Après Barbenheimer, je lance BarbIndy !! [Indiana Jones 5, Barbie]

Salut tout le monde ! 😊

[Attention : cette news contient de l’archéologie et du rose. Soyez prudents en cas d’allergie à un de ces deux éléments.]

Cette semaine, on va causer cinéma. Le cinéma est un endroit souvent climatisé. Y aller en période de fortes chaleurs n’est donc pas bête. J’ai beaucoup de films en retard, ce qui tomberait presque bien, vu la semaine de canicule qui s’annonce dans notre belle capitale des Gaules, mais j’ai quand même déjà pu rattraper deux grosses sorties récentes. On va donc parler d’un vieux monsieur qui fouette (© Nicolas Martin) et d’une poupée blonde.

Commençons par le premier.

Indiana Jones et le Cadran de la destinée , réalisé par James Mangold, avec Harrison Ford, Phœbe Waller-Bridge et mon Danois préféré (Mads Mikkelsen, pour les personnes qui n’ont pas suivi), est le cinquième opus de la saga éponyme du plus mauvais archéologue du cinéma. Oui, parce que niveau rigueur scientifique et respect des sites et des procédures, on repassera dans ce film comme dans les précédents. (Ah, souvenir ému de ma prof d’histoire grecque ancienne à la fac qui nous avait dit qu’ils se méfiaient beaucoup des étudiants qui débarquaient sur un chantier de fouilles en voulant jouer à Indiana Jones… Madame Peignard-Giros, si vous me lisez, amitiés à vous. ^^)

Mais bon, vouloir réviser sa méthodo archéologique avec Indiana Jones, c’est aussi bête que de vouloir réviser son astrophysique avec Interstellar, me direz-vous, et c’est tout à fait exact. ^^ La seule chose qui doit faire rêver les vrais archéologues devant ces films, c’est l’excellente conservation des lieux et artefacts millénaires qu’on y trouve… Pour reprendre le numéro 110 des Clichés des RPG, dit « Principe de l’Archéologie Appliquée », « Toute machine ancienne que vous trouvez fonctionnera parfaitement. ». Et c’est on ne peut plus vrai ici. Il suffit de chercher une image du véritable objet qui a inspiré celui que cherchent les protagonistes et ce dernier pour s’en persuader (allez taper « machine d’Anticythère » sur gogole image). ^^’’

Cette blagounette posée, que dire du film, dernier de la franchise (tout du moins jusqu’à ce qu’un marketeux de chez Disney n’ait la brillante idée de la rebooter dans les années qui viennent) ?

C’est honnêtement réalisé, aussi bien joué que le permet l’écriture, pas si moche en termes de SFX… Il est vrai que le lifting numérique d’Harrison Ford marche bien, mais, par contre, j’ai trouvé celui de Mads Mikkelsen complètement raté. Cela dit, c’est du détail et globalement, le film est sympa. Je n’ai honnêtement pas passé un mauvais moment. Mais il a pour moi deux défauts majeurs : une longueur excessive et une écriture bancale.

Je n’ai rien contre les films longs. Mon dos et mes cervicales, si, mais moi, non. Du coup, aller voir des films très longs peut nécessiter des négociations ardues avec cette petite bande, et/ou 10 ou 15 minutes d’étirement à la fin du film, mais si le film est intéressant et sa durée justifiée, cette dernière n’est pas un souci en soi. Par contre, quand ça se traîne, là, oui, ça me chiffonne et je suis donc sortie de ce film quelque peu chiffonnée. La faute à, comme dit, une écriture moyenne qui allonge de façon artificielle une histoire qui aurait vraiment gagné à être soit plus concise, soit mieux équilibrée.

La première scène est bien menée et fidèle à l’esprit aventureux des anciens films, de ce que je m’en souviens, en tout cas. L’introduction de l’intrigue principale est déjà plus fouillis. On essaye de nous vendre un vieil aigri rageux, sauf que pas tant que ça… ? Les scénaristes n’ont jamais dû voir de profs de fac odieux avec leurs étudiants s’ils croient que c’est ça, hein… Bref, Papy Indy part à la retraite et débarque là la sidekick qui va se révéler, pas répulsivement désagréable, quoi que par moment si, mais par contre très mal caractérisée.

Ce personnage est franchement mal écrit… Pas assez méchante pour la cupide monte-en-l’air qu’on essaye de nous vendre, tout de même trop avide pour être attachante, quelqu’un dont on ne sait jamais vraiment ce qu’elle veut, à part de l’argent, ni d’où elle vient, avec un arc narratif relativement inconsistant. Ils la voulaient peut-être ambiguë, vénéneuse femme fatale, mais ce n’est pas vraiment ça. Fonctionnelle dans le rôle, oui, mais pas plus que ça. Bref bis, la demoiselle fait les yeux doux à notre jeune retraité pour récupérer une moitié d’artefact qu’elle lui pique illico pour aller la revendre au Maroc, alors même qu’elle est poursuivie par une bande de nazillons qu’elle a arnaqués et qui sèment les cadavres dans une indifférence assez surréaliste, même pour un film de ce genre… Forçant Papy à reprendre son chapeau et son fouet pour aller régler ça, et surtout empêcher lesdits nazillons de récupérer le drôle de joujou en jeu.

Nazillons par ailleurs tout aussi creux. Les gros bras sont inexistants au possible et leur leader, que dire… Mads Mikkelsen est comme toujours excellent avec les miettes qu’il a, mais même lui ne peut sauver son personnage, vrai méchant très méchant sans beaucoup d’autres caractéristiques, et ça alors même que questionner la complaisance des États-Unis envers certains scientifiques nazis était, pour le coup, une vraie bonne idée. À la réflexion, j’ai trouvé la version « jeune » du perso plus vivante et mieux incarnée que sa version « vieille ». Encore une fois, du fonctionnel, mais rien de plus. Et pour reprendre la formule de Seb du Grenier concernant cet acteur, prendre un Stradivarius pour lui faire jouer Le Petit bonhomme en mousse, c’est vraiment dommage.

Bref, ça cherche, ça se poursuit, ça trouve, ça se fait piquer le joujou, ça se repoursuit, ça recherche et ainsi de suite… Et c’est trop long. Trois courses poursuites, deux MacGuffin, c’est trop. J’aurais vraiment préféré une intrigue plus resserrée et surtout, un dernier acte mieux travaillé et plus long, lui, pour le coup. Car l’idée n’est pas mauvaise. Encore une fois, il y avait matière… Mais les scénaristes n’ont clairement pas su quoi faire avec, ni du côté des antagonistes qui achèvent de se ridiculiser, ni de celui des héros qui ne font pas grand-chose. Et ne parlons pas du final très cliché dont je me serais vraiment passée, sans compter qu’il ne résout quasi rien, sauf à considérer que l’enjeu principal était la vie maritale de son héros.

En conclusion, un film d’aventure old school divertissant, mais sans plus, dû à une écriture trop faiblarde malgré un réel potentiel… Alors, je ne dis pas que les anciens étaient mieux écrits, cela dit, il y a bien trop longtemps que je les ai vus pour en juger. Celui-là, en tout cas, ne m’a pas transcendée. Question d’époque, peut-être aussi…

Bien, laissons donc Papy Indy à sa retraite bien méritée et allons voir ce qui semblait, à son annonce, une des pires idées d’Hollywood, et Dieu sait que ce n’est pas peu dire avec eux ces derniers temps… Un film live Barbie, co-produit par Mattel, espèce de serpent de mer traînant dans les tiroirs de beaucoup de monde depuis bien trop longtemps pour que ça sente bon…

Et puis, le temps passe, le projet se précise, Greta Gerwig est annoncée à la réalisation, puis les images de Margot Robbie en Barbie, de Ryan Gosling en Ken. Des acteurs qui n’ont plus grand-chose à prouver et semblent en tout cas bien s’amuser. Là, on commence à se dire : « Ah tiens, ça peut peut-être au moins être drôle. ». Le premier teaser (aka la scène d’intro du film) sort et oui, ça se confirme, ça ne sent pas la simple pub ultra-stéréotypée d’un jouet assez réputé pour l’être. Internet fera le reste, attisant l’attente de ce qui pouvait finalement se révéler une bonne surprise.

La suite, j’imagine que vous la connaissez. Le film sort, les mascus du monde entier sont en PLS. Comme souvent, vous me direz. Mais il faut admettre que devant un film rose bonbon estampillé Barbie, ça a encore plus de saveur… Le film cartonne autant qu’il divise, ayant à l’heure où j’écris ces lignes dépassé le milliard symbolique de recettes, une première pour un film réalisé par une femme.

Alors non, je ne vais pas revenir sur les « arguments » de ceux qui pensent que ce film prêche l’annihilation du genre masculin, pour ne pas dire de notre civilisation, voire promeut l’homosexualité (?) et me contenter de leur rappeler que s’ils veulent leur dose de testostérone, il y a rien qu’en ce moment : Indy, Oppenheimer, Fast and Furious, Mission Impossible, Gran Turismo, En Eaux très troubles et j’en passe. En 2018, les films américains mettant en scène un protagoniste autre qu’un homme blanc représentaient 8 % de la production. Respirez, les gars, sérieux.

Non, je vais plutôt m’intéresser à une question plus pertinente, à savoir, Barbie, vrai film féministe ou simple pub géante pour des poupées en plastoc fabriquées en Chine ?…

Eh ben, les deux, mon général. Ce n’est pas incompatible. Par contre, mettre les deux dos à dos est assez stérile.

Reprenons donc. Le jouet « Barbie » est problématique, oui, mais une fois qu’on a dit ça, on est bien avancé. Il donne en effet une image ultra stéréotypée de la femme, imposant des normes de beauté irréalistes, très longtemps jumelée à une absence de diversité flagrante, aussi bien ethnique que simplement morphologique. Mattel est une grande entreprise capitaliste qui a donc pour but de fabriquer des produits pour se faire un max de thunes, au détriment de considérations écologiques et humaines. Bienvenue sur Terre. La « diversité » de leurs poupées leur a été arrachée au forceps, reste discutable et ces dernières sont bel et bien fabriquées dans des usines chinoises où les conditions de travail le sont aussi sacrément, discutables.

Si ce film est avant tout une campagne de promo visant à relancer la vente de ces jouets, c’est indéniable, il l’est tout autant que la réalisatrice et son coscénariste ont eu les mains libres pour écrire un récit incroyablement plus intelligent que ce à quoi on s’attendait.

À Barbiland, Barbie vit sa vie parfaite de Barbie avec ses copines Barbie et les divers Ken qui se disputent leurs attentions, persuadée que grâce à elles qui peuvent tout faire, les femmes du vrai monde (le nôtre) vivent aussi leur meilleure vie. Sauf que du jour au lendemain, la magie se brise : Barbie a des pensées morbides, de la cellulite et, d’après une étrange consœur vivant à l’écart, elle doit alors se rendre dans le vrai monde, trouver la fillette qui joue avec elle pour comprendre ce qui se passe. Barbie prend son courage à deux mains et sa voiture rose et part donc, alors même que Ken, enfin celui qui essaye le plus désespérément de l’intéresser, s’invite dans le voyage. Nos deux jouets arrivent donc dans le vrai monde. L’occasion pour une de se rendre compte que tout n’y est pas rose (lol) et pour l’un de découvrir le patriarcat… Ce qui ne sera pas sans conséquence.

Greta Gerwig l’a dit, elle ne comprend pas comment Mattel a pu accepter son scénario. Et de fait, quand on voit ne serait-ce que le portrait qui y est fait de la grande entreprise, un nid de phallocrates incompétents qui ne pensent qu’à faire des bénéfices, on peut se le demander aussi. Deux théories, non excluantes cela dit, se posent : soit ils sont très cons et n’ont rien compris au film, soit ils sont cyniques au point de n’en avoir rien à faire tant que, justement, ça rapporte. À noter cependant que si, comme j’ai pu le lire, ils ont vraiment annoncé vouloir lancer une saga de 14 films à la suite de celui-là, la première option reste quand même très séduisante.

Le discours de ce film n’en est pas moins intéressant et surtout, doucement, mais sûrement subversif. J’étais a priori d’accord avec les personnes qui dénonçaient un féminisme de façade, exposant un résumé bas de gamme d’une idéologie bien plus complexe. Jusqu’à ce que l’amie qui m’accompagnait (biz Yakouta ^^) ne me fasse subtilement remarquer que le message du film était d’autant plus intéressant qu’il était justement accessible, et donc, bien plus facilement diffusable et entendable. Bien sûr que pour des personnes rodées à ces thématiques, le discours du film est simpliste. Le « grand discours » de Gloria, je l’ai déjà lu, entendu et même dit moi-même. Sauf que je ne suis pas forcément le public visé. Que ce film est grand public, veut donc s’adresser à un panel très large et enfin et surtout, potentiellement jeune. Si on le prend ainsi, c’est une extraordinaire porte d’entrée à ces questions pour un public non informé, porteuse d’une parole rendue accessible justement via une narration très bien gérée.

Car si nous prenons le couple principal, nous avons quoi ? Juste l’exact inverse de la soupe traditionnelle, à savoir, au lieu d’un héros et d’une cruchotte n’existant que pour lui plaire, une héroïne et un crucheau n’existant que pour lui plaire. Non, parce qu’il faut être réaliste, la « meuf faire-valoir de héros », nous, on en mange encore bien trop, alors que ça chougne à ce point pour UNE fois que les rôles sont inversés… Bref. Surtout quand le but est de faire comprendre à ce crucheau qu’il doit exister par lui-même et ne pas se définir que par rapport à cette héroïne. No comment !

On adhérera ou pas à un message profondément humaniste qui voudrait que chacune ET chacun trouve sa voie sans s’enfermer dans aucune idéologie foireuse.

Il y a cependant une chose qu’on ne peut pas retirer à ce film, c’est son incroyable direction artistique. Le travail fourni pour rendre tangible et crédible ce monde de barbies, celui pour rendre d’autant plus criarde l’écart qui le sépare du nôtre, est vraiment épatant. Également, les acteurs sont tous excellents, clairement contents d’être là et se donnent à fond, ce qui fait plaisir à voir. Et puis, voir autant de diversité à l’écran, ça fait du bien aussi.

En conclusion, une très bonne surprise à voir et à montrer même aux hommes et aux plus jeunes, ça leur mettra peut-être un peu de meilleur plomb dans la cervelle.

Je rappelle aux personnes intéressés par Les Carnets de Rose de ne pas hésiter à m’envoyer un MP pour le réserver ou avoir plus d’infos !

Sur ce, je retourne transpirer en me préparant moralement à la semaine de canicule qui s’annonce ici et je vous la souhaite moins chaude ! Prenez soin de vous et à très vite pour la suite de Sur les traces d’une louve blanche! 😊

 

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Merci ! 😊

(3 commentaires)

  1. Coucou !
    Je suis assez d’accord avec toi sur les commentaires des 2 films à part peuique je n’ai pas trouvé Indy si long que ça.
    Par contre, tu as écorché le nom de Phoebe Waller-Bridge.
    Pour ce qui est du pire archéologue du cinéma, je pense qu’il est en concurrence sérieuse avec Lara Croft…

    1. @snnowW : Merci. Ben comment dire, je crois que j’ai regardé l’heure 3 ou 4 fois et le course-poursuite au Maroic elle m’a saoulée…
      Sinon oups, merci, je corrige !
      Oui, c’est un sacré duo… Voire trio si tu ajoutes Nathan Drake… Mais lui a l’excuse de ne pas être archéologue de formation, il me semble…

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