Salut à tous !
Aujourd’hui, dimanche 25 janvier 2015, entre deux origamis car on s’occupe comme on peut entre deux pages d’écriture, il fait gris et froid, y a des gosses qui font du bruit dehors, le chat fait sa toilette et moi, je rouille sagement et je vais vous causer d’un vieux manga que même moi j’étais pas née quand il a été fait.
Par contre, étant donnée la légendaire rapidité des éditeurs français, j’étais largement majeure quand il est sorti chez nous.
Oui, cette remarque était totalement gratuite ^^ !
Le Cœur de Thomas, de Moto Hagio, est en effet initialement paru au Japon entre 1974 et 1975. Et a été publié en France par Kaze en… Allez, devinez ?
En gros ?
Bon accrochez-vous : 2012 !
C’est beau non…
Alors j’admets volontiers que vu la nature et l’âge de l’œuvre, c’est tout à fait logique que ça paraisse maintenant et aussi que ça n’ait pas carburé en tête des ventes.
En fait, ce mange est un “classique”, à lire bien plus par curiosité qu’autre chose.
Le Cœur de Thomas est en effet considéré comme le premier vrai shonen-aï, le premier récit mettant en scène des amours entre garçons de façon claire et assumé. C’est donc intéressant à lire quand on est yaoiste. D’autant que malgré son âge, c’est très loin d’être mauvais.
Alors bon, soyons honnêtes : ce manga a à peu près tous les défauts des mangas de cette époque : déjà, ‘faut accrocher au dessin, tout à fait reconnaissable :
Bon, moi perso, ça me gène pas. C’est daté, mais ça reste joli et très lisible.
Le ton ensuite. Alors, non, cette histoire n’est pas un drame, comme j’ai pu le lire. Si l’histoire commence mal, elle se finit de façon totalement ouverte et franchement pas mal. Le ton et l’ambiance se veulent dramatiques, un peu grandiloquent parfois, mais encore une fois, on est dans les années 70, à une époque où une œuvre “grand public” parlant de ces thèmes ne pouvait pas être joyeuse et bien se finir. Dans le même ordre d’idée, c’est très soft. Mais il y a quelques baisers et c’est franchement pas si mal pour l’époque !
A titre de comparaison, un manga yuri de la même époque (1971), Shiroi Heya no Futari, est un drame et personnellement je ne l’ai vraiment pas aimé. Là on est dans un drame totalement caricatural, ni le récit, ni les persos ne sortent des clichés : pensionnat de jeunes filles, l’insupportable cruchotte blonde et la brune trop rebelle, grand amûûûûûr impossible et fin à se pendre. Si ça vous dit, c’est court à lire, pour votre culture, mais n’en espérez pas beaucoup de gaîté.
Le Cœur de Thomas est une œuvre grave, qui manie des thèmes graves, mais non, ce n’est pas un affreux drame déprimant.
Mais continuons donc par le début. ^^
Nous sommes dans un pensionnat de garçons, en Allemagne, dans une période pas très bien définie, mais sans doute dans les années 30. Pensionnat catholique, assez stricte, mais pas tant qu’on s’y attendrait, et, un matin, à la fin de l’hiver, un jeune garçon répondant au nom de Thomas va se suicider. Accident pour tout le monde, sauf pour son camarade Julusmole (ne me demandez pas où elle a pioché ce nom, je continue en l’appelant Juli, comme ses potes), qui reçoit vite une lettre du défunt dans lequel ce dernier lui ouvre et lui offre son cœur.
Vous la sentez, la bonne journée qui commence, là ?
Bien que très choqué, Juli tente de tenir bon, soutenu entre autre par son camarade de chambre et meilleur ami, Oscar. Un peu de temps passe, Juli commence à se remettre quand débarque à l’école un nouvel élève, Eric, qui ressemble à s’y méprendre à Thomas, mais qui a un caractère bien trempé, lui, comparativement à l’angélique défunt. Exaspéré d’être sans cesse comparé à ce mort dont il ignore tout, Eric va mener l’enquête, essayer de savoir pourquoi Thomas est mort et surtout, quel secret ronge le froid Juli…
Publié en un seul très gros volume de plus de 450 p., Le Cœur de Thomas est un long récit très riche, fourmillant de persos secondaires attachants et de sous-récits globalement plutôt intéressants.
La vie au pensionnat est suffisamment décrite pour ne pas être qu’un décor, c’est même souvent assez drôle. Les personnages principaux sont bien foutus, Juli toujours sur la brèche, Eric tendre fonceur, Oscar tout en ambiguïté, pour ne citer que ce trio.
Honnêtement, m’attendant à un mièvre drame abomiffreux, j’ai plutôt été agréablement surprise, de découvrir une histoire très riche et pas si sombre, des persos franchement pas si caricaturaux, et donc surtout une fin ouverte et pas horriblement mélodramatique et dépressive à souhait.
Je ne peux donc que sincèrement vous conseiller de jeter un œil à ce manga si vous le croisez, pour votre culture yaoiste et votre culture tout court.
Vala vala.
Bon, maintenant, voici les chapitres 29 et 30 de Marco.
Et je retourne à mon cahier et à mes papillons de papier.
Bonne semaine à tous !