Salut tout le monde !
J’espère que ça va bien pour vous, moi ça va tranquillum.
Semaine cool avec des ateliers d’aide à la recherche d’emploi aussi intéressant pour l’un qu’inutile pour l’autre… Les joies de boites de presta de Pôle-Emploi… Ceux qui savent comprendront.
Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, on va parler de gonzesses. 🙂
Et même de gonzesses qui se font des bizoux et bien plus si affinités :p !
Aujourd’hui on cause yuri avec une petite trilogie dont le dernier tome est (enfin) sorti fin janvier chez Taïfu…
All we need is love de Amano Shuninta, à qui on doit aussi le sympathique, mais aisément oubliable, Sweet guilty love bites, est donc une trilogie yuri parue entre mars 2014 et janvier 2016 en France. Je gardais un bon souvenir des deux premiers tomes, et j’attendais la conclusion avec intérêt, à défaut d’une réelle impatience. Et maintenant que nous y sommes, voyons ce que nous pouvons dire de cette œuvre.
A noter que le titre original, Watashi no sekai wo kôsei suru chiri no yô na nanika, signifierait plus quelque chose comme “à quoi ressemblent les poussières qui constituent mon monde”, phrase qu’on retrouve en anglais à de nombreuses reprises en tête de chapitre. Poussière semblant ici être entendu dans le sens de choses sales, il est assez difficile d’interpréter ce titre, de savoir si on parle de toutes les petites choses pas forcément toujours très belles qui constituent nos vies, ou s’il y a un réel jugement de valeur sur les actions des héroïnes.
Ce manga suit sept jeunes femmes, toutes étudiantes à la même fac, sur quelques années, dans un chassé-croisé sentimental et sexuel parfois un peu flou.
Flou pour plusieurs raisons, déjà narrativement, via des changements de temps et de lieux parfois un peu vagues, et aussi, à mon goût, graphiquement, certaines des demoiselles ayant des chara-design assez proches, ce qui , surtout en noir et blanc, ne rend pas toujours la lecture très facile. Mais bon, là, on parle de moi et de mes yeux de m****, donc ça se discute.
L’histoire commence alors que Ruki, amoureuse sans trop en être consciente de son amie Sachi, enrage de voir celle-ci enfermée dans une relation, dépendante d’un garçon aussi jaloux qu’omniprésent, incapable de rien faire sans son accord.
Ces deux demoiselles et la meilleure amie de Ruki, Fueko, se retrouvent, lors d’un exercice de travail en groupe, à faire équipe avec quatre autres filles : Asuna, qui va se révéler être la compagne de Fueko, Meru, une fille bien en chair, gloutonne invétérée, Remia, jeune femme très libérée, et Maasa, aussi riche que pingre, mais amie aussi intelligente que fidèle.
Les vies, les nuits se croisent, les relations se font, se défont… C’est à la fois assez intéressant de ce que ça peut montrer de jeunes femmes qui se cherchent, aussi bien personnellement que sentimentalement, ayant toutes plus ou moins leurs casseroles à traîner. Certaines intrigues ou sous-intrigues sonnent ainsi étonnamment juste, mais certaines ambiguïtés me laissent un peu sceptique et sur ma faim.
J’ai vraiment aimé le côté libérées de ces demoiselles, même si j’ai regretté que ça soit plus suggéré que montré. L’idée plus ou moins explicites que certaines soient bisexuelles et se fassent plaisir à droite à gauche est vraiment sous-exploité, voire pas du tout assumé à mon sens, et c’est dommage. La faute à ce qui reste pour moi un vrai défaut, pour le coup : l’absence quasi total de perso masculin dans ce manga.
Alors rassurez-vous, j’ai exactement le même souci avec les histoire de yaoi qui ne contiennent pas le moindre perso féminin. ^^
Mais là, il n’y a en tout et pour tout que deux hommes dans le récit : le petit ami de Sachi qui est un connard, et le serviteur de Maasa qui est un vieux monsieur (d’ailleurs, dans le VF, elle l’appelle Papi). Autant ce genre de facilité me fait sourire dans des milieux où c’est cohérent (le sempiternel pensionnat pas mixte, ou un monde futuriste ou les femmes ou les hommes ont disparu), autant dans un récit que se veut réaliste et contemporain, ça me chiffonne quand même un peu.
Du coup, le récit et sa portée sont un peu biaisés, ce qui est dommage. J’ai trouvé très intéressant de monter du sexe sans amour assumé, de montrer un amour qui se révèle impossible parce que, même en ayant de vrais sentiments, les deux filles ne parviennent pas à surpasser certaines difficultés. Remia couche à droite à gauche, au risque de créer des problèmes à celles qu’elle prétend être ses amies, et est un personnage aussi complexe qu’ambigu, donc on se saura jamais, en fin de compte, si elle agit pour les faire réagir et les pousser l’une vers l’autre ou si elle s’en fout vraiment et s’amuse juste, ce qui reste quand même très crédible. Asuna et Fueko s’aiment vraiment, mais le gout immodéré du sexe de la première ne peut pas se refréner devant l’absence de désir de l’autre. Même “l’autoriser” à aller se soulager ailleurs ne règlera rien… Meru est hantée par les souvenirs de sa période de surpoids et obnubilée par le désir d’être aimée, d’être désirée, ce qui la pousse aussi à certaines extrémités.
Ça sonne juste, ça sonne bien, les persos auraient parfois gagné à un peu plus de profondeur, mais ça marche, les évolutions sont bien vues, et surtout, et c’est ça, à mon sens, qui est vraiment intéressant, l’auteure n’approuve ni ne condamne ses héroïnes. Elles vivent leurs vies, elles l’assument, ce n’est ni bien ni mal, c’est juste comme ça, des poussières de vraie vie.
Si la fin est partiellement convenue, tout n’est pas rose bonbon et chacune bien rangée dans une petite case toute propre. Si on attendait certains couples, on ne les attendait pas forcément comme ça, et c’est bien aussi.
Dites donc je vous ai fait une sacrée dissert’, là… Moi qui pensais n’avoir pas grand chose à dire… ^^’
En conclusion… Malgré certaines faiblesses narratives, All we need is love est une œuvre mature, qui pose de vraies bonnes questions sur l’amour, le sexe et les couples. Certaines thématiques auraient mérité d’être plus creusées ou assumées, mais on est quand même globalement dans du très bon, un récit adulte et bien mené, avec une bande d’héroïnes qui ont toutes leurs qualités, leurs défauts et leur pierre à apporter, tant à l’histoire qu’aux problématiques soulevées. A lire donc, si ça vous intéresse ! 🙂
Sur ce, je vous laisse aller voir comment Salem va reprendre les choses en main, dans les chapitres 13 et 14 de Pour des siècles et des siècles.
Bonne semaine à tous !