homme !…

-Rien d’incompatible, répondit Nezumi. Son amour de la littérature et du théâtre était unique en son genre… Et sa façon de sortir sa batte pour virer les poivrots qui gâchaient le spectacle aussi. Lui et le manager nous menaient une vie impossible… Et le pire, c’est qu’on en redemandait… On était sacrément maso quand j’y repense.

-Ça, je te crois, sourit Yui. Mais franchement, c’est rien de dire que vos pièces étaient extraordinaires ! Et quel bonheur de pouvoir voir Hamlet à Bloc Ouest !… Sans compter que tu campais une Ophélie absolument magistrale !

-C’est vrai que tu étais venu voir la pièce, se souvint Nezumi.

-Oui. Je crois que Zento m’en veut encore, d’ailleurs. »

Ils rigolèrent tous les deux alors qu’Adrian demandait :

« T’en vouloir ? Pourquoi ?

-Parce que pour moi à ce moment-là, mettre le nez hors du bunker, c’était plus que dangereux… Les agents de N°6 avaient ordre de m’abattre à vue.

-J’aurais adoré te voir jouer, quand même… Soupira Shion en se blottissant contre Nezumi. Tu étais magnifique !

-J’ai du mal à vous imaginer en Ophélie, remarqua Satoru, impressionné.

-Enlevez-moi pas mal de centimètres et de muscles, mettez-moi une robe et du maquillage et ça passait très bien !

-Si je ne t’avais pas connu avant, je n’y aurais vu que du feu, confirma Yui. Tu étais vraiment impressionnant… »

Nezumi regarda le plafond, un peu gêné. Il n’avait plus trop l’habitude qu’on le complimente de toute façon, il avait toujours l’horreur de ça. Un air de valse se débuta et il y en échappatoire salutaire. Il sourit :

« Où t’en vas-tu pensée où t’en vas-tu rebelle

Le Sphinx reste à genoux dans les sables brûlants

La victoire immobile en est-elle moins belle

Dans la pierre qui l’encorbelle

Faute de s’envoler de l’antique chaland »

Il se leva en continuant :

« Quelle valse inconnue entraînante et magique

M’emporte malgré moi comme une folle idée

Je sens fuir sous mes pieds cette époque tragique »

Il s’inclina devant Shion en lui tendant la main :

« Shion quelle est cette musique

Ce n’est plus moi qui parle et mes pas sont guidés »

Tous le regardaient avec scepticisme, sauf Shion qui lui souriait tendrement et posa sa main sur la sienne :

« Juste un ‘tu veux danser’, tu ne peux pas, hein ? »

Il se leva et Nezumi et posa son autre main dans son dos :

« Tu te souviens comment faire ?

-On va voir… » Répondit Shion en passant son autre main autour de ses épaules.

Ils firent quelques pas en silence puis Nezumi reprit :

« Cette valse est un vin qui ressemble au Saumur

Cette valse est le vin que j’ai bu dans tes bras

Tes cheveux en sont l’or et mes vers s’en émurent

Valsons-la comme on saute un mur

Ton nom s’y murmure Shion valse et valsera »

L’assemblée les regardait avec curiosité ou surprise. Shion n’avait pas perdu son sourire.

« Zut j’ai oublié la suite… Murmura Nezumi après un silence. Ah si je me souviens de la fin… »

Il reprit doucement :

« Nous avons traversé le cyclone et le sort

L’enfer est sur la terre et le ciel y cherra

Mais voici qu’à l’horreur il succède une aurore

Et que cède à l’amour la mort

Shion valse encore Shion valse et valsera

Et la vie a tourné sur ses talons de paille
Avez-vous vu ses yeux Ce sont des yeux d’enfant
La terre accouchera d’un soleil sans batailles
Il faut que la guerre s’en aille
Mais seulement que l’homme en sorte triomphant

Mon amour n’a qu’un nom c’est la jeune espérance
J’en retrouve toujours la neuve symphonie
Et vous qui l’entendez du fond de la souffrance
Levez les yeux beaux fils de France
»

Il lâcha Shion et s’inclina, une main sur le cœur :

« Mon amour n’a qu’un nom Mon cantique est fini »

Il se redressa et Shion se pendit doucement à son cou. Ils s’étreignirent et échangèrent un long baiser.

« Merci, mon joli rat.

-De rien, ma petite fleur. »

La soirée s’acheva peu après. Shion avait mal au crâne, il salua leurs hôtes et les pria de saluer leur fille qu’il n’avait pas revue, puis ils partirent. Shion laissa le volant à Nezumi. Ce dernier ne connaissait pas trop la route, mais le GPS, lui, le guida sans mal. Ils rentrèrent, coucher Haru s’était endormi dans la voiture, et se mirent eux-mêmes au lit sans tarder. Nezumi eut droit à massage et il s’en dormir comme à leur habitude, dans les bras l’un de l’autre.

Lorsque Nezumi, au matin, rouvrit les yeux, Shion n’était plus dans ses bras, mais un peu plus loin de son côté, lui tournant le dos. Devinant qui s’était glissé là, le jeune homme vint voir et sourit. Haru dormait paisiblement dans les bras de Shion. Nezumi se rallongea en se blottissant contre le dos de Shion et passa son bras autour de lui pour poser sa main sur la sienne, dans le dos du petit garçon.

Il sentit la main de Shion bouger pour venir se poser sur la sienne et ses doigts se glissèrent entre les siens. Nezumi sourit encore.

Une famille.

Ils se rendormirent paisiblement, sans du tout se douter qu’ailleurs dans la ville, certains travaillaient ardemment à leur perte.

À suivre dans le chapitre 7 : Le Deuxième Homme du pays

Alors qui qu’a trouvé les chansons et le poèmes ? MP ou mail pour gagner mon roman à la fin de la fic ^^ !

 

(21 commentaires)

  1. Merci pour ce chapitre (personnellement je suis incapable de te dire pour les chansons, à part qu’elles sont appropriées pour l’histoire).

    Trop mignon, surtout la valse avec le « juste un tu veux danser », trop hilarant ce moment !

      1. @Pouika : pas de sushi chuis encore par là. Plus pour longtemps, je te le concède cependant. Donc, non, le vrai nom de Nezumi, on ne le connait pas. J’ai pondu celui-ci avec l’aide de ma prof de japonais de l’époque, parce que je voulais vraiment ce sens-là. 🙂
        Contente que ça te plaise toujours !

          1. @Pouika : Il m’arrive d’aller dormir. ^^ pas assez cela dit, si j’en crois mes potes et/ou mes collègues…

          2. Ouf, tu m’as fait peur, je croyais que tu arrêtais le site (j’avais pas fait attention à l’heure)

  2. @Maru : Pas de souci, j’aime les commentaires ^^ ! La chanson colle bien à eux deux en fait… ^^ J’aime bien cette fin qui fait pendant à la scène où justement Nezumi se levait et se sentait de trop :). Et développer le back et le passé de Nezumi et de Freddom.

  3. j’ai un doute … en cours de rédaction ? c’est mieux non ? lol moi et mes questions existentielles ! désolé de pourrir un peu la liste des com’s … promis je ferai attention : )

  4. *on s’en que ça s’étoffe * aïe mes yeux @_@ ! ! ! j’ai honte… mais c’est ça quand on change de phrases en court de rédaction… ^^
    – on sent que ça s’étoffe –

  5. Ah la laa c’est toujours aussi bien ^^ ! l’idée d’utiliser les chansons est sympa aussi (bon même si je n’ai reconnue que la deuxième qui d’ailleurs colle carrément à leur histoire !) c’était un chapitre bien sympathique, on s’en que ça s’étoffe en en apprenant plus sur les liens avec les autres persos et puis  » l’avant-fin » toute mignonne avec eux trois en train de dormir 🙂 par contre ça promet pour le prochain c’est ça ? ^^
    merci, j’attends la suite avec(im)patience !
    je vois que je suis bavarde à chaque fois… j’espère que ça dérange pas ^^

  6. Encore et toujours un superbe chapitre, je ne m’en lasse pas. Ahlala, si la vraie suite de No6 existait, il serait difficile de surpasser celle que tu écris ~

  7. Mon lieutenant, je suis fière de vous ! Je n’avais pas encore trouvé le temps de vous le dire par écrit mais j’ai vraiment encore beaucoup aimé ce chapitre ! Attention ceci dit pas de relâchement hein ! Un vrai militaire se doit de toujours donner le meilleur de lui-même !

  8. Salut ma belle,

    Superbe suite que voici, par contre je passe pour le concours j’ai rien trouvé, je chante bien mais là ça ne me dit rien du tout.

    A tout bientôt biz

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.