No°6 – Après hors-série – Merry Christmas, my lord !

En ce jour de Noël 2015, je vous offre ce petit chapitre hoes-série de ma fanfiction Après.

Présence d’un lemon 🙂 !!

Cette histoire est à situer lors du Noël suivant le chapitre 12.

 

Merry Christmas, My Lord !
No°6 – Après
Chapitre hors-série

Fanfiction de Ninou Cyrico

Shion visa soigneusement sa corbeille à papier, tirant légèrement la langue. Il lança la petite boule qui se fit attraper au vol par Yami, qui la guettait, tapi au sol.
Dehors, la neige tombait doucement, en ce matin de décembre.
Shion se redressa en fronçant les sourcils. Fichu corbeau !
Quelle idée avait eu Nezumi de le dresser à ramener les choses, sérieusement     !
Yami se posa sur le bureau et déposa la boulette devant Shion. Ce dernier croisa les bras et toisa l’animal.
« Yami. Je t’ai déjà dit : pas ici.
– Crôa ?
– Y a pas de “crôa” qui tienne. Quand je jette un document, c’est pour qu’il aille à la poubelle. »
Le corbeau le regardait, dubitatif, et la conversation s’arrêta là car, après avoir à peine frappé, Adrian entra presque brutalement dans le bureau présidentiel. Shion, Yami, Hamlet, Iago et Juliette le regardèrent. Le grand soldat avait l’air en panique, chose assez rare pour être notée.
Il vint au bureau et demanda très nerveusement     :
« Shion, tu fais quoi, à Noël ?… »
Shion le regarda, à son tour dubitatif. Il n’avait jamais vu son ami aussi nerveux. Il répondit calmement :
« Rien de spécial… On garde ma sœur, ma mère veut passer la soirée tranquille avec Jack. Nezumi joue au théâtre… Mais sinon, on a rien prévu… Tu sais, ici, Noël, c’est pas fondamental, on fera un bon repas de famille à Nouvel An… »
Adrian se dandinait et Shion demanda :
« Qu’est-ce qui se passe ?
– J’ai un petit souci et j’espérais que tu pourrais m’aider… Même si je vois pas trop comment…
– Assis-toi et explique-toi. Tu veux du thé ?
– T’as pas de l’alcool, plutôt ?
– Houlà, là tu m’inquiètes… Mais j’ai une petite vodka qui devrait te plaire…
– Volontiers… »
Shion se leva et alla chercher ça dans un placard discret. Il revint avec la bouteille et deux petits verres, et en remplit un qu’il tendit à son ami     :
« Tu m’inquiètes vraiment.
– Ben là je sais vraiment pas quoi faire…
– Allons, ça doit pas être si grave. Viens t’asseoir sur le canap’, on sera mieux. »
Les deux hommes se posèrent l’un à côté de l’autre sur un des canapés. Shion se servit alors que son ami vidait le sien d’un trait et commençait     :
« Ça fait trois ans que mes parents m’invitent à rentrer à Amsterdam pour fêter Noël avec eux, et avec le reste de la famille…
– Hm, hm ?
– On a toujours eu cette tradition de grandes réunions de famille, chez moi…
– Hm, hm ?
– Et là ça fait trois ans que je les plante en argumentant que je peux pas quitter Utopia, responsabilités, boulot, tout ça…
– Hm, hm ?
– J’ai tout fait pour noyer le poisson…
– Hm, hm ?
– Mes parents débarquent dans quatre jours pour passer Noël avec nous. »
Shion contempla son ami un moment :
« C’est quoi, le problème, exactement ? »
Adrian lui retendit son verre, Shion le remplit docilement. Adrian le revida aussi sec et répondit :
« Yui.
– Tes parents n’acceptent pas votre relation ?
– Officiellement, si… Mais… »
Le soldat soupira en s’appuyant avec lassitude au dossier du canapé.
« Ils ne m’ont jamais rien dit. Mais quand j’étais gamin, ma mère rêvait déjà de mon grand mariage avec une charmante demoiselle de bonne famille… Passé mes 15 ans, elle me présentait absolument toutes celles qui lui plaisaient, et même après mon coming-out, à chaque fois qu’on avait une réunion de famille quelconque, il y avait toujours une ou deux charmantes demoiselles célibataires… »
Il y eut un silence :
« Quand ils ont su, pour moi et Yui, ils n’ont rien dit… Je sais pas trop, peut-être qu’ils ont cru que ce n’était pas sérieux… Il n’y a que l’an dernier qu’ils nous avaient enfin invités tous les deux… Ma mère me demande de ses nouvelles quand on s’appelle, mais ça sent plus la pure politesse qu’autre chose… Je suis sûr qu’à chaque fois, elle espère que je vais lui annoncer que c’est fini…
– Et ton père ?
– Lui, rien, comme d’hab’… Il attend toujours de voir les gens de visu pour juger.
– Tu ne les as pas revus du tout depuis la Réunification ?
– Croisé aux Annuelles d’Amsterdam, un resto entre deux réunions.
– Ça s’était mal passé ?
– Pas vraiment… Ma mère était contente de me voir, alors elle a évité les sujets qui fâchent… Mais je sais jamais ce que pense mon père… Lui, il parle boulot, il parle politique, il juge aux actes.
– Et tes actes à toi ?
– Il a l’air de trouver qu’on fait du bon boulot.
– Et ta vie privée ?
– Mon père est un diplomate. Il a passé sa vie au service de No°5. Le devoir passe avant la famille, passe avant tout.
– Donc, tant que tu fais ton devoir, le reste, il s’en tape ?
– Y a de ça, en théorie. En pratique, il est aussi issu d’une très vieille famille qui reste dans les clous… Qui est toujours, officiellement, resté dans les clous. »
Shion hocha gravement la tête :
« Yui fait son devoir, lui aussi. »
Adrian soupira et retendit son verre. Shion sourit, amusé, avant de le remplir :
« C’est le dernier.
– T’es vache…
– Ta journée n’est pas finie, monsieur le conseiller.
– Un point pour toi, monsieur le président…
– Qu’est-ce qui te fait peur, au final ?
– Je n’ai pas envie que mes parents rencontrent Yui…
– Mais pourquoi ?
– Ma famille est noble depuis des siècles, Shion… Elle a quitté l’Angleterre uniquement quand il n’y a plus eu d’autres choix… Et même après ça, on s’est pas mêlé à la populace… C’est uniquement le hasard de sa carrière qui a conduit mon père à No°6 et à l’époque, ma mère a jamais foutu un orteil hors de Chronos… Et même là-bas, j’aime autant te dire qu’elle fréquentait pas n’importe qui… Que je vive avec un homme, ça passe déjà moyen, mais en plus, on parle de Yui    ! Un ancien criminel, un terroriste sorti de nulle part, avec un pedigree proche du zéro absolu !… Tu imagines quoi de plus opposé à une pure jeune fille de bonne famille en socquettes blanches que Yui ?!
– Ben là, de tête, à part Nezumi…
– Et Nezumi n’est pas un ancien chef terroriste.
– Un point pour toi, sourit Shion. Il a toujours été trop individualiste pour ça.
– Ma mère est toujours droite comme un i, pas fichue de manger sa salade sans la plier, elle n’a jamais saucé une assiette de sa vie, elle ne supporte pas les gens qui ne savent pas utiliser les différents couverts et ceux qui n’ont pas lu Shakespeare dans le texte, je ne t’en parle même pas… Elle ne tiendra pas jusqu’à la fin de l’apéritif avec Yui…
– Il en dit quoi ?
– Il le sentait moyen, mais j’ai pas encore pu lui dire qu’ils débarquaient… J’ai même pas répondu à leur mail…
– C’est vrai que ça s’annonce délicat. »
Il y eut un silence. Puis Shion eut un sourire et demanda :
« Confirme-moi un point.
– Oui ?
– Tes parents doivent être très à cheval sur l’autorité ?
– Oui, plutôt. »
Le sourire de Shion s’élargit. Adrian fronça un sourcil inquiet.
« Shion…?
– Je crois que j’ai une idée. Il faut que j’en parle à Nezumi. Je peux te revoir tout à l’heure ?
– Euh, oui, oui, je bouge pas d’ici, normalement… »
Adrian se demanda sérieusement s’il devait se calmer ou paniquer encore plus. Shion vida son propre verre et lui sourit :
« Je repasse dans ton bureau aussi vite que possible. Ne réponds pas à tes parents en attendant.
– D’accord…
– Et ne t’en fais pas, ça va aller. »
Adrian repartit, toujours aussi nerveux et Shion alla prendre son téléphone. Il appela son compagnon en chantonnant, sortant un instant sur le balcon de son bureau pour regarder le parc enneigé.
« Coucou, ma petite fleur…
– Salut, mon joli rat. Je te dérange pas ?
– Non, non, on est en pause.
– Les répétitions se passent bien ?
– Super bien. Mais j’imagine que tu m’appelles pas pour ça ?
– Pas que, admit Shion. J’avais quelque chose à te demander… »
Shion expliqua rapidement à Nezumi le souci d’Adrian et l’idée qu’il avait eue. Le jeune acteur l’écouta attentivement.
« Hmmm… OK, je te suis ! lui répondit-il avec amusement.
– Tu penses que ça peut le faire ?
– Oui, et ça sera sûrement au minimum très drôle.
– Ca, j’imagine que je peux compter sur toi pour. À quelle heure finira ta pièce     ?
– On la joue plus tôt, le 24, donc je serai rentré pour 20 h 30 ou 21h, je pense.
– Ça sera parfait.
– Bon, je dois y retourner, mon amour. Je te laisse voir avec Adrian, on en recause en détail ce soir ?
– D’accord, mon chéri. Bon courage.
– Toi aussi. À ce soir. Je t’embrasse. »
Shion raccrocha et se frotta les mains, tout content. Il rentra. Hamlet grimpa sur son épaule et couina, alors que Yami croassait, interrogatif. Il caressa la souris du bout des doigts, et tendit ensuite la main sur le corbeau qui vint s’y poser.
« Je vais voir Adrian, vous voulez venir ?
– Crôa !
– Squik ! »
Le jeune président sortit de son bureau pour aller toquer à la porte de celui de son grand ami. Il entra comme ce dernier l’y invitait, pour découvrir, non sans un sourire attendri, que Yui était là, et les deux hommes tendrement enlacés devant la fenêtre.
« Non, mais sérieux, ça ne me gêne pas, Adrian… disait le borgne.
– C’est hors de question. » répondit fermement le brun.
Il y eut un silence pendant que Shion rentrait, puis Adrian reprit :
« Il est hors de question que je te plante le soir de Noël.
– Mais ça me gêne pas, vraiment…
– Non. Tu es mon compagnon, l’homme que j’aime, avec lequel je vis depuis presque quatre ans. Il est hors de question que je te laisse en plan un soir de Noël à cause de mes parents. Soit ils t’acceptent, soit ils se passeront de moi aussi. »
Shion coupa Yui avant qu’il ne proteste encore :
« Adrian a raison, Yui. Il est temps pour toi de rencontrer tes beaux-parents, et pour eux de voir que leur fils est très heureux à tes côtés.
– Tu proposes quoi ? demanda le borgne en s’écartant un peu de son compagnon.
– Oh, c’est extrêmement simple. Il suffit de mettre les parents d’Adrian dans une position où ils seront obligés de la fermer.
– Tu peux être plus précis ? intervint Adrian, sourcils froncés.
– Bien sûr. »
Les deux hommes se tenaient toujours la main. Ils s’assirent tous trois et Shion commença :
« Tu m’as dit, Adrian, que tes parents étaient très respectueux de l’autorité. S’ils se retrouvent chez quelqu’un qui est détenteur d’une autorité supérieure à la leur, ils n’oseront pas aller contre cette personne. Je me trompe ?
– Non… ?
– Parfait. Alors c’est officiel, je vous invite à venir passer le réveillon chez moi, tous les quatre. »
Les deux hommes le regardèrent, surpris. Yui sourit le premier et hocha la tête :
« Je vois, pas bête…
– Ça ne te dérange pas ? demanda Adrian, encore un peu surpris.
– Pas du tout, et Nezumi est OK aussi. Ne vous inquiétez de rien, ça nous fait plaisir. Il nous parait important que vous creviez l’abcès, et vous rencontrer en terrain neutre sera le mieux pour vous. Voici donc comment nous allons faire. Adrian, tu vas répondre au mail de tes parents que vous étiez invités chez nous, ce dont tu ne les avais pas encore avertis, mais que, vu qu’ils se déplacent, tu m’en as parlé et que du coup, je les invite également. Et ça m’étonnerait beaucoup qu’ils refusent une invitation du président d’Utopia en personne, après avoir dérangé son projet initial.
– Tu es diabolique… murmura Adrian.
– Oui, c’est assez machiavélique, gloussa Yui, mais ça devrait marcher. Et ça les mettra dans une position où effectivement, ils ne pourront pas trop la ramener…
– Ma mère surtout, c’est clair…
– Après, je pense que la soirée passée, si tout va bien, vous pourrez vous faire un petit repas tranquilles tous les quatre le 25.
– On verra ça… »

*********

Shion se regarda dans la glace et sourit. Ce kimino bleu indigo était superbe avec son obi plus pastel, et avec le haori outremer décoré d’un magnifique requin brodé de fil d’argent dans son dos, il trouvait vraiment qu’il en imposait. Il eut une moue satisfaite.
Il allait bien s’amuser.
Il enfila ses zori et redescendit au salon, décoré avec soin d’un sapin savamment enguirlandé, de boules rouges et or et d’une multitude de fausses bougies électriques dans des petits verres multicolores posés çà et là.
Haru était assis devant la télé, tout mignon dans son petit kimono vert brodé de petites pommes, et à ses côtés, Shima avait même eu droit au sien, rouge et brodé de petites fraises. La fillette, assise contre des cousins, gazouillait sagement.
Elle se tut et regarda Shion avec de grands yeux stupéfaits lorsqu’il entra. Haru, lui, sourit, émerveillé :
« Waaah ! T’es trop beau S’ion !
– Merci. Tout va bien ?
– Oui ! Dis, dis, S’ion, ils arrivent quand ?
– Eh bien, Mamie ne devrait pas tarder à passer nous laisser Akame, commença-t-il en venant s’accroupir devant eux, Shinobi rentrera un peu après, et on mettra la table, on finira de préparer le repas, et ils arriveront sûrement à peu près à ce moment-là. Tu te souviens de ce qu’on a dit ?
– Oui ! Que c’est le papa et la maman d’Adrian et qu’ils sont très sérieux, alors qu’il faut être très sage et très gentil !
– Parfait. »
Shima agita ses bras :
« ‘Ion, ‘Ion !!
– Oui, ma chérie ? répondit-il en se tournant vers elle.
– Où l’é Papa ?
– Il est au travail, ma chérie. Il rentre tout à l’heure.
– Toutaeur Papa ?
– Oui, tout à l’heure. Après son travail. »
La petite fille sourit.
« Toutaeur ! Toutaeur !! »
On sonna à la porte et Shion se releva pour aller ouvrir. C’était sa mère et Jack, ce dernier portant dans ses bras la petite Akame qui poussa un petit cri de joie et tendit les bras en voyant son grand frère :
« ‘Ion ! ‘Ion ! »
Karan et Jack avaient tous deux sursauté en voyant Shion. Ce dernier prit sa petite sœur dans ses bras et l’embrassa doucement.
« Coucou ma puce ! »
Puis, il sourit à sa mère et son beau-père :
« Vous êtes superbes !
– Toi aussi… répondit Karan. Dis donc, même aux Annuelles, tu n’en imposais pas autant…
– Tant mieux ! C’est le but. »
Ils eurent un petit rire et Jack reprit :
« Ces pauvres gens, ne les torture pas trop, tout de même…
– Ça, ça dépendra d’eux !… Bon, ne vous mettez pas en retard, vous. Vous repassez demain, mais tranquille, hein ? Nous, on ne bouge pas.
– Oui, ne t’en fais pas… »
Karan embrassa son fils et lui dit encore :
« Tu salueras tes invités pour nous.
– Avec plaisir. Profitez bien ! »
Shion les regarda partir, sourit en voyant sa sœur agiter sa petite main, agita la sienne de concert, puis ils rentrèrent. Il neigeait à nouveau.
Sa mère n’avait pas particulièrement bien habillé Akame, car Shion lui avait dit qu’il s’en chargeait. Il retourna au salon en le lui expliquant :
« On va aller te changer, ma puce. J’ai un joli kimono violet pour toi, avec des petites fleurs… Ça te va ?
– Oui ! »
Il la déposa sur le canapé, la laissant saluer ses neveu et nièce, pendant qu’il allait chercher les habits. Lorsqu’il revint, il sourit. Omae et ses deux petits, plus si petits que ça, qui dormaient à côté du poêle, s’étaient levés pour venir saluer aussi la fillette. Les souris, qui dormaient aussi, s’étaient approchées de même. Les trois enfants riaient. Shion soupira :
«    Eh bien, eh bien, du calme… »
Il s’assit sur le canapé et mit sa sœur sur ses genoux pour la changer. Ce faisant, il reprit pour la ménagerie :
« Vous aussi, vous avez intérêt à être sages. »
Les souris couinèrent, visiblement dubitatives.
Méphisto, qui dormait probablement sur un lit quelconque, arriva alors. Elle regarda tout le monde, agita la queue, dubitative aussi, puis sauta à côté de Shion et roucoula. Les souris couinèrent encore. Méphisto les regarda, miaula, et Shion lui sourit     :
« Et toi aussi, tu as intérêt à être sage. »
Il noua agilement le petit obi rose autour de la taille de sa sœur. Puis, il sourit. Elle était toute jolie. Il l’embrassa encore, se leva et l’assit à côté de Shima, bien calée dans les coussins, le temps d’aller vérifier que le parc, derrière le canapé, était en place. Il alla installer les deux demoiselles dedans, et les regarda un instant trotter à quatre pattes vers les jouets en gazouillant.
« Allez, vous êtes sages, les filles ? Haru et moi, on va mettre la table ! »
Le petit garçon opina, tout content.
Ils avaient installé les différentes petites assiettes, les coupelles à sauces, et posaient les baguettes lorsque la porte s’ouvrit.
« Tadaïma… » entendirent-ils.
Shion sourit et Haru et lui sortirent dans le couloir pour voir Shinobi qui bâillait en enlevant ses bottes.
« Okaeri, Shino. Ça va ? »
Haru trotta vers l’adolescent :
« Tonton Bibi ? Tu es malade ? »
Le garçon bâilla encore en se redressant, et caressa la petite tête en répondant :
« Juste crevé… »
Shion hocha la tête :
« Décidément, ça te vide, le kung-fu… Tu as le temps de dormir un peu, si tu veux. J’ai posé ton kimono sur ton lit. Et si tu es trop crevé, tu nous diras, hein, c’est pas grave si tu ne passes pas toute la soirée avec nous…
– D’accord… Merci… Je vais aller me doucher, déjà… Je t’appelle si j’arrive pas à le mettre ?
– Bien sûr, pas de souci. Mais franchement, n’hésite pas à t’allonger un peu, il y a le temps. »
Shinobi hocha la tête :
« Je vais voir ça… À tout à l’heure… »
Il monta sans attendre.
Shion et Haru finirent de mettre la table et Shion laissa son fils jouer avec les fillettes pour aller à la cuisine. Méphisto dormait sur le canapé, littéralement recouverte d’une couverture de souris.
Nezumi et lui s’étaient fait un malin plaisir d’établir un menu 100% japonais. Ne poussant pas le vice jusqu’à ne proposer que du poisson cru à leurs hôtes, ils allaient tout de même servir un beau plateau de sushi, maki et sashimi, plats dont Yui raffolait, et qu’il ne boudait jamais depuis qu’il n’en était plus privé. Beignets de crevettes, korokke au bœuf, brochettes diverses de viandes et de légumes, riz et soupe miso bien sûr… Il y avait de quoi faire et de quoi satisfaire tout le monde. Il se demandait si les Blacksteel connaissaient ça… Les élites de Chronos, du temps de No°6, n’étaient pas très branchées tradition et préféraient souvent des cuisines jugées plus diététiques et modernes, souvent pas pur rejet idéologique du passé si méprisé, car formellement, on faisait tout de même difficilement plus diététique que la cuisine traditionnelle japonaise.
Shion aiguisait un couteau pour couper les sashimi lorsque le téléphone sonna. Il gagna le salon et regarda l’heure : 19 h. Encore une heure avant que tout le monde arrive. Il décrocha :
« Moshi moshi !
– Salut, Shion.
– Bonsoir, Adrian ! Comment va ?
– J’ai réussi à ne pas boire trop de café.
– C’est très bien !
– Ouais, c’est toujours ça. Mais c’est pas pour ça que je t’appelle… Je voulais te prévenir, on va sûrement être en retard. La réunion est pas encore tout à fait finie, alors le temps qu’on repasse se changer à l’appart’, ça va pas être trop possible pour 20 h…
– Je vois. Faites comme vous pouvez, il n’y a pas de souci. De toute façon, Nezumi ne sera pas trop là avant au moins 20 h 30, donc on sera obligé de laisser traîner l’apéro.
– Désolé, hein…
– Y a pas de souci, Adrian. C’est déjà super sympa d’être allés à cette rencontre à ma place pour me laisser le temps de tout préparer ici. Alors finissez-la comme il faut, et venez quand vous pourrez. OK ?
– D’accord. On te sonne quand on quittera l’appart. À tout à l’heure.
– À tout’ ! »
Shion retourna à sa cuisine et se remit à ses préparatifs. Les boissons étaient au frais pour les bières, le saké, lui, serait chauffé en temps et en heure. Les edamame étaient prêts pour l’apéritif… Shion consulta sa liste, par acquit de conscience. Il était dans les temps… Il sourit et se remit à ses sashimi. Il les mettait au frigo lorsqu’il entendit Shinobi l’appeler d’en haut. Il se rinça les mains et monta. Comme il s’y attendait, son jeune frère n’arrivait pas à nouer son obi. Shion lui sourit. Le kimono ocre-brun lui allait très bien.
« Tu vas être superbe.
– Hmmm… Merci… Mais tu es sûr que ça ira  ? Ces tenues ne sont pas très pratiques…
– Bien sûr que ça ira, ne crains rien. Même en kimono, on peut se battre, tu sais. Mais il n’y en aura pas besoin… »
Shion avait pris le obi et le positionnait savamment autour de la taille de son frère qui avait levé les bras.
« La maison va être cernée d’agents de sécurité. Tu n’as pas à t’inquiéter, petit frère.
– Désolé… J’arrive pas à m’ôter ça de la tête…
– C’est normal, et ce n’est pas grave. »
Shion se redressa, appliqué :
« Tu vas déjà beaucoup mieux, et tu vas aller de mieux en mieux. Il faut que tu aies confiance. Ça va aller. Mais c’est normal que tu aies encore ce type de raisonnement et de réflexe, et il faut que tu l’acceptes et que tu n’hésites pas à t’en servir.
– Tu crois que Yui va accepter un jour de me former ?
– Je ne sais pas… Il est un peu buté, mais bon, c’est son boulot d’être méfiant… Dur de lui en vouloir. Mais sinon, n’hésite pas à aller en parler à Adrian. Je pense que lui, au sein de l’armée, il ne fera pas de problème. »
Shinobi hocha la tête. Shion avait fini et sourit :
« Et voilà, tu es tout beau !
– Merci…
– Il y a un haori en plus si tu as froid ?
– Oui, j’ai vu, il est très joli… Merci… »
Shinobi l’enfila. Le haori était brun avec un arbre brodé dans son dos.
« Où as-tu eu ces vêtements, Shion ? demanda Shinobi.
– Oh, j’ai gardé de très bons contacts avec les personnes qui nous avaient fourni les kimono officiels des Annuelles… Du coup, ils ont accepté sans souci de me prêter ceux-ci pour ce soir.
– C’est gentil… Celui de Nezumi est comment ?
– Noir, avec un obi argenté. Il n’a pas voulu de rien d’autre. Et ça a été du boulot de lui faire accepter d’en porter un… Déjà aux Annuelles, il avait fallu le travailler au corps pour qu’il en porte… Je ne sais pas comment vont être ceux de Yui et Adrian, par contre, ils ont été choisir tous seuls. Tu supporteras les zori ?
– Oui, oui, ça ira… »
Ils redescendirent tous deux.
Macbeth, qui était allé dormir sur le chat, se redressa et regarda Shinobi, sceptique, avant de se recoucher.
L’adolescent alla aider son frère dans ses travaux culinaires, et tous deux finissaient juste les derniers préparatifs lorsqu’on sonna à la porte. Il était 20 h pile. Shion sourit à son frère :
« Paré, Shino ?
– Oui, paré. »
Shion alla ouvrir, Shinobi restant quelques pas derrière lui.
Le couple qui était là avant une soixantaine d’années. L’homme était grand et fort et portait un smoking impeccable, sous un manteau taillé sur mesure. On pouvait tout à fait imaginer qu’Adrian aurait cette allure à cet âge. La femme était plus petite, un peu plus ronde, mais il ne faisait aucun doute que sa robe était aussi était taillée sur mesure, tout comme son manteau.
Shion s’inclina :
« Lady Blacksteel, Lord Blacksteel, soyez les bienvenus. »
Il se redressa et sourit :
« Entrez vite, je vous en prie, ne prenez pas froid. »
Il s’écarta pour les laisser venir. Lord Blacksteel déclara en lui serrant la main :
« C’est un honneur, Mr le Président.
– C’est un honneur également, My Lord. Un honneur et un plaisir, de rencontrer les parents, et beaux-parents, ajouta-t-il insidieusement, d’amis si chers et soutiens si précieux. »
Shion serra de même la main de la lady et referma la porte.
« Je vous présente mon frère, Shinobi. »
L’adolescent s’inclina poliment. Il aida ensuite Shion à débarrasser leurs invités de leurs manteaux. Kimi, le fils d’Omae, avait pointé son museau hors du salon, deux souris sur la tête. Celle de Méphisto apparut entre les pattes du chien, et plusieurs autres souris au sol. Macbeth trotta vers Shinobi pour grimper rapidement sur son épaule. Le garçon eut un sourire. Le sursaut de Lady Blacksteel n’échappa à personne, mais il allait falloir qu’elle s’y fasse. Nezumi avait réussi à convaincre les souris de se tenir tranquilles, mais même lui n’avait pas tenté de leur dire de rester en haut le temps de la soirée.
Lord Blacksteel avait plus, lui, l’air intrigué. Entendant un petit cri de bébé, Shion fronça un sourcil :
« Suivez-moi, je vous prie, le salon est là… »
Il les y précéda pour aller voir le parc. Akame avait fait tomber une peluche en dehors et criait un peu, car elle ne parvenait pas à l’attraper. Haru, que allait la ramasser pour lui rendre, se redressa pour regarder les nouveaux venus, intrigué. Shion sourit et Shima lui tendit les bras. Il la souleva doucement et la donna à Shinobi, qui l’avait suivi, avant de prendre Akame.
« Et voici notre fils, Haru, notre petite Shima et ma petite sœur, Akame. »
Haru restait dans les jambes de Shion. Shima regardait Lord Blacksteel avec de grands yeux et finit par sourire :
« Rian ! »
Shion eut un petit rire et lui dit :
« Non, ce n’est pas Adrian, ma chérie. C’est son papa. »
Shima regarda Shion, puis à nouveau le lord qui avait un petit sourire amusé, puis encore Shion :
« A papa Rian ?
– Oui, c’est le papa d’Adrian. Adrian, il arrive tout à l’heure. »
Shima sourit :
« A toutaeur Rian !! A papa toutaeur !
– Oui, Papa revient tout à l’heure aussi. »
Shion reprit pour ses invités :
« Votre fils m’a averti que Yui et lui avaient été retenus plus longtemps que prévu à la réunion où ils étaient. Ils font le plus vite possible. Mais asseyez-vous, je vous en prie. »
Ils reposèrent les fillettes dans le parc. Haru resta prudemment avec elles, Shinobi laissa les Blacksteel s’asseoir sur le canapé et prit un fauteuil. Shion allait prendre le second lorsque le téléphone sonna. Il s’excusa et alla décrocher :
« Mochi mochi ?
– Salut, Shion.
– Bonsoir, Yui. Alors, vous en êtes où ?
– Adrian finit de se battre avec son obi et on arrive.
– Parfait. Il s’en sortira ?
– Non. J’attends de voir combien de temps il va mettre à m’appeler au secours. »
Shion eut un sourire qui devint un petit rire lorsqu’il entendit Adrian appeler Yui. Ce dernier reprit avec amusement :
« Voilà, donc, je l’habille et on arrive.
– D’accord. Bonne route et à tout de suite. »
Yui raccrocha et rejoignit son compagnon, emmêlé dans son kimono et son obi. Le borgne le contempla avec une tendresse clairement amusée. Adrian lui jeta un regard sombre. Yui ne s’en offusqua pas et s’approcha pour prendre les choses en main :
« Je t’avais dit que tu n’y arriverais pas…
– J’aurais dû prendre un hakama… grogna Adrian.
– Ne dis pas ça. Ce kimono est superbe. »
De fait, le kimono noir était magnifique et le obi carmin s’y accordait à merveille.
« Et toi aussi, tu es superbe. »
Adrian eut un sourire et attrapa un instant son ami pour l’embrasser.
« T’es pas mal non plus… Ça te va bien, le vert… »
Yui sourit. Adrian avait eu un peu de mal à le convaincre, mais il devait l’admettre, le kimono vert sombre, relevé d’un haori et d’un obi noirs, lui allait plutôt bien.
Yui se remit à l’œuvre et demanda :
« Ça ira ?
– Aucune idée…
– Eh, je sais quand même me tenir !
– Je sais, ce n’est pas vraiment toi qui m’inquiètes…
– Menteur. »
Adrian soupira et se corrigea :
« Ce n’est pas toi qui m’inquiètes le plus.
– Voilà, c’est mieux.
– Je ne pense pas que ma mère osera trop la ramener devant Shion… Mais ce n’est pas pour ça que ça passera.
– On verra bien ! »
Yui avait fini. Il enfila le haori anthracite à Adrian et reprit doucement :
« Je t’aime, Adrian. Et rien de ce qui pourra se passer ce soir ne changera ça. »
Adrian sourit. Ils s’enlacèrent et s’embrassèrent encore.
« Moi aussi, je t’aime. Et pour moi aussi, rien ne changera ça. »

*********

Shion servit posément un whisky sec au lord, un cocktail jus de fruits-passoa à la lady et un martini blanc à lui-même. Shinobi se fit servir un jus de fruits, il n’aimait pas l’alcool. Haru jouait avec les filles et n’avait pas encore soif.
La lady demeurait très tendue, très droite, et n’avait pour ainsi dire rien dit. Même si elles restaient à distance, mis à part Macbeth toujours sur l’épaule de Shinobi, les souris la mettaient visiblement très mal à l’aise. Lord Blacksteel, plus bonhomme, même si très droit aussi, devisait très formellement avec Shion de choses et d’autres, banalités sans plus d’importance que le fait qu’ils aient fait bon voyage ou que le froid d’Utopia les avaient un peu surpris. Shion savait qu’il faisait en effet très doux à Amsterdam.
« Votre ami n’est pas là ? finit par s’étonner le lord.
– Oh, mes excuses, j’ai oublié de vous le dire. Il joue au théâtre, ce soir. Il devrait arriver sans trop tarder.
– Ah oui, c’est vrai. J’oubliais qu’il était acteur… Très prometteur, parait-il. Sa prestation des hymnes nationaux aux Annuelles a marqué les esprits.
– Oui, quand on pense qu’il a fait ça en quasi improvisation pour remplacer au pied levé notre chanteuse officielle, il s’en est plutôt très bien sorti. »
Intriguée, Lady Blacksteel intervint alors :
« Vraiment ? En quasi improvisation ?
– Il n’avait même pas eu le temps de faire une répétition générale avec l’orchestre, confirma Shion.
– Ça alors…
– Voilà qui montre un grand talent. Dans quelle pièce joue-t-il, ce soir ?
– Une comédie contemporaine, Vague à l’âme. Rien de transcendant, mais c’est sympathique, le principal souci étant qu’il s’entend très bien avec son partenaire, et qu’il y a une scène qui part en sucette à peu près tous les soirs. Ça rend la durée de la pièce assez variable. Mais le public adore, d’autant qu’ils changent quasi de délire à chaque fois. Nous verrons ce soir ce qu’ils ont inventé… »
On frappa à la porte, et Shion se leva :
« Si vous permettez. Ça doit être vos fils et beau-fils.
– Je vous en prie… »
Shion se retira et Lord Blacksteel regarda son épouse, qui s’était encore raidie, lui sourit et prit sa main.
Shion alla ouvrir la porte et sourit :
« Bienvenue !
– Rebonjour, Shion, le salua Yui.
– Bonsoir, dit plus nerveusement Adrian.
– Entrez vite. Dis donc, vous êtes tous beaux…
– Mes parents sont là ?
– Oui, nous avons commencé l’apéritif en vous attendant. Venez. »
Shion les précéda. Yui sourit à Adrian et prit sa main pour l’entraîner. Adrian le stoppa pour l’embrasser rapidement, et prit une grande inspiration avant de rentrer dans le salon.
Lord Blacksteel et son épouse se levèrent poliment et Shinobi suivit le mouvement.
Adrian sourit à ses parents :
« Bonsoir, Mère, bonsoir, Père.
– Bonsoir, Adrian, répondit aimablement Lord Blacksteel.
– Bonsoir, répondit plus nerveusement son épouse.
– Je suis heureux de vous voir. Permettez-moi de vous présenter mon compagnon, Yui Himitsu. Yui, mes parents, Richard et Elisabeth Blacksteel. »
Yui hocha la tête et s’inclina en souriant :
« Enchanté de faire votre connaissance. »
Le lord hocha la tête et tendit la main à Yui qui la serra avec un hochement de tête :
« Enchanté, M. Himitsu. »
Yui tendit ensuite la main à Lady Elisabeth qui la serra très brièvement et sèchement et sans rien dire. Yui ne s’en offusqua pas. Adrian non plus. Tous se rassirent, Yui sur le dernier fauteuil et Adrian sur une chaise, et Shion servit un whisky à Adrian et un martini à Yui sans même leur demander. Il posa ensuite deux bols d’edamane sur la table basse, entre eux. Ils commencèrent à piocher dedant dès qu’ils eurent trinqué.
«  Désolés pour le retard, dit ensuite Adrian. Les joies des réunions…
– Il n’y a pas de souci, lui répondit Shion. Ca s’est bien passé ? »
Adrian avait la bouche pleine, ce fut donc Yui qui répondit :
« Oui, oui, ça ira. Les agents seront sur place et au taquet, No°3 a officiellement lancé le projet et annoncé l’accord. Tout devrait être prêt au plus tard fin janvier.
– Parfait. »
Shion hocha la tête, satisfait. Il expliqua succinctement aux deux Britanniques :
« No°3 nous a demandé de lui envoyer des ingénieurs et des naturalistes pour une expédition en Sibérie. Un satellite a apparemment détecté des signes de vie.
– Humaine ou animale ? s’enquit Lord Richard, intéressé.
– Trop tôt pour le dire… Mais certaines personnes pensent que des populations indigènes ont peut-être pu survivre.
– Ça serait intéressant. Mais en quoi le Conseiller des Armées et celui du Renseignement doivent-ils gérer ça ?
– Les ingénieurs en question sont des militaires. » répondit Adrian.
Haru, qui guettait, contourna le canapé avec lenteur, son regard inquiet ne quittant pas les parents d’Adrian, puis il trotta plus vivement vers ce dernier pour finir par sauter sur le borgne :
« Tonton Yuiiiiiii ! »
L’interpellé soupira avec un sourire résigné, alors que Shion et Adrian se retenaient d’éclater de rire et que Shinobi lui-même pouffait. Lord Richard et Lady Elisabeth échangèrent un regard pareillement sceptique.
Yui aida le petit garçon à grimper sur ses genoux, il avait depuis longtemps renoncé à lutter :
« Ça va, Haru ? Dis donc, tu es tout beau…
– Oui ! J’ai un kimono, tu as vu ?
– Oui, il est très joli.
– Et il est vert comme le tien !
– C’est vrai, on est assorti, ce soir… »
Shion se leva pour aller voir les filles, les entendant remuer. Et de fait, les petites demoiselles grommelaient. Shion sourit et se pencha au dessus du parc :
« Qu’est-ce qui se passe, ici ? On commence à avoir faim, peut-être ?
– A Papa ‘Ion ?
– Bientôt, Shima, bientôt. Akame ? Ça va ?
– Miamiam ! »
Shion sourit :
« Oui, tu as faim, toi… »
Il attrapa sa petite sœur et la souleva doucement :
« Viens, on va te faire manger, alors… »
Shion se redressa en réalisant que derrière lui, le silence régnait, un peu gêné. Visiblement, sans lui, ses hôtes ne savaient pas trop quoi se dire. Il revint avec Akame :
« Shinobi, tu peux installer la chaise haute, s’il te plaît.
– Oui, tout de suite, ‘Nisan.
– Pose-la près de nous, je vais prendre une chaise…
– D’accord. »
Shinobi s’exécuta rapidement. Shion assit sa sœur et lui dit :
« Tu es sage ? Je vais te chercher à manger.
– Miamiam !!!
– Oui, oui, je me dépêche. »
Adrian avait tenté de relancer la conversation :
« Et sinon euh… Comment va Grand Père Henry ?…
– Il parait qu’il fatigue, répondit Lord Richard. Ce qui signifie qu’il ne fait plus que 3h et demi de cheval par jour au lieu de 4. Bref, nous ne sommes pas encore trop inquiets.
– Ça lui fait 93 ans, non ?
– C’est ça. Mais comme il dit, ce n’est pas une raison pour fainéanter. »
Shion revint et s’assit près de sa sœur. Purée maison avec petits morceaux de poulet au caramel. La fillette ne se fit pas prier.
« C’est qui Grand Père Henry ? demanda Haru.
– C’est mon papa, lui répondit Lord Richard.
-Il est très très vieux, alors ?
– Oui, mais il est très très en forme. »
Ils entendirent la porte d’entrée et une voix qui chantonnait joyeusement. Shinobi relaya Shion qui alla voir.
Nezumi enlevait ses chaussures et lui sourit, radieux :
« Coucou, mon ange !
– Bonsoir, mon cœur. Eh ben, je commençais presque à m’inquiéter. Ça a été ?
– Super bien ! Et ici, c’en est où ?
– Tendu, j’avais hâte que tu sois là pour mettre un peu d’ambiance. »
Nezumi fit la moue et hocha la tête :
« Compte sur moi ! J’ai assez lu de Shakespeare pour ne craindre aucun Anglais ! »
Ils rirent. Nezumi tira Shion dans ses bras pour l’embrasser doucement. Shion passa ses bras autour de ses épaules et répondit avec tendresse. Nezumi lui murmura :
« Tu es splendide dans ce kimono.
– Toi, tu penses déjà à me l’enlever…
– Un peu, j’admets. Mais vraiment, tu es superbe.
– Va vite te changer, que je puisse te dire pareil.
– Owi dis-moi que je suis superbe…
– Pour ça, va te changer.
– Quoi, je suis pas superbe tout court ? »
La moue revint, larmoyante, et Shion rit avant de l’embrasser à nouveau. Nezumi rit aussi et reprit :
« Je fais vite.
– Tout est sur le lit, mon joli rat.
– D’accord. A tout de suite, ma petite fleur. »
Nezumi monta à l’étage sans attendre, et Shion retourna au salon :
« Voilà voilà, il se rafraîchit et il arrive. Tout va bien, vous n’avez pas trop faim ? »
Méphisto vint se frotter à ses pieds en miaulant.
« Ce n’est pas à toi que je parlais, ma belle… »
Akame avait fini sa purée et gazouillait gentiment.
Le regard rouge de Shion fit le tour de ses hôtes :
« Tout va bien  ? Lady Blacksteel, souhaitez-vous que je vous resserve à boire ?
– Oh… Non, non, je vous remercie.
– N’hésitez pas, s’il vous faut quoi que ce soit. »
Entendant Shima appeler, Shion alla la prendre dans ses bras :
« Oh toi, tu as entendu ton père…
– Papa ?
– Oui, il est rentré, ma puce. Il s’habille et il vient.
– Habié Papa ?
– Oui, il s’habille. Tu as faim ?
– A veu Papa !
– Il arrive. Laisse-le s’habiller. »
Shinobi avait fini de faire manger Akame qui gazouillait toujours, ravie. Shion retourna s’asseoir sur le fauteuil avec Shima. Shinobi fit de même avec Akame.
« S’ion, je peux avoir à boire, s’il te plaît ? » demanda Haru.
Shion sourit et Adrien se chargea de servir le petit garçon qui squattait toujours les genoux de Yui.
«  Merci !
– Quel âge as-tu, Haru ? demanda Lady Elisabeth.
– Cinq ans !
– Tu es très bien élevé.
– Merci, madame !
– Rien d’étonnant, lorsqu’on connaît ses pères… nota Yui.
– Oui, j’ai des super papas !! » approuva joyeusement l’enfant.
Shion sourit. Puis rit en entendant la voix de Nezumi :
« Eh oui, avec les meilleurs papas du monde, on devient forcément un super petit bonhomme ! »
Il entra, magnifique, et Shion se leva, Shima toujours dans les bras :
« My Lady, my Lord, je vous présente mon compagnon, Aki Kazemori. »
Nezumi s’inclina avec un sourire :
« Enchanté de vous connaître.
– C’est un honneur d’être reçus ici. » lui répondit Lord Richard en se levant pour lui tendre la main.
Nezumi la serra fermement, et se pencha pour baiser galamment celle de Lady Elisabeth lorsqu’elle lui tendit. Elle rosit et se raidit, et Shion se dit qu’il allait y avoir beaucoup plus d’ambiance.
« C’est un honneur, et un plaisir, de vous recevoir. »
Adrian regardait son ami avec surprise et Yui avec amusement.
Comme Shima l’appelait de plus en plus fort, Nezumi se hâta d’aller la prendre dans ses bras :
« Coucou ma chérie !
– Papa !!!
– Oh t’es trop jolie comme ça ! »
Il se mit à bécoter sa joue :
« Miam miam la jolie fraise ! »
La petite fille éclata de rire.
Shion gloussa et demanda :
« Qu’est-ce que je te sers, mon cœur ?
– Adrian a laissé du whisky ? demanda Nezumi en serrant la main du grand brun.
– Eh ! protesta ce dernier, amusé, en la serrant.
– Un peu, tu en veux ?
– Volontiers. Salut, Freedom, salua ensuite le jeune acteur en tendant la main à son ami borgne.
– Salut, cher rongeur, répondit le blond en la serrant. Ça a été, ta pièce ? Vous avez déliré sur quoi, ce soir ?
– On a tenu 17 minutes sur « Si Dieu nous a fait à son image, alors est-il logique de penser que Dieu est une entreprise de gens qui ont la même tête que chacun d’entre nous ? »
– Pas mal !
– Oui, on était assez fiers de nous.
– Mais vous faites ça pour quoi, au juste ? s’enquit Adrian.
– Ben, ça a commencé comme une blague, on est parti sur un délire avec Takeo un jour, à la répet’, sur « si on m’attend au tournant, est-ce que je m’en tire si je vais tout droit ? », et le soir, pendant la pièce, on est reparti là-dessus, mais quelques minutes, comme ça, et ça a bien fait marrer le public. Sauf que ça a aussi vexé notre jolie jeune première qui ne trouve pas ça sérieux et à qui du coup ça vole un peu la vedette. Mais mademoiselle ne nous l’a pas dit en face, et donc, ben, on a un peu continué juste pour l’emmerder, et aussi pour voir quand elle viendrait nous le dire. On a parié, d’ailleurs, moi qu’elle viendrait jamais, Takeo qu’elle ne tiendrait pas jusqu’à la fin des représentations. Donc, on sait par personne interposée qu’elle est furax, et plus elle est furax, plus on en rajoute… Et le public adore, on sait qu’il y a des gens qui sont venus plusieurs fois pour ça. Donc, aucune raison qu’on arrête. »
Shion tendit son whisky à Nezumi qui le prit en lui disant tendrement :
« Merci, mon amour. »
Yui regardait Nezumi avec un petit sourire et Adrian un air toujours un peu plus sceptique. Shion se rassit sur son fauteuil et Nezumi prit celui laissé vide par Shinobi, qui était toujours sur la chaise, près d’Akame. Le jeune acteur, sa fille toujours dans les bras, se retrouvait ainsi à la gauche de Lady Elisabeth. Il lui sourit. Ne sachant trop que lui dire, cette dernière tenta :
« Votre fille vous ressemble vraiment beaucoup.
– Oui, c’est la plus belle !
– La phrase que tous les pères du monde ont dite, sourit Yui.
– Oui, et les autres avaient tort. » répliqua Nezumi.
Ils rirent tous, puis Shion reprit :
« Shima n’a pas encore mangé, on pourra passer à table quand ça sera fait, si ça vous convient.
– Je devrais survivre jusque là, opina Yui. D’ailleurs, puisque j’ai le temps, je vais aller fumer, moi, si vous permettez…
– Pas de souci, tu connais la maison. »
Yui opina, se leva doucement en tenant Haru, le posa à sa place et sortit :
« A tout de suite. »
Il y eut un petit silence, puis Nezumi demanda :
« Tout va bien, Adrian ? Vous avez l’air épuisés, tous les deux ?
– On a accumulé pas mal de nuits blanches ces dernières semaines, reconnut le grand brun avec un soupir. Surtout Yui. Il y a eu une sale affaire d’espionnage industriel qui l’a bien occupé, là.
– Il s’en est extrêmement bien tiré, intervint posément Shion. Il a réglé ça d’une main de maître. Franchement, j’ai beau le connaître et savoir de quoi il est capable, là, il a bluffé tout le monde.
– Oui, il était assez content, mais il a quand même passé presque six jours sans souffler, dont trois nuits à bosser sans dormir au Palais… » soupira Adrian.
Remarquant le regard intrigué des parents d’Adrian, Shion leur sourit :
« Oh, désolé, nous allons vite vous ennuyer si nous parlons travail…
– Pas de souci, ne vous dérangez pas pour nous. Rien de dramatique tout de même, j’espère ? s’enquit Lord Richard.
– Il a quelques jours de congés, il va sûrement les passer à dormir… soupira Adrian. Enfin, s’il réussit à décrocher du boulot un minimum…
– Zento m’a donné sa parole de ne le déranger qu’en ultime recours, dit Shion.
– Il a intérêt ! » grommela Adrian.
Shima commençait à grogner, Nezumi se leva et demanda gentiment à Shinobi de libérer la chaise haute. L’adolescent prit Akame dans ses bras et leur laissa la place. Comme la fillette se frottait les yeux, Shion se leva et alla la prendre pour aller la coucher. Sa sœur n’était pas habituée à veiller. Il la fit saluer tout le monde et monta avec elle à l’étage, ils avaient installé un lit-parapluie dans la chambre de Shima.
Nezumi, pour sa part, se mit à faire manger sa fille avec douceur. Yui revint et se rassit tranquillement, reprenant un Haru ravi sur ses genoux. Il sourit à son compagnon qui lui sourit également, et lui demanda tendrement :
« Bien intoxiqué ?
– Tranquille. Il neige à nouveau.
– On a fait un gros bonhomme de neige à l’école ! dit Haru.
– C’est bien, ça. On en faisait aussi, nous, quand j’étais petit… soupira Yui.
– A Bloc Ouest ? le relança Adrian.
– Oui, oui… On réussissait à avoir des jeux d’enfants, de temps en temps… Entre trois bagarres de bandes et deux vols à l’étalage pour avoir de quoi manger…
– Aaaaah, soupira Nezumi, la vie à Bloc Ouest, si bucolique… Pleine de poésie et de joie sanglantes…
– Et au milieu de ça, L’Arc en Ciel et le Vieux, sourit Yui.
– De quoi vous parlez ? demanda Shion qui revenait.
– De Bloc Ouest à la grande époque. Ça y est, ta sœur dort ?
– Oui, elle s’est endormie comme une masse. Vous n’avez rien de plus joyeux comme sujet de conversation ?
– Quoi ! protesta Yui avec un sourire. C’était très joyeux, je ne vois pas de quoi tu parles ! Regarde L’Arc en Ciel, un havre de culture comme même No°6 n’en avait pas !
– Ah, un point pour toi.
– Que voulez-vous dire ? demanda Lady Elisabeth, qui avait froncé un sourcil intrigué.
– Que pendant que No°6 s’amusait à « réinventer » l’art et la culture avec le succès que l’on sait, répondit avec ironie Yui, faisant rire Shion et Adrian, nous on allait regarder notre cher Nezumi jouer Ophélie dans une version d’Hamlet certes un peu artisanale, mais au moins très sincèrement interprétée. »
Nezumi hocha la tête et se leva pour déclarer avec une emphase toute shakespearienne :
« Oh ! Que voilà un noble esprit bouleversé ! L’œil du courtisan, la langue du savant, l’épée du soldat ! L’espérance, la rose de ce bel empire, le miroir du bon ton, le moule de l’élégance, l’observé de tous les observateurs ! Perdu, tout à fait perdu ! Et moi, de toutes les femmes la plus accablée et la plus misérable, moi qui ai sucé le miel de ses vœux mélodieux, voir maintenant cette noble et souveraine raison faussée et criarde comme une cloche fêlée ; voir la forme et la beauté incomparables de cette jeunesse en fleur, flétries par la démence !… Oh ! Malheur à moi ! Avoir vu ce que j’ai vu, et voir ce que je vois ! »
Shima regardait son père avec de grands yeux, aussi surprise que Lady Elisabeth, alors que les autres applaudissaient.
« Ah, c’est pas à No°6 qu’on aurait eu ça ! soupira Adrian alors que Nezumi se rasseyait comme si de rien n’était.
– Ouais, ouais, les plus incultes n’étaient pas tous à l’extérieur du Mur, ajouta le jeune acteur. Même s’il y en avait pas mal…
– C’est vrai que la façon qu’avait No°6 de refouler le passé, son propre passé  y compris, était un peu dérangeante… reconnut Lady Elisabeth.
– C’était le malheur du temps, les fous guidaient les aveugles… soupira Yui.
– Ça, c’est Le Roi Lear, sourit Nezumi.
– Exact, mais à quoi bon gémir sur un malheur passé, c’est le plus sûr moyen d’en attirer un autre… ajouta le blond, toujours souriant.
– Othello, releva cette fois-ci Lady Elisabeth.
– Exact, opina Yui en lui souriant. La vermine de Bloc Ouest aurait eu bien des choses à apprendre à l’élite de No°6…
– Mais on savait déjà ce qu’elle valait, la vermine, intervint Nezumi. Et on leur a bien montré depuis, d’ailleurs.
– Personne ne peut sous faire vous sentir inférieur sans votre consentement, dit encore la Lady.
– Eleanor Roosevelt, sourit encore Yui. Une grande dame.
– Oui, intervint Shion.  Il y en a une autre d’elle que j’aime beaucoup… »
Il prit le temps de se la remémorer :
« L’avenir appartient à ceux qui croient en la beauté de leurs rêves. »
Comme Shima avait fini de manger et s’endormait, Nezumi la prit dans ses bras et se leva :
« Je vais aller coucher notre petite princesse. Si vous voulez passer à table, ne m’attendez pas. »
Après la tournée de bisous réglementaire, Nezumi partit avec sa fille. Shion se leva alors :
« Madame, messieurs, si vous voulez bien passer à table… »
Shion laissa ses hôtes s’installer, veillant à ce qu’ils laissent libre la place du bout et celle à sa droite pour lui et Nezumi, afin qu’ils puissent sans déranger faire les allers-retours entre le salon et la cuisine. Lady Elisabeth se mit à la droite de cette place vide, son mari près d’elle, Haru à l’autre bout, Yui face au Lord, Adrian face à sa mère et Shinobi, enfin, à la gauche de son frère et donc à la droite d’Adrian.
Avant de s’asseoir cependant, ce dernier demanda à Shion s’il avait besoin d’aide, et le jeune président accepta volontiers, puisque Nezumi n’était pas revenu.
Ils allèrent à la cuisine, et Shion expliqua :
« Je vais te laisser emmener le plateau de sushi, je vais emmener les sashimi, les sauces et le wasabi…
– D’accord. Yui va te bénir.
– Je sais ! Sourit Shion. Tes parents vont aimer ?
– Ben je ne sais pas trop, on va voir… »
Il y eut un silence pendant que Shion sortait tout ça du frigo.
« C’est la première fois que je te vois échanger des mots doux avec Nezumi devant des inconnus, finit par remarquer Adrian.
– Tu as remarqué ? sourit Shion.
– Oui, c’est assez rare que Nezumi t’appelle « mon amour » en public…
– Nous voulions montrer à tes parents ce que peut être la tendresse entre deux hommes amoureux.
– Je vois…
– On se doutait que Yui et toi ne feriez rien de démonstratif ou pas tout de suite, donc, on s’est dit qu’on pouvait lancer les hostilités. »
Adrian hocha la tête :
« Merci.
– De rien, mon ami, de rien. Allez, ça se passe bien, non ? Je sens ta mère enfin un peu détendue…
– Oui, je crois que le petit concours de citations a fait du bien.
– De quoi lui montrer que l’ancien terroriste est aussi un fin lettré.
– C’est clair que là dessus, lui et Nezumi nous écrasent tous… »
Shion mit les brochettes à réchauffer, le riz à cuire, et les deux hommes retournèrent au salon. Ils déposèrent les plats sur la table et Yui soupira d’aise, se régalant déjà :
« Ah, Shion, tu es le meilleur !
– Normal, mon ami, je ne serai pas président, sinon… »
La boutade fit rire la tablée. Nezumi revint enfin en chantonnant, toujours d’excellente humeur. Il s’assit à la droite de Shion, regarda les plateaux, lui sourit et dit tendrement :
« Merci, mon ange, tu t’es surpassé.
– Oh, mais de rien, mon cœur. Allons, servez-vous avant que Yui ne mange tout.
– Je vais me servir en dernier, répondit le borgne avec un sourire.
– C’est plus prudent. »
Ils se mirent à manger, les deux Britanniques découvrant avec curiosité ses plats, et leur faisant vite honneur, après un instant de scepticisme.
La conversation revint assez vite sur Bloc Ouest, No°6 et la situation des deux anciens ennemis depuis la Réunification.
« … Non, mais sincèrement, les choses sont apaisées, disait Shion. Il y a toujours des gens qui essayent de relancer le conflit, mais sur la totalité de la population, c’est une goutte d’eau. Même des actes très graves auraient du mal à rallumer la haine, maintenant.
– Vous croyez vraiment ? demanda Lady Elisabeth.
– Il restait des tensions, il en reste d’ailleurs, expliqua honnêtement Yui. Ne serait-ce parce que certains criminels ont pu s’enfuir. Mais je suis d’accord avec Shion : la majorité nous suit et a compris qu’on allait dans le bon sens. Maintenant que la police est nettoyée et que les abus sont quasi-tous dénoncés et stoppés, ça va beaucoup mieux. Il y a, il y aura toujours des mécontents, et partout. Mais ils ne sont effectivement plus si nombreux.
– Reste qu’ils sont parfois très influents… soupira Adrian. Et que même si la majorité nous suit, on ignore si elle serait là en cas de coup dur. »
Shion sourit à Nezumi qui lui servait du saké chaud.
« Espérons ne jamais avoir à le savoir… » dit-il.
Lady Elisabeth hocha la tête lorsque Nezumi lui tendit le flacon et le jeune homme la servit également, avant de faire de même avec Lord Richard qui insista :
« Vous craignez qu’en cas de tentative de coup d’État ou ce genre de choses,  la population n’ose pas réagir ?
– C’est une question que nous nous posons, effectivement, reconnut Shion. A No°6 comme à Bloc Ouest, et pour des raisons très différentes, la majorité était habituée à subir. Nous menons de grandes campagnes d’éducation civique et citoyenne à tous les niveaux, mais nous n’avons aucune idée de leur incidence en cas de vraie crise.
– Avez-vous une idée de quand vous mettrez en place un vrai système électoral représentatif ? »
Shion sourit, cette fois-ci énigmatique. Le pouvoir était concentré dans ses mains seules, et même avant qu’il ne prenne les pleins pouvoirs, il était réparti entre lui et le Conseil, et le reste n’était que délégation. Les seules consultations en suffrage direct avaient été les deux référendums destinés à, justement, démontrer le soutien de la population à ce fait. Cet aspect d’Utopia était vivement critiqué à l’étranger, en particulier à No°5, état démocratique fonctionnant avec un gouvernement dépendant d’une assemblée de représentants élus depuis des décennies si pas des siècles.
Shion prit sa coupelle de saké chaud et répondit :
« Pas tout de suite.
– Et pourquoi ?
– Parce que la population d’Utopia est encore bien trop immature pour prendre ce risque. »
Lord Richard considéra le garçon avec surprise :
« Ce ‘risque’ ? Vous y allez fort !
– Tout à fait, mais j’assume, sourit Shion. A défaut d’élection, nous avons mis en place un système de sondages très poussé. Et croyez-moi, il est encore beaucoup trop tôt pour confier au peuple d’Utopia son destin. Il serait à la merci des premiers démagogues et des pires crapules qui soient. Il ne faudrait pas deux mois pour que tout ce que nous avons construit soit anéanti et que les haines dont nous parlions à l’instant ne ressurgissent. »
Il y eut un silence. Nezumi regardait son amant avec tendresse, Adrian avec sérieux et Yui ajouta :
« C’est un sujet très délicat, mais je pense que Shion a raison sur ce point. Sur des sujets sensibles, et complexes, on voit bien qu’effectivement, la population n’est pas prête. Ça m’enrage, personnellement, mais on a fait la part du feu.
– On lâchera du lest petit à petit, et ça prendra le temps que ça prendra, mais donner le droit de vote à une population que ne saurait rien en faire est un non-sens. Éduquer d’abord, construire des citoyens éclairés, est la base de tout, et surtout d’une réelle démocratie. » conclut Shion.
Yui opina :
« Il faut déjà faire taire les rancœurs…
– Les vôtres ? »
Lady Elisabeth n’avait pas dit ça méchamment. Yui le sentit bien et haussa les épaules avec un sourire :
« Les miennes aussi, oui. Mais ça va, il ne m’en reste pas tant.
– J’avoue, dit-elle encore, sans doute un peu désinhibée par le saké, je m’attendais à un homme bien plus virulent. »
Yui sourit encore.
« Quand on comprend que la colère et la violence seules ne servent à rien, à quoi bon les garder ? Et puis, il faut savoir pardonner à ses ennemis, ça les énerve.
– Oscar Wilde.
– Exact. Mais pour être tout à fait honnête sur ce point, vous pouvez remercier Shion et Nezumi de m’avoir ouvert les yeux là-dessus. »
Adrian eut un petit rire, comme Nezumi, et Shion haussa les épaules à son tour :
« Allons, tu n’étais pas si obtus.
– Non, mais quand même… Je pense que j’aurais mis plus de temps à comprendre si tu ne me l’avais pas demandé si clairement.
– Demandé quoi ? s’enquit Lord Richard, intrigué.
– Après qui il en avait, répondit Shion.
– Je refais la citation complète, corrigea Yui. « On peut savoir contre qui tu es énervé ? » et d’ajouter : « Non, parce qu’on a besoin de ton aide, on a du boulot. Alors si tu en veux à quelqu’un, va t’expliquer avec et reviens vite. »
– C’est la première fois que je voyais quelqu’un clouer le bec de Freedom, dit Nezumi.
– C’est vrai que je suis resté con, admit l’ancien résistant. Parce que je venais de comprendre qu’en fait, je n’en voulais à personne… Enfin, personne de réel. Je haïssais No°6, parce que cette maudite ville m’avait pris mes parents et ma sœur, mais No°6, c’était personne… Après la chute du Mur, avec la disparition des anciens dirigeants de la ville, je n’avais plus rien à haïr.
– Par contre, on avait deux villes à reconstruire, donc, besoin de toute notre énergie pour ça.
– Ajoutez à ça qu’il a croisé un beau colonel qui lui a montré que même chez les soldats de No°6, il y avait des gens biens… » ajouta Nezumi avec un grand sourire.
Adrian et Yui se sourirent et leurs mains se nouèrent.
« Ouais, y a eu ça, aussi… »
Lord Richard et Lady Elisabeth échangèrent un regard attendri.
Et Shion et Nezumi un regard complice et entendu.
Mission accomplie.
Le repas s’acheva dans une ambiance bien plus sympathique. Lorsque minuit sonna, les souris « nettoyaient » sagement la table. Adrian et Yui étaient sur la canapé, le bras du grand militaire autour des épaules de son compagnon, qui avait posé sa main sur la sienne. Shion servait des thés et des cafés, Nezumi jouait du piano et Lord et Lady Blacksteel dansaient au rythme de sa musique. Shinobi regardait tout ça avec une fatigue visible, mais un petit sourire, Haru tout câlin sur ses genoux.
Minuit sonna donc et Nezumi cessa de jouer sa valse pour passer à Jingle Bells. Lord Richard et son épouse arrêtèrent donc de danser et Shion se redressa :
« Joyeux Noël à tous ! » dit-il.
Adrian et Yui se levèrent, tout comme Shinobi, qui garda Haru dans ses bras, et Nezumi. Tout le monde se souhaita un bon noël, se serra la main, puis Nezumi attrapa Shion pour l’embrasser sans sommation, et les deux autres couples se permirent donc un baiser plus discret, mais bien réel.
Haru distribua les cadeaux, aidé de Shinobi, et tout le monde ouvrit ses paquets, tranquillement assis autour de la table basse, et buvant son thé ou café.
Haru avait une grosse peluche, Shinobi un sabre de kung-fu, Nezumi un coffret de vieux films, Shion un autre coffret d’autres vieux films, Adrian un très beau livre sur Le Caravage, Yui une superbe édition en fac similé de Jules Verne, Lord Richard une bouteille du meilleur whisky que produisait le Japon, et Lady Elisabeth resta bête en découvrant un très vieux livre qui s’avéra être une édition anglaise de 1693 de Roméo et Juliette.
Stupéfaite, elle avisa Shion et Nezumi qui la contemplaient avec un sourire.
« Ne nous remerciez pas, lui dit le jeune acteur. L’idée est de Yui.
– Merci tout de même, à vous et à lui… Mais où avez-vous trouvé ça… ?
– Dans un recoin de notre bibliothèque, répondit Shion. Enfin, de la bibliothèque de Nezumi que nous avons ramenée de Bloc Ouest quand nous avons aménagé ici, précisa-t-il.
– Sûrement des restes de livres sauvés des purges de No°6, expliqua Yui. Content que ça vous plaise, en tout cas. »
La lady feuilletait l’ouvrage avec une émotion palpable.
« Il y avait ça aussi, à Bloc Ouest… » pensa-t-elle tout haut.
Yui sourit encore sans répondre. Nezumi et Shion échangèrent un sourire et Shion déclara :
« Même au plus profond des ténèbres, il y a toujours une petite lumière.
– C’est de qui, ça ?
– Aucune idée. Alors on n’a qu’à dire que c’est de moi. »

*********

Yui et Adrian regagnèrent leur voiture main dans la main, sous la neige qui tombait doucement. Ils étaient partis en même temps que les parents d’Adrian, qui les attendaient de pied ferme pour déjeuner au restaurant de leur hôtel.
« Ça va mieux, Adrian ?
– Oui, ça va beaucoup mieux. Ça doit être la magie de Noël… »
Le grand brun s’arrêta pour prendre son ami dans ses bras. Ils s’embrassèrent longuement.
« Doute que les étoiles soient de feu,
Doute que le Soleil se meut,
Doute que la verité mente elle-même
Mais ne doute pas que je t’aime. »
Yui sourit :
« Toi aussi, tu t’y mets ?
– Hm, hm.
– Tu ne m’avais jamais récité de Shakespeare.
– Il faut un début à tout. »
Il y eut un silence.
« Je t’aime, Yui.
– Moi aussi, je t’aime, Adrian.
– Je suis très heureux que ça se soit bien passé, ce soir. Mais c’est toi que j’aurais choisi si j’avais dû faire un choix. »
Yui sourit :
« Merci. Mais tu n’as pas eu à en faire, alors n’y pense plus. »
Ils repartirent, toujours main dans la main.
« L’amour ne fait pas tourner le monde, mais c’est grâce à lui que le monde vaut la peine de tourner… soupira encore Adrian.
– C’est joli, ça.
– Et c’est très vrai. C’est d’un certain Jones, je crois… »
Yui sourit :
« On aura été très cultivés, ce soir. »
Adrian sourit et opina du chef.
« And so british…
– Sure. »

*********

Shinobi et Haru étaient couchés et Shion et Nezumi finissaient de ranger le salon.
« … Mais il n’y avait pas vraiment de raison que ça se passe mal… disait Nezumi.
– Non, mais je pense que ça aurait pris plus de temps.
– Ça, possible. C’est vrai que les mettre en terrain neutre et avec nous en tampon, ça a dû aider. Comment tu les as trouvés ?
– Ma foi, un peu coincés, mais sympathiques. Ça allait mieux après le saké.
– Ça aide toujours, le saké. Il en reste, d’ailleurs.
– Moui.
– Et tes sushi étaient excellents.
– Tes brochettes étaient vraiment bonnes aussi. »
Nezumi hocha la tête. Ils avaient fini. Il vint prendre Shion dans ses bras et lui dit sensuellement :
« J’ai envie d’un autre dessert…
– Tiens, tiens. Laisse-moi deviner… Un qui se prend en privé dans un lit ?
– Par exemple. »
Ils s’embrassèrent.
Ils montèrent, Nezumi emmenant innocemment le saké qu’un peu plus tard, il dégustait savoureusement dans le nombril de Shion.
Ce dernier était allongé sur le dos, son kimono juste ouvert, dévoilant un corps qui ne portait sous le tissu bleu d’un boxer. Nezumi n’avait pas dénoué le sien, il avait envie de profiter de la nudité de Shion sans pour autant se découvrir lui-même.
Shion était dur et gémissait sous la caresse de la langue sur son ventre, comme sous celles de ses mains sur ses cuisses.
Nezumi finit sa dégustation et ses lèvres remontèrent sur le torse pâle, s’amusant sur la marque rose, avant de se redresser pour aller embrasser très longtemps son amant, frottant dans un rythme entêtant sa cuisse entre les siennes. Shion avait passé ses bras autour de ses épaules, fourrageant dans les cheveux bleutés. Nezumi lui ôta le boxer sans cesser réellement son baiser, et ses lèvres redescendirent lentement le long de son corps pour venir le prendre en bouche sans attendre.
Shion replia ses jambes et se mordit les lèvres, avant de se mettre à crier rapidement, Nezumi l’ayant englouti en entier et ses doigts se faufilant en lui pour le préparer. Shion gémit :
« … Pas si fort… Je vais… »
Sa phrase s’acheva dans un cri lorsque la deuxième main de Nezumi se mit à caresser ses bourses, particulièrement un petit point juste derrière elles qui était très sensible.
Shion jouit en criant le nom de son amant, en se cambrant, avant de retomber amorphe sur le lit.
Nezumi ne lui laissa pas le temps de souffler. Il le saisit pour le redresser, le dégageant du kimono, pour l’embrasser passionnément et l’installer à cheval sur ses propres cuisses. Shion passa ses bras autour de lui, répondant au baiser avec ardeur, totalement nu contre lui. Nezumi sourit contre ses lèvres. Shion se frottait contre son érection, très significative malgré l’épaisseur du tissu noir. Nezumi le caressait, très excité, et Shion, à bout de souffle, finit par se dégager de son étreinte, et se mettre à quatre pattes devant lui pour dégager juste son sexe du kimono et du boxer et se mettre à le sucer avec gourmandise, le caressant d’une main. Nezumi se mit à haleter aussi, se sentant grossir et durcir.
Shion ne le tortura pas trop longtemps. Il se rallongea vite sur le dos, jambes plus que significativement écartées. Nezumi sourit, vint au-dessus de lui, l’embrasser avec force en saisissant ses hanches et en le pénétrant sans attendre. Shion cria dans sa bouche et referma ses jambes autour de sa taille, ses bras autour de ses épaules, et Nezumi se mit en mouvement avec force. Il ne cessa pas ses baisers, alors qu’il perdait la tête comme Shion, redoublant d’efforts, rendant son amant complètement fou. Shion jouit le premier, et comme à chaque fois que c’était le cas, il se resserra sur Nezumi qui en jouit aussitôt.
Il s’écroula sur Shion.
Quelques secondes passèrent. Shion l’avait enlacé et caressait tendrement sa tête. Nezumi soupira d’aise et se retira, provoquant un ultime frisson de plaisir chez son amant.
« Je t’aime, Nezumi. »
Nezumi sourit et se lova plus fort contre lui. Il ne dit rien. Shion sourit. Un jour, il le savait, Nezumi arriverait à le lui dire, lui aussi.
« Je suis heureux avec toi, Shion. » murmura-t-il.
Shion sourit.
« Joyeux Noël, mon joli rat.
– Merry Christmas, my love. »

Le 25/12/2015 à 19h10

(6 commentaires)

  1. Salut ! ta fanfic est EXTRAORDINAIRE, sérieusement sur no.6 peu (voir pas) de fanfiction sur ce maga/anime m’ont fait vibrer comme la tienne l’a fait. Tout est parfait, l’histoire, l’écriture, le déroulement et les jolis petits lemon 😉 ! Alors s’il te plaît N’ ABANDONNE PAS CETTE FIC ! je t’en supplie *me met a genoux les doigts joints* écrit la suite, je ne suis pas encore prête à devoir dire adieu à shion et nezumi que tu as créer dans ta fic ! S’il te plaît s’il te plaît s’il te plaît cette histoire n’est pas encore fini s’il te plaît peut tu écrire la suite ? je suis une humble lectrice qui te demande en doléance de la faire vibrer comme jamais, merci d’écouter (ou plutôt de lire) ma demande. A+

    1. @ANAOT : Mééééééeuh je demande que ça moi… J’y peux rien si cette garce d’inspiration a foutu le camp… Sérieusement, je sais pas combien de fois j’ai relu cette fic pour essayer de m’y remettre et ça fait 10 fois que j’essaye de reprendre… Ca veut pas… Bon, je crois que je vais devoir faire mon deuil snif… Je vais essayer d’au moins écrire un résumé de la suite pour que vous ayez la fin, mais je doute vraiment de pouvoir faire plus… Et ouin, franchement, ouin, moi aussi j’étais à fond dedans… :s Vraiment, mais vraiment désolée…

      1. NOOOONNNN pas un résumé de la fin !!! mais pourtant tu n’as toujours pas écrit le chapitre sur la réunion des états, ce qui se passe avant le hors série sur le noël ! écoute c’est sûrement prétentieux de ma part, mais moi j’ai énormément d’imagination mais je n’ai pas ton écriture formidable. Si tu souhaite continuer cette fic je te donne des idées, des lignes de conduite de chapitre ect, et toi tu les écrits et quand ton imagination sera revenue je te lâcherais la grappe! Je ferais n’importe quoi pour que tu puisse terminer ton histoire (dans longtemps en espérant) correctement, ça serait vraiment du gâchis désolé de dire ça mais ta fic est trop sûprèment génial, infiniment parfaite pour que tu la bâcle! désolé c’est franc mais là tu tiens une super bonne histoire donc je te propose mon aide. Réfléchis bien s’il te plaît, tu serais vraiment surprise de ce que je suis capable d’inventer comme suite mais je ne sais pas bien écrire donc réfléchis, mon imagination contre des nouveaux chapitres. c’est un deal. si tu veux me répondre plus en privé voici mon adresse mail : anaot.anaot@gmail.com . merci d’ y réfléchir A+!

  2. Bonjour !
    Je viens de finir de lire votre fanfiction et donc, je viens faire un compte rendu (qui risque d’être long, désolée…)
    Déjà, je ne suis pas d’accord avec PLEINS de trucs. Juste pas d’accord hein, j’aime bien sinon mais je suis pas d’accord et faut que je le dise. Donc, longue liste : le bébé recueilli par Shion s’appelle Shion aussi à cause d’Inu qui l’appelle comme ça, que ce soit dans l’anime ou dans le manga (je sais pas pour le roman) Nezumi part à la fin directement sans attendre la reconstruction de N), toujours sur le rat j’ai du mal à la voir si câlin et amoureux (nan parce que déjà pour avoir un bisous faut avancer dans l’histoire (frustration !!) alors là ça fait bizarre. Mais comme y a pleins de bisous c’est cool !), Inu n’a pas de genre défini (comment ça je chipote?!), et (c’est le truc qui me gêne le plus) l’acceptation de l’homosexualité de Shion et Nezumi est trop vite acceptée par les gens de N°6 (qui viennent d’une “utopie” et je suis pas sûre que les dirigeant ait promu l’homosexualité…)
    MAIS ! ça n’empêche pas que ma lecture fut fort agréable. Je ne suis pas accro mais j’aime beaucoup et je vais devoir attendre un long moment pour la suite… Avec calme… (on va rester calme…) Votre style et les rebondissements suffisent à faire tenir l’histoire je trouve.
    Dans tous les cas, j’espère qu’un jour il y aura une suite (je ne le répète jamais assez que les miracles existent !)
    Bonne continuation

    1. @Yume : Oups, j’ai vu votre message à un moment où je n’avais pas le temps de répondre et avec tout ça j’ai zappé derrière… Toutes mes confuses !

      Pour répondre vite fait : déjà, même si j’ai lu une bonne partie du manga (que je viens tout juste d’acquérir enfin complet en anglais pour Nowel) et du roman, là, j’écris une fanfic sur l’anime. Donc, même si j’ai repris certains éléments du roman/manga, ce n’est pas à eux que je me réfère.

      Ensuite, le bébé n’est justement pas nommé dans l’anime, pas plus qu’il n’est récupéré par Inukashi comme dans le roman/manga. Shion le confie au chien qui lui ramène à la fin, point barre. Quand au fait que Nezumi parte directement après son bizou, oui, encore une fois, c’est dit dans le roman/manga, mais on en sait rien non plus pour l’anime puisqu’il ne va pas plus loin.

      Nezumi amoureux et câlin, ça j’admets tout à fait que c’est une relecture du personnage.

      Inukashi n’a pas vraiment de genre défini, mais il est très clairement sous-entendu dans le roman/manga que c’est une fille (suite à sa réaction lorsqu’ils piègent le gars de N°6 pour avoir des infos).

      Et pour finir sur l’acceptation de l’homosexualité de Shion et Nezumi, ben j’avoue que c’est une très bonne question. Il y a plusieurs choses : déjà le fait que Shion est déjà au pouvoir et a déjà largement eu le temps de faire ses preuves avant que ça ne devienne public, ce qui peut faire que la population ne le rejette pas à cause de ça car elle le connait déjà et le respecte. Ensuite, il est arrivé à pas mal de reprises historiquement qu’il y ait une certaine acceptation tacite de couples gays publics justement à cause de leur statu d’hommes publics (Cf Cocteau/Marais pour prendre un exemple récent), qui ne vaut pas bien sûr pour les citoyens lambda. Ce qui est d’ailleurs assez hypocrite, mais c’est un autre débat.

      Quant à la reprendre, j’aimerais vraiment, c’est une histoire que j’aime bien… Donc on croise les doigts !

      Merci beaucoup en tout cas 🙂 !!

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