It’s fun to stay a the YMCA… [Bros]

Salut tout le monde ! 🙂

Petite news un vendredi, car je vous rappelle que ce WE, je serai Ă  la Japan Touch de Lyon, Ă  Eurexpo, sur le stand de l’Espace Lyon Japon, en B37.1 ! 🙂 Venez nombreux ! ^^

Sinon, histoire de ne pas vous dire que ça, parce que c’est un peu court jeune homme tout ça, si on parlait un peu cinĂ© ? Ça faisait longtemps ! 🙂

Tout ça parce que, ben, si je continue à aller au ciné régulièrement, ça faisait longtemps (donc) que je n’avais pas vu un film dont j’avais envie de vous parler. ^^

Alors, donc, ce Bros, vendu comme LA comĂ©die romantique gay tout public qu’on attendait tous, avec un vrai casting lgbtqiaz+, produite par un vrai grand studio, est-il Ă  la hauteur de ses ambitions ?… Ben c’est ce qu’on va voir.

Bros est donc un film américain de Nicholas Stoller, produit par Universal (et sans mauvais jeu de mots, c’est couillu de leur part d’avoir produit ça, j’admets) et avec dans les deux rôles principaux Billy Eichner et Luke MacFarlane.

Pour ce qui est du rĂ©sumĂ©, ça tient en deux mots : comĂ©die romantique. Basique, rien Ă  signaler, aucun clichĂ© du genre ne vous sera Ă©pargnĂ© : vous allez bien passer deux heures Ă  regarder nos deux charmants quadras jouer Ă  « Je t’aime, moi non plus Â» jusqu’à ce qu’après bien des malentendus, ils finissent par roucouler pour la vie, ou au moins par tranches de trois mois renouvelables (ceux qui savent comprendront).

Alors, les points positifs.

Très bon casting, très colorĂ©, très inclusif, ça fait plaisir Ă  voir. C’est cousu de fil blanc, mais intĂ©ressant et bien menĂ©, vraiment drĂ´le. On passe globalement deux heures bien sympas en compagnie de cette joyeuse galerie de personnages. Nos amoureux sont tour Ă  tour mignons, touchants, Ă©nervants, rigolos et on a beau ĂŞtre conscient que ce genre d’histoire reste un pieux mensonge bien orchestrĂ© pour maintenir le mythe du « grand amour Â» (bien plus rare qu’on nous le vend), ben c’est attendrissant de voir une paire de nigauds se tourner autour, un pas en avant deux pas en arrière, pour finir par convoler dans le bonheur. Le fait d’avoir un vrai casting LGBTQIAZ+ est aussi vraiment très cool. Le film se moque assez des Ĺ“uvres produites et jouĂ©s uniquement par des hĂ©tĂ©ros en quĂŞte d’oscars, d’ailleurs… Ce qui n’est pas sans fondement.

Je me posais la question, en y allant, de pourquoi ce film voulu vendu comme si « grand public » faisait un tel bide, tant aux USA que de notre côté de l’Atlantique. J’ai eu la réponse en le voyant. Et c’est extrêmement simple : ce film exclut de fait, et de façon très brutale à mon sens, toute la communauté cis-hétéro.

En quoi c’est un problème, me direz-vous ? C’est de bonne guerre et ce ne sont pas les comĂ©dies romantiques cis-hĂ©tĂ©ros qui manquent !

Certes. Et si ce film avait été une énième romance gay indé, je n’aurais même jamais relevé ça. Mais, encore une fois, ce film se voulait enfin une comédie romantique gay produite par un grand studio et tout public. Et il n’est pas tout public. Pas du tout. C’est franchement dommage, mais ce film, pour aussi bon qu’il soit, est beaucoup trop référencé, beaucoup trop engagé, beaucoup trop revendicatif, voir carrément ironique face au reste du monde (et je ne parle même pas des scènes érotiques). Si ça n’enlève rien à ses qualités, ça le coupe de fait de tout un public, même LBGTQIAZ+ d’ailleurs, de toutes les personnes qui ne sont pas à 100 % dans cette culture et la maîtrisent sur le bout des doigts.

Et c’est là que le film me pose un sérieux problème.

Parce que je comprends cette envie revendicatrice et que j’y adhère, que je ne peux qu’applaudir cette volonté de mettre pas mal de points sur pas mal de i, de rappeler qu’on a invisibilisé avec une extrême violence les LGBTQIAZ+ de l’Histoire partout dans le monde, qu’il est primordial de sortir ces figures historiques du placard, de montrer la diversité de l’arc-en-ciel en incluant des trans, des personnes racisées, des bis, tout ça, dans le récit, parce que les générations actuelles et les prochaines doivent savoir que nous avons toujours été là, et que c’est normal, et que tout va bien.

C’est vraiment très bien vu comme ça.

Sauf que c’est ça qui rend ce film inaccessible au grand public.

 

Pourquoi ce film a fait un bide aux USA, hein, se demande-t-on ? Je reformule : comment un film oĂą l’enjeu principal d’un des hĂ©ros est d’ouvrir un musĂ©e de l’Histoire LGBTQIAZ+ Ă  New York, avec toute une sous-intrigue tournant autour du fait de dĂ©dier une aile Ă  Lincoln supposĂ© gay ou bi pourrait ne pas ĂŞtre un bide aux USA ? Surtout des USA post-Trump oĂą la droite et l’ultradroite LGBTphobe sont en première ligne comme rarement ?

Une scène est pour moi très emblĂ©matique de ça, celle oĂą Bobby (le gars du musĂ©e) rencontre ses beaux-parents. Bobby est très engagĂ© et lĂ , et mĂŞme si je suis en thĂ©orie complètement d’accord avec lui, Ă  ce moment prĂ©cis du film, j’ai juste eu envie de lui en retourner une en lui disant « La ferme, lĂ , maintenant, stop. Tu ranges ton militantisme dans ta poche dix minutes, s’il te plaĂ®t. Â». Non pas, comme je le disais, parce que je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit, mais parce qu’il est parfois important de lâcher un peu de lest pour mieux convaincre Ă  long terme ses interlocuteurs. Surtout quand ça risque de blesser la personne qu’on aime. Entre se nier soi-mĂŞme tout court et mettre un peu d’eau dans son vin une heure ou deux, il y a de la marge.

Tous les gens qui me connaissent le savent : ce n’est pas vraiment la graine d’anarchiste que je suis qui ai sa langue dans sa poche sur les sujets politiques et sociĂ©taux. Mais je sais aussi qu’il y a un temps pour tout et que face Ă  certaines personnes, ce n’est pas en revenant Ă  la charge sans arrĂŞt qu’on n’arrive Ă  rien.

Et c’est donc un peu le souci que j’ai avec ce film, c’est qu’à vouloir trop appuyer son combat (légitime, encore une fois, ce n’est pas la question), à trop citer sans cesse des références et des artistes, queers ou pas, américano-américains, il en devient imbitable pour toutes les personnes qui n’ont pas ces codes, ces références, cette connaissance de ce milieu et de son histoire, et il rate donc le coche pour devenir un vrai film tout public.

J’aurais voulu que ce film marche, mais dans l’état et en 2022, il aurait effectivement fallu qu’il soit bien plus consensuel et moins revendicatif pour vraiment espĂ©rer toucher un plus large public. Oui, c’est dommage, bien sĂ»r que c’est dommage, mais aussi triste que ça soit, c’est le prix Ă  payer pour un plus grand succès. C’est aussi ce que le film dĂ©nonce et il a raison, mais son Ă©chec n’est absolument pas une surprise pour moi. Je la dĂ©plore, mais c’est Ă©vident qu’un film aussi virulent, mĂŞme si c’est un hurlement de vie qui crie « On est lĂ  et c’est comme ça ! Â», ne pouvait pas exploser le box-office…

Nice try, guys, but put a coin in and play again…

En conclusion, Bros reste une excellente comédie romantique, portée par d’excellents acteurs, par un scénario convenu, mais intéressant, très drôle et enjouée, mais aussi plombée par un trop plein de références trop pointues qui perdront facilement un public pas très au fait de tout ça. À voir avec des personnes open, mais ce n’est pas avec ça que vous convaincrez Tonton-réac qu’avoir peur des LGBTQIAZ+ est sans fondement… Hélas.

VoilĂ , je vous attends dans les comm’ pour en dĂ©battre et ce WE Ă  la Japan Touch ! 🙂

Bonne semaine tout le monde et à très vite pour la suite du Petit Papillon ! 🙂

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