Textes en Vrac !

Je vous mets ici des petits textes divers, parfois sans suite, écrits de ci de là… :-3

 

J’ai participé entre octobre 2010 et décembre 2011 à un atelier d’écriture hebdomadaire. beaucoup de choses en sont sorties… Donc un duo récurrent… Je vous offre aujourd’hui (01/04/2012) les trois premiers minis chapitres de leurs histoires !

Fred et Mikael 01 (9/11/2010)

Au milieu des beautés brunes qui se dandinaient en paréo sur la plage, il était difficile de ne pas voir le beau jeune homme blond comme les blés qui siestait à l’ombre de son parasol. Son sourire était béat au milieu du tumulte ambiant des vacanciers.

Il se réveilla en sursaut lorsque le serveur du bar de la plage, une armoire à glaces brunes de près de deux mètres, vint sans trop de diplomatie lui prendre le paquet de chamallows qu’il tenait dans sa main. Un peu étourdi, le jeune homme le regarda avec surprise :

“Que je t’y reprenne pas à piquer dans mes réserves, Mikael ! gronda le grand brun.

– Euh… Désolé ? tenta le blond.

– Menteur.

– Mais…!… On en a jamais de ça là-haut !

– Ce n’est pas mon problème… Argh, ma parole mais t’as tout boulotté en plus !…

Euh…”

Furieux, le brun leva le blond d’une main ferme :

“Bon ben puisque c’est comme ça, tu vas venir m’aider au bar !

– Mais…!”

Le blond se retrouva avec diligence traîné jusqu’au bar de la plage, vide à cette heure de l’après-midi.

Un peu plus tard, Mikael rangeait la cuisine. Le brun finit par venir voir comment il s’en sortait. Le désordre avait quasi-disparu.

“Eh, Fred !… J’ai retrouvé une de mes plumes !…

– ENCORE ?… Ah, c’est pas vrai ! Mais t’en avais perdu combien ?!

– Si tu crois que je les compte!…

– Merci pour avoir tout remis en ordre, reprit Fred.

– Oh, de rien… Mais c’était un vrai chaos dis donc ! Ça m’a rappelé la destruction de Sodome et Gomorrhe… “

Devant l’air dubitatif de son ami, Mikael reprit :

“Ben oui… Une pluie de pierres et une avalanche de roches, ça fait des dégâts.

-… Je ne veux même pas imaginer ça…

– Tu as tort ! C’est un spectacle rare, une chute pareille ! On a pas fait pire depuis la Création de l’Univers !

– En tout cas, soupira Fred, merci de ne pas faire apparaître tes ailes sans prévenir… Ou en tout cas, pas dans ma cuisine…

– Rah, t’es pas drôle !… Tu n’as pas aimé quand je suis apparu, auréolé de lumière, avec mes plumes qui tourbillonnaient ?

– C’était un spectacle rare, mais ce n’est pas toi qui a balayé les dites plumes.

– Tu préfères les anges en statue sur des socles ?

– Pour la propreté de ma cuisine, oui.

– Eh, Fred… J’ai vu qu’on pouvait faire le tour de la ville en calèche ?

– Quel rapport ?

– Aucun ! Tu crois que je peux y aller ?

– Mikael… Tu es sûr que tu es un ange ?

– Oui, pourquoi ?

– Tu me fais penser à un mélange entre une pile électrique et un gosse…

– Oui ben quand je m’incarne, je fais un peu de tourisme… »

Fred et Mikael 02 (23/11/2010)

Fred éprouvait toujours une satisfaction toute particulière même si infime à fermer la porte derrière son dernier client. Pour lui, la journée était loin d’être finie, mais il était le plus souvent satisfait et content du moment de tranquillité qui suivait la fermeture.

Il commença comme chaque soir par se faire un petit cocktail qu’il sirota paisiblement sans penser à rien. Puis, il se remit au boulot. Il comptait sa caisse en sifflotant lorsque ça toqua à la porte de derrière – celle de la cuisine.

« Ça, c’est mon oiseau… » pensa-t-il tout haut avant d’aller ouvrir.

C’était bien Mikael qui lui sauta au cou, tout rose :

« Freeeeeeeeed !…

– Houlà, t’as encore bu, toi.

– Euh, juste un verre…

– Une gorgée, c’est déjà trop pour toi… Entre.

– Merci ! »

L’alcool rendait au moins l’ange très joyeux, enfin encore plus que d’habitude. Il s’assit au comptoir et Fred se remit à sa caisse et sifflota vite à nouveau. Mikael plia ses bras sur le marbre et pose sa tête dessus :

« Freeeed ?

– Oui ?

– Pourquoi tu siffles ?

– Parce que je suis content.

– Tu es content de compter ces bouts de papier ?

– Ça s’appelle de l’argent, Mikael.

– Ah oui, pardon.

– Et non, ça n’est pas pour ça que je suis content.

– Alors pourquoi ?

– Comme ça… J’aime bien toutes les petites choses à faire le soir pour ranger le bar… la caisse, nettoyer un peu… Le balai, tout ça…

– Vous êtes bizarres, vous les humains. Il vous en faut peu…

– C’est ça. Il nous en faut peu. Une foule de riens suffit à nous rendre heureux. Tu as déjà vu de la neige, Mikael ?

– Comme la pluie mais en blanc et froid qui reste par terre ?

– C’est ça.

– Quel rapport ?

– La neige a le pouvoir de rendre les gens heureux, rien que quand ils la regardent tomber du ciel. Une bonne tasse de chocolat chaud un soir d’hiver, aussi… Ou juste regarder une abeille butiner au printemps… C’est tout petit, une abeille… Mais moi, ça me fait toujours sourire quand j’en vois.

– Ah bon.

– Et oui. C’est ça aussi, être humain… Ma mère dit que le bonheur, c’est trouver ces petits plaisirs-là dans la vie quotidienne et les choses qu’on fait toujours.

– Comme compter tes papiers, pardon, ton argent ? Ça t’ennuie pas ?

– Non. Pas plus que le balai. Je te l’ai dit, c’est ça être humain. Penses-y quand tu verras une abeille.

– J’essayerai… Tu me fais un chocolat chaud siteuplé ? »

Le sourire de Fred s’élargit :

« Si tu veux, mais là, il ne fait pas encore assez froid pour que ça fasse son meilleur effet.

– Ben tant pis, tu m’en referas un à ce moment-là.

– Ça peut se négocier. »

Un peu plus tard, Fred servait une tasse fumante à Mikael qui la huma avec un grand sourire.

« C’est agréable, les bonnes odeurs.

– Ça aussi, Mikael, c’est un petit plaisir très humain. »

Fred et Mikael 03 (21/12/2010)

Fred ferma la porte du bar dans le tintement de la clochette, derrière son dernier client. 20 minutes pour arriver à faire partir ce vieil alcoolique, mais la catastrophe était évitée, il ne serait pas en retard au réveillon… Sa mère lui en aurait voulu.

Il était occupé à ranger un peu lorsque ça frappa à la porte arrière.

« Ah, ça doit être mon oiseau… » Pensa tout haut le barman avant d’aller ouvrir.

Mikael lui sauta au cou, tout rose à cause du froid :

« Joyeux Noël, Fred ! »

Fred sourit. Rien à faire, la bonne humeur de son ange était définitivement communicative.

« Entre si tu veux, mais je n’ai pas beaucoup de temps…

-D’accord… Tu en as assez pour me faire un chocolat chaud ? »

Les grands yeux suppliants du blondinet firent s’élargir le sourire de son ami :

« C’est bien parce que c’est toi… »

Un peu plus tard, Mikael respirait avec délice l’auteur de la boisson, au comptoir, pendant que Fred comptait sa caisse.

« Tu passes le réveillon où ? demanda Mikael.

-En famille, avec mes parents et ma sœur… Il faut que j’y sois dans une heure, et j’ai trois quarts d’heure de route…

-Tu veux que je t’emmène ?… Ça t’évitera de te presser…

-Si tu pouvais, ça serait merveilleux… soupira Fred sans y croire.

-Ben oui, pas de problème… »

Comprenant que Mikael était sérieux, Fred resta sidéré. Le voyant, l’ange sourit :

« Bon, je te l’accorde, c’est pas très réglementaire, mais je ne pense pas que Papa m’en voudra de faire un miracle la veille de Noël…

-Ça me fait toujours bizarre que tu appelles Dieu « Papa »…

-Ben comment tu voudrais que je l’appelle autrement ? »

Fred hocha la tête, un peu décontenancé :

« Je sais pas… Merci en tout cas.

-De rien… Ça fera pour le chocolat et les meringues de l’autre jour.

-Et toi, tu fais quelque chose ?

-Non, enfin je sais pas… Gaby devait passer, mais j’ai pas eu de nouvelles… Elle aime pas trop Noël, mais c’était l’occasion, ça fait longtemps qu’on s’est pas vu.

-Ça me fait toujours bizarre aussi que tu parles de l’ange Gabriel au féminin…

-J’y peux rien si elle s’incarne en femme…

-Tu dis qu’elle n’aime pas Noël ?

-Ben, la Nuit de la Nativité, c’est un peu elle qui s’est tapée tout le boulot… Et apparemment, c’est rocailleux la Terre Sainte…

-Périlleux ?

-Non, poussiéreux d’après elle… Enfin moi, j’y étais pas… J’apprenais à jouer de la harpe au Paradis…

-Ah bon…

-C’était nouveau, j’aimais bien. »

Il y eut un silence pendant lequel Mikael commença à boire son chocolat.

« Miam. Tu aimes ça, toi, Noël ?

-La dinde aux marrons de ma mère vaut le coup. »

Mikael rigola.

« Juste ça ?

-Tu sais bien que je n’étais pas croyant avant de te rencontrer… Pour moi, c’était plus des légendes, tout ça, et l’occasion de manger de la dinde aux marrons dans des couverts en vermeil… Sinon, ma mère les garde sous verre comme un trésor.

-Trésor d’argenterie, comme c’est illusoire…

-Tout à fait, approuva Fred. Un truc d’humains, sûrement.

-Sûrement ! rigola Mikael. En tout cas, tu t’es fait tout beau…

-M’en parle pas, j’entends ma sœur d’ici… « Oh Frédéric, ce costume te va à ravir ! » minauda le barman en imitant sa sœur.

Mikael éclata de rire.

« Allez, réjouis-toi, c’est pas si mal une famille !

-Ça te manque ? demanda Fred.

-J’avoue que ça me questionne… Ce que vous appelez « liens du sang », tout ça…

-Je t’invite l’an prochain, si tu veux…

-Ah, volontiers.

-Si tu as aimé mes meringues, tu vas adorer celles de ma mère…

-C’est noté !… Rendez-vous pris !… Ramènes-en moi cette fois si tu peux !

-T’es vraiment un estomac à pattes… »

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Aujourd’hui 07/04/2012, les deux chapitres suivants.

Fred et Mikael 04 : Souvenir d’une odeur (18/01/2011)

La pluie avait cessé depuis quelques heures lorsque Fred décida de quitter le chalet familial pour aller faire un tour dans les bois environnants.

Il y avait des années qu’il n’était pas revenu ici, et s’y retrouver seul était un peu étrange. Rien n’avait changé à part lui et il avait été surpris lorsqu’il était arrivé par l’odeur du vieux chalet, cette odeur de bois verni, de vieux meubles, la même qu’à l’époque. Une odeur très douce qui lui avait rappelé son enfance et son adolescence, les vacances en famille dans cette bâtisse alors immense pour lui, les courses dans les escaliers avec ses cousins sous le regard un rien méprisant de sa sœur et de ses cousines qui les traitaient de gamins avant de soupirer et d’aller s’enfermer pour se raconter des secrets de filles qui se croyaient tellement plus mûres .

Fred ferma la porte avec soin, frissonna dans l’air frais et partit marcher.

À nouveau, l’odeur de la forêt encore mouillée, boueuse, ce parfum humide de verdure et de bois trempé faisait remonter les souvenirs de promenades en famille, les cris de rappel maternel des qu’il s’éloignait du chemin, les balades en vélo avec ses cousins, les pique-niques et les cabanes construites avec quatre pauvres branches qui ne méritaient pas ça…

Fred respirait l’air frais et ses odeurs faisaient résonner à ses oreilles et les cris de l’enfant qu’il avait été, cris de joie ou de colère, alors que la forêt était si calme, si silencieuse, cet après-midi-là.

Un doux sourire flottait sur les lèvres du jeune homme… Il se retrouva soudain dans une clairière et réalisa que ces pas l’avaient sans qu’il en ait conscience mené là même où ils construisaient les cabanes susnommées… En témoignait un amas de branches et de planches pourries qui n’en finissaient pas de faire se décomposer.

Fred s’accroupit devant cette ruine. Il n’avait pas perdu son sourire. Le temps passait, qu’y pouvait-il ?… Il se redressa et s’étira. Le soir tombait, il était temps de rentrer.

L’été prochain, ce serait le tour de ses neveux et nièces de venir explorer ce chalet et ces bois. Il y avait longtemps que la famille n’était pas venue pour l’été… Il ne savait pas trop pourquoi, soudain, l’envie leur avait repris à tous.

Fred rentra et décida de se faire un chocolat chaud… Il allait essayer d’être là, lui aussi, l’été suivant, peut-être juste de passage quelques jours, ça dépendra de ses congés, mais s’il ne venait pas, il risquait fort de n’y avoir personne pour apprendre à ces gosses à courir partout et faire des cabanes dans les bois. Et ça, ça serait franchement dommage.

Fred et Mikael 05 (01/02/2011)

Fred entra dans le chalet sur la pointe des pieds, désireux de ne surtout pas se faire remarquer, tel un voleur voulant esquiver le gibet.

Il entendit la voix de sa mère depuis la cuisine :

« Voilà, maintenant il faut rajouter fille de girofle… »

Et celle de sa tante :

« Je rouvre le tajine ?

-Oui, oui. »

Et celle de sa sœur :

« Oh la la, ça a l’air bon… Je regrette vraiment que mon régime m’interdise d’y toucher… »

Fred se faufila. Passant près du salon, celle de son oncle :

« Non, tu ne peux pas dire ça d’André Gide… »

Et celle de son père :

« Si, pompeux. Je maintiens. Et ces histoires avec ses gigolos… »

Fred soupira… Ça ferait de la magie si…

« Ah Fred, t’es pas avec les gamins ? »

Tel un gibbon en cage, Fred grimaça un sourire à son cousin :

« Si si, je passais juste chercher de la ficelle et des ciseaux j’y retourne…

-Il faudra qu’on reparle de cette histoire de gîte.

-Oui oui… »

Fred se mit à fouiller dans le cagibi sous l’escalier (un beau bazar). Son cousin ne le lâchait pas :

« Non mais c’est important, louer ce chalet quand on n’y est pas, ça pourrait rapporter gros… »

Fred eut l’image d’une pierre tombale en tête : « Ci-gît Albert, tué par son cousin Fred qui ne supportait plus de ne l’entendre parler que d’argent. »

La magie devait quand même exister car le portable d’Albert sonna. Fred en profita pour filer, ayant trouvé ce qu’il voulait et laissant son cousin guider sa femme :

« Ça y est tu arrives ?… Au passage giratoire à droite… »

Fred pensa : « On appelle ça un rond point. »

Et il partit en courant rejoindre les enfants. Il ne savait plus trop comment ils étaient passés de la construction d’une cabane à celle d’un bateau… Peu importait.

Il interpella deux de ses neveux qui guettaient dans l’arbre :

«Oh-éh, les vigies !… Rien à l’horizon ?

-Rien capitaine, à part la girouette de la maison qui tourne dans tous les sens !

-Vous nous prévenez s’il y a des pirates qui approchent, hein !

-Compte sur nous ! »

Il continua son chemin sous les arbres et s’accroupit lorsqu’il vit la plus jeune de ses nièces qui trottait vers lui :

« Ben Lola, t’es perdue ? »

Il souleva le minuscule bout de gonzesse tout fragile dans ses bras :

« Je te cherchais, tonton !… Il y a un ami à toi qui est arrivé !… »

Fred la regarda, les yeux ronds :

« Hein ?

-Oui, un joli monsieur tout blond ! »

Fred resta bête. Oh mon Dieu… Il gagna à toute allure, la fillette toujours dans son giron, la clairière pour y voir Mikael tenir une planche pour aider à la construction du bateau.

Il reposa Lola au sol, elle gigotait, juste avant que Mikael ne le salue comme à son habitude… En lui sautant au cou.

« Freeeeeeed !…

-Bon sang, mais qu’est-ce que tu fais là ?

-Je te salue.

-Non mais, ici ?

-Ben, j’aide pour le bateau…

-Non, pourquoi tu es venu me rejoindre ici ?

-Ah !… Je m’ennuyais. J’ai fait un miracle chez des gitans hier, après j’ai été compter les feuilles qui flottaient sur la Gironde mais ça m’a endormi… »

Fred rigola :

« Tu nous aides à finir le bateau ?

-Oui, oui ! »

Un peu plus tard, la mère de Fred et sa tante vinrent les chercher pour le dîner. Interloquées de voir là un inconnu, elles ne le furent pas moins lorsque Fred répondit un simple :

« C’est un ami. »

À la question qui est-ce.

Et lorsqu’à la deuxième question (tout à fait légitime) « comment êtes-vous venu ? », Mikael répondit avec sa gentillesse habituelle :

« Ben, en volant. »

Fred pensa que la fin du week-end n’allait peut-être pas être si ennuyeuse, finalement.

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Aujourd’hui 01er Mai 2012,…

Fred et Mikael 06 (8/3/2011)

Lorsque Mikael ne comprenait pas quelque chose, il n’avait aucune honte à demander, aux siens ou à ses amis humains… Et comme il n’était pas loin du bar, il se dit qu’il allait demander à Fred.

C’était un paisible après-midi de mars, il faisait grand soleil, mais une brise légère le fit frissonner.

Mikael chantonnait avec sa gaieté habituelle, sans plus se rendre compte que d’habitude que sa beauté et sa démarche gracieuse attiraient les regards.

Arrivé devant le bar, il dut bondir avec agilité pour éviter l’homme qui s’en fit éjecter sans beaucoup de délicatesse. Mikael fit un petit saut de côté avec facilité.

L’homme se releva en grognant alors que la porte du bar se refermait violemment :

« Pas commode le taulier aujourd’hui… »

Et fila se terrer on ne sait où.

Mikael le regarda s’éloigner, dubitatif, puis poussa la porte du fief de son ami. Il jeta un œil prudent et sourit : voir Fred évoluer avec les bras chargés de plateaux, comme un funambule, était un spectacle dont il ne se lassait pas.

Il entra et alla sagement s’asseoir au comptoir. Le regard ténébreux que lui avait jeté le barman laissait sous-entendre que ce dernier n’était pas de très bonne humeur.

Fred ne tarda pas à revenir et déposa un plateau chargé de verres sales avec un soupir.

« Salut, Fred, le salua gentiment Mikael.

– ‘Lut.

– l’homme que tu as jeté dehors ne s’est pas fait mal. Il est parti. Il t’avait embêté ?

– Un fanfaron pire qu’un coq qui vient me cracher son fiel à la figure en espérant ne pas se faire jeter… Rien de grave. Je te sers quelque chose ? soupira encore Fred en repassant derrière le comptoir.

– Oui, merci. Un sirop que je n’ai pas goûté ? demanda l’ange en repliant ses bras sur le bois verni.

– Hmm… Violette, je crois ?

– Par exemple. »

Fred servit Mikael qui but une gorgée avant de demander doucement :

« Qu’est-ce qui ne va pas, Fred ?

– Oh, rien, une connerie… tenta d’éluder le brun.

– Fred, reprit toujours doucement Mikael, tu ne connais qu’un fragment de ma ténacité que mes semblables eux-mêmes placent au firmament, donc, je repose ma question. Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Fred soupira à nouveau et lâcha le morceau :

« Ma mère m’a trouvé une ‘merveilleuse fiancée’… Je voulais regarder la peine encourue pour matricide, mais j’ai pas eu le temps.

– Si terrible que ça ? s’enquit Mikael.

La fille d’un financier dont mon père guette les faveurs. Aucun rapport, parait-il… C’est juste une charmante jeune fille de bonne famille, qui pourrait me permettre d’avoir un vrai métier digne de moi… Enfin, digne de mes parents et de l’image qu’ils ont d’eux-mêmes surtout. »

Fred s’avachit sur le comptoir :

« … Tu me vois finir petit bourgeois friqué dans un poste de financier ?

– Non, sourit Mikael. Tu es très bien ici.

– Tout à fait… J’aime ce boulot, j’aime ce bar et cette plage. Ma vie pour ce qu’elle est me va très bien… J’aimerais bien qu’ils le comprennent.

– Tu leur as dit ?

– Souvent. Mais ils ne veulent pas l’entendre… J’ai presque l’impression qu’ils ont honte de moi.

– Tu es quelqu’un de bien, Fred. Tu peux être fier. »

Fred jeta un œil à Mikael sans se redresser. L’ange sourit :

«  Si, c’est vrai. Et tu fais un super boulot, ici. Tu n’as pas à en changer.

– Hm… Merci. »

Fred se redressa pendant que Mikael buvait un peu.

« C’est bon, le sirop de violette.

– Au fait, tu passais par hasard ? demanda Fred.

– Ah non ! se souvint Mikael. J’avais quelque chose à te demander. Tout à l’heure, je chantais et une dame m’a dit que la euh tessiture de ma voix était exceptionnelle… Ça veut dire quoi ?

– Que tu chantes bien… Que ta voix peut monter très haut et descendre très bas, en fait ?

– Ah d’accord. Tu savais ça ? sourit Mikael.

– j’ai eu fait de la musique, répondit Fred. Ça faisait partie de ma bonne éducation… J’ai laissé tomber le violon assez vite pour jouer de fifrelin…

– Un petit pipeau ?

– C’est ça. J’aimais beaucoup. Et cerise sur le gâteau, ça faisait enrager mes parents… Je l’ai offert à mon neveu, récemment.

– Ah ?

– Oui… »

Fred sourit et fit un clin d’oeil à Mikael :

« Maintenant, il fait enrager ma sœur. »

(10 commentaires)

  1. Merci d’avoir mis la suite, j’aime bien ces petites scènes de vie avec le petit ange 😉
    Alors ça y est, tu n’as plus aucun squatteur… Xd

    1. @Aspirant Skyland : Merci ^^ ! C’est tout ce que j’ai trouvé à mettre cette semaine… Mais celui-là me plaît bien aussi ^^ !

    1. @Skyland : Merci ^^ ! je les aime bien ces deux-là… Je n’ai pas poussé leur histoire aussi loin que je voulais puisque j’ai arrêté l’atelier d’écriture, mais je vais pitètre continuer à l’occaz… ^^

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