Snoopy et les Peanuts de Charles Schulz
Article du 15/04/2012
Aaaaah Snoopy…
C’est marrant ! Voilà une BD, un comic dirais-je aujourd’hui que je suis grande et que je connais la différence entre les deux, donc j’ai absolument toujours été fan. D’ailleurs mon premier doudou, c’était un Snoopy en plastique à moitié bouffé (j’ai dû faire mes dents dessus), perdu dans la bataille d’ailleurs… Un jour je ferai des recherches archéologiques chez mon père, il doit bien être quelque part… Sinon j’ai des pantoufles roses aussi avec Snoopy dessus… Elles ont fait peur à la calamité féline un moment d’ailleurs…
Passons !
Snoopy, disais-je, donc j’ai lu et relu les BDs en boucle, cette édition française en grands albums qui ne rend pourtant tellement pas hommage à l’œuvre aussi titanesque qu’extraordinaire de Charles Schulz !… Allez, je lâche les chiffres tout de suite, ça sera fait ! On va pas se faire suer hein, on va demander à ce bon vieux Wikipédia :
« Peanuts (aussi connu sous le nom de Snoopy et les Peanuts ou simplement Snoopy) est le nom d’un comic strip écrit et dessiné quotidiennement, sans interruption et sans assistance par l’Américain Charles M. Schulz (1922 – 2000) d’octobre 1950 jusqu’à sa mort, en février 2000. Il aura écrit au total 17 897 strips dont 2 506 éditions du dimanche. (…)
Peanuts a donné également naissance à des dessins animés, dont plusieurs ont reçu un Emmy Award, à des pièces de théâtres et à des comédies musicales.
Le comic a été, à partir des années 1960 un succès planétaire, notamment aux États-Unis. La popularité du strip et le nombre colossal de licences pour des publicités ou produits dérivés ont fait de Charles M. Schulz une des célébrités les plus riches du monde.
À la mort de Schulz, le comic était publié dans plus de 2 600 journaux, dans 75 pays différents et dans 21 langues. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Peanuts)
Un demi-siècle de strips quotidiens pour ce qui est peut-être la BD la plus lue au monde. Et une œuvre humaine et humaniste, intemporelle, merveilleusement drôle et si incroyablement vraie…
Oui, je ne suis pas du tout impartiale quand on parle de Snoopy, j’assume :p !
L’absurde m’a toujours beaucoup fait rire, je ne pouvais donc sûrement que tomber raide dingue d’un chien qui dort au faîte de sa niche et se prend régulièrement pour un as de l’aviation de la Première Guerre Mondiale !…
Mais bon, essayons de reprendre un peu plus sérieusement !
Snoopy est un beagle noir et blanc, né au chenil de Daisy Hill. Si dans un des strips des premières années il dit être « chiot unique », il aura plus tard des frères et soeurs, dont quelques frères qui deviendront des personnages à part entière. D’abord quadrupède et muet (oui, je sais, on a du mal à imaginer Snoopy en « vrai » chien), il est un chien sans maître précis qui traîne avec la bande d’enfants dont fait partie Charlie Brown. Très expressif, il ne se mettra cependant à penser que dans le strip de 27 mai 1952, où, suite à une réflexion sur ses oreilles, il partira en se disant : « Pourquoi dois-je subir de telles humiliations ? », ce qui augure bien du caractère futur du personnage. Assez vite, il devient le chien de Charlie Brown et un personnage qui lui volera finalement bien souvent la vedette.
Snoopy vit dans son monde et ses délires perpétuels, tour à tour astronaute, pilote, patineur, danseur, agent secret et j’en passe, écrivain sans succès qui commence toujours ses textes par la même phrase : « C’était par une nuit sombre et orageuse… » Ne vous étonnez pas si un jour un de mes romans commence ainsi !… Ses délires permettent à Schulz de placer dans son œuvre des gags qui n’ont absolument rien à voir avec la vie des enfants qui l’entourent, sur l’armée, par exemple. Snoopy se révèle à ce titre un joker polymorphe, adaptable à tout type de gag, pour notre plus grand bonheur.
À noter que son compagnon Woodstock, le petit oiseau jaune, apparaitra dans les strips à la fin des années 60 et recevra son nom en juin 1970.
Si tout le monde connait ce délirant chien, il est entouré d’une foule d’autres personnages.
À commencer bien sûr par son maître Charlie Brown. Éternel perdant, probable avatar de Schulz lui-même, ce petit garçon ne fait qu’échouer dans absolument tout ce qu’il tente. Le baseball bien sûr : capitaine d’une équipe pour le moins bancale, c’est pourtant toujours lui qui les fait perdre en dernier lieu. D’ailleurs, ils gagnent dès qu’il n’est pas là… Ses cerfs-volants soit ne décollent jamais, soit finissent dévorés par les redoutables arbres-mangeurs de cerfs-volants, toujours affamés, surtout au printemps. En amour, il reste à se morfondre pour une petite fille rousse à laquelle il n’osera jamais adresser la parole… Les exemples pourraient s’accumuler à l’infini. Lui aussi vit dans son monde, quelque part, un monde où il serait un grand joueur de baseball, où il se promènerait main dans la main avec la petite fille rousse.
Il y a cependant une chose que personne ne peut lui enlever, malgré les remarques et brimades dont il est sans cesse l’objet, Charlie Brown ne renonce jamais. Quoi qu’il arrive et peu importe le nombre d’échecs, il réessayera, sans jamais se lasser, et c’est à ce titre très probablement un des personnages les plus obstinés et les plus persévérants qu’il m’ait été donné de voir, tout type d’œuvre confondu. Éternel mal-aimé incompris, certes, mais sa volonté de réussir est tout aussi éternelle.
Un des personnages qui arrive assez vite dans les strips et y restera, l’insupportable Lucy. Celle qui accumule les prix de concours d’enquiquineuse en est une dès sa première apparition. Capricieuse, moqueuse, elle est la personne qui malmène le plus et sans cesse Charlie Brown, le rabaissant à la moindre occasion. Elle est aussi sa psychologue à ses heures, sans grand résultat… Souvent en conflit avec Snoopy qui adore lui tenir tête, Lucy est une vraie mégère, langue de vipère inépuisable, qui n’a qu’une faiblesse : son amour pour Schroeder, le petit pianiste. Elle squatte éhontément ledit piano en vain, tentera même de s’en débarrasser, toujours en vain.
Schroeder apparait comme un bébé très vite surdoué en musque et dont le seul amour véritable est Beethoven. Comment réussit-il à jouer si bien sur un piano jouet qui n’a pas de vraies touches noires ?… Mystère encore irrésolu à ce jour ! Mélomane cultivée et élitiste, intransigeant sur son compositeur préféré, il supporte comme il peut les avances de Lucy, la repousse régulièrement et est une des rares personnes qui peut la rabrouer sans risquer trop de représailles.
Lucy mène bien mieux à la baguette son petit frère Linus. Lui est sans doute le meilleur ami de Charlie Brown. Bébé traumatisé par sa tyrannique sœur, Linus traînera sa couverture de sécurité avec lui dès son plus jeune âge sans jamais parvenir à s’en séparer, malgré des tentatives récurrentes et la désapprobation d’une bonne partie de son entourage, à commencer par Lucy bien sûr qui fait tout pour l’en débarrasser : lui prendre, la cacher, l’enterrer, en faire un cerf-volant qu’elle laisse s’envoler par maladresse, jusqu’à vouloir l’incinérer ! Et c’est bien pour sa chère couverture que le si calme et docile Linus peut devenir complètement fou et il n’y a que pour la sauver et le récupérer qu’il arrive à sortir de ses gonds et à tenir tête à sa sœur.
Une foule d’autres personnages peuple l’oeuvre de Schulz. Certains, récurrents au début comme Shermy ou Violette, disparaîtront assez vite. D’autres ne feront que passer ou disparaîtront et réapparaîtront sporadiquement. D’autres naîtront d’un gag et resteront : Pigpen, le garçon qui traîne son nuage de poussière, Sally, la petite soeur de Charlie Brown, petite peste, amoureuse toujours éconduite de Linus, Patty-Pastille-de-Menthe, garçon manqué, amoureuse inavouée de Charlie Brown à ses heures, vite secondée de la fidèle Marcie, probablement la plus pragmatique de tous, Franklin, seul enfant noir de la série, ce qui est à noter, même si aucun discours politique ne l’accompagne… Et tant d’autres, au fil de 50 ans d’histoires.
Ce n’est pas mon genre de faire de la pub mais une fois n’est pas coutume, je me dois de rendre hommage au travail de Fantagraphics Books, qui a entrepris depuis quelques années un travail colossal : republier l’intégral de Peanuts dans une toute nouvelle édition.
Dargaud, très grand éditeur de bandes dessinées s’il en est, m’a fait l’immense bonheur de publier en France cette intégrale sous le titre Snoopy et les Peanuts. C’est une édition magnifique et enfin digne de cette œuvre. En format italien, chaque tome reprend deux années de strips, en noir et blanc, retraduits et surtout enfin dans l’ordre !!!… Douze tomes parus jusqu’ici, de 1950 à 1974. La logique me fait en prévoir 25.
Je tire mon chapeau, vraiment, au boulot de fourmi accompli pour retrouver l’intégralité des premiers strips, parue dans un journal esseulé pas forcément bien archivé, ainsi qu’à la très bonne traduction annotée de Fanny Soubiran. Bref, je n’ai à reprocher à cette édition que son prix, mais quand on aime, on ne compte pas et de toute façon, si je comptais quand j’achète des livres ça se saurait…
En conclusion, les délires de ce chien complètement fêlé et de ses compagnons faisaient rire la petite fille que j’étais et font encore rire la grande fille que je suis devenue, sûrement pas pour les mêmes raisons, preuve s’il en est de l’universalité de ce qui reste un monument de la bande dessinée mondiale, né de l’esprit d’un très grand homme qui n’a parait-il jamais cessé d’être surpris de son succès.
Bon vent, monsieur, et merci pour tout.
L’intégralité des dessins présentés sur cette page sont la propriété de Ch. Schulz.