De Fer et de Sang 06 : Prélude au dernier acte/1

Disclaimer : Les persos ne sont pas à moi blabla, ils sont à Clamp et à Hajime Yatate et Yoshiyuki Tomino.

De Fer et de Sang 06

Prélude au dernier acte/1

Ni Kurogane ni Yui n’avaient bougé lorsque Shaolan vint voir ce qu’ils devenaient, quelques heures plus tard.

Le jeune homme pointa le nez dans la chambre et eut un sourire incrédule.

Ce n’était pas la première fois qu’il surprenait ses deux amis en train de dormir ensemble, ni même blottis l’un contre l’autre… Ni même nus d’ailleurs (c’était arrivé dans des pays très chauds). Par contre, les vêtements dispatchés aux quatre coins de la pièce et l’odeur… Virile… Qui flottait dans la pièce n’étaient eux en rien habituels… ?

Il rigola doucement.

Sa présence n’avait bien sûr pas échappé à ses amis et si Yui ne fit que sourire, Kurogane demanda sans ouvrir les yeux :

« Il y a un souci, gamin ?

– Non, non… » répondit le garçon, amusé.

Il croisa les bras. Kurogane haussa un sourcil intrigué et ouvrit les yeux alors qu’il laissait Yui s’échapper de ses bras, le mage se redressait. Il s’assit et sourit à son jeune ami :

« Que voulais-tu, Shaolan ?

– On va bientôt manger, on se demandait ce que vous deveniez. »

Le garçon rigolait toujours. Kurogane se redressa sur ses coudes :

« Pourquoi tu te marres, gamin ?

– Non non, pour rien…

– Si tu as quelque chose à nous dire, vas-y ! »

Shaolan pouvait presque sentir son autre lui se marrer aussi à l’intérieur de lui-même.

« Une seule chose : c’est pas trop tôt ! »

Le regard sceptique que s’échangèrent les deux amants suffit à faire éclater le jeune homme de rire alors même que le nez de Fye pointait à la porte :

« Yui ?… »

L’enfant regarda, intrigué, Shaolan hilare et les deux hommes dans le lit :

« Yui, ça va ?… Pourquoi vous êtes tous nus ? »

Fye grimpa sur le lit :

« Vous aviez trop chaud ? »

Le fou rire de Shaolan redoubla alors que Fye venait se blottir dans les bras de son frère.

« On peut dire ça… répondit doucement ce dernier.

– On va manger, vous venez ?

– Oui, oui… Le temps de nous rincer un coup peut-être… Qu’est-ce que tu en dis, Kuro-Sama ?

– Pas une bête idée… On a pas mal sué. » soupira le ninja en s’asseyant.

Il passa ses bras autour de lui et enfouit son visage dans sa nuque.

« J’aime bien ton odeur… »

Yui sourit :

« Roh, pas devant Fye, s’il te plaît…

– Pourquoi… ? »

Shaolan dut s’appuyer au mur pour rester debout. Alors que Kurogane regardait Yui avec une sincère interrogation dans les yeux et Yui Kurogane avec un scepticisme un peu sévère, Marina arriva, Mokona sur l’épaule :

« Vous faites quoi, les garçons ? Notre couscous va refroidir… »

Elle regarda, intriguée, Shaolan qui peinait à reprendre son souffle, Kurogane et Yui, toujours assis dans le lit, à moitié emballés dans la couette et Fye dans les bras de son frère.

À nouveau, la main de l’enfant et celle de son jumeau étaient entremêlées.

« Qu’y a-t-il ? »

Mokona cligna des yeux et bondit sur le lit :

« Ça va ?

– Oui, oui… répondit distraitement Yui. Bon, on se bouge, mon Kuro ? J’ai faim.

– Moi aussi. » soupira le ninja et il écarta la couette pour se lever d’un bond.

Il était mal réveillé et ne réalisa absolument pas qu’il passait nu devant Marina pour aller dans la petite salle de bains attenante. La jeune femme le regarda passer avec intérêt et soupira dès qu’il eut passé la porte :

« Eh bien voilà un fort bel homme. »

Et elle ajouta en regardant Yui qui la fixait, interloqué :

« Profitez-en bien, Yui ! »

Shaolan, qui se calmait à peine, repartit dans un nouveau fou rire. Yui rit aussi et hocha la tête :

« Comptez sur moi ! Allez, Fye, tu descends ? Je vais me doucher.

– Oui ! »

L’enfant sauta au sol. Yui se releva et gagna à son tour la salle de bains, lui en gardant le drap autour de sa taille.

Shaolan se calma enfin et s’essuya les yeux :

« Ah, ça fait du bien ! »

Mokona sauta dans les bras de Fye qui remarqua :

« Il ne fait pourtant pas si chaud que ça, ici… »

Shaolan se mordit les lèvres pour ne pas exploser à nouveau de rire et Marina toussa doucement pour camoufler son propre amusement. Puis, elle se pencha et tendit la main à Fye :

« Tu viens ?

– On ne les attend pas ?

– Ils en ont pour un petit moment, tu sais… » dit-elle gentiment.

Ils regardèrent tous vers la salle de bains en entendant la voix de Yui :

« EH ! Qu’est-ce que ta main fait là, toi !… »

Shaolan et Marina échangèrent un regard amusé.

« …Mais t’es vraiment insatiable, ma parole ! »

Marina reprit donc pour Fye :

« Ils en ont vraiment pour un moment. Ils nous rejoindront à la cuisine, ne crains rien. Tu viens ? »

Bien qu’un peu sceptique, Fye finit par opiner du chef, prendre la main de la jeune femme, serrant Mokona dans son autre bras et ils partirent tranquillement, suivis de Shaolan qui soupira dans le couloir :

« Ça, c’est la meilleure nouvelle de l’année ! »

Marina rigola :

« Il y a longtemps que vous l’attendiez ?

– Bah en fait,… Oui. On se connaît depuis presque cinq ans, tous les quatre, et moi et ma compagne, qui voyageait avec nous à ce moment, on a assez vite remarqué qu’ils devenaient très proches… Mais sans plus. Du coup, on attendait… Je pense que certains de nos amis ont pris des paris. Et là depuis quelques mois, ils n’arrêtaient pas de se tourner autour en se balançant des piques plus ou moins ambiguës, enfin surtout Yui… Alors, on va dire qu’on le sentait venir. »

Mokona agita ses petites pattes, toute excitée :

« Oui !

– De quoi vous parlez ? demanda le petit Fye.

– Du fait que ton frère et Kurogane sont deux fichus aveugles qui ont mis des années à se rendre compte qu’ils étaient amoureux… commença Shaolan en attrapant le garçonnet pour le soulever dans ses bras. Alors que tout le monde l’avait compris autour d’eux ! »

Fye le regarda un instant puis sourit :

« Amoureux comme un papa et une maman ?

– Oui, par exemple…

– Comme toi et Sakura ? »

Shaolan sourit :

« Tu sais ça, toi ?

– Oui.

– Qui te l’a dit ?

– Yui. Quand il m’a parlé de Sakura, il m’a dit qu’elle lui manquait beaucoup, mais sûrement moins qu’à toi parce que vous étiez très amoureux. »

Le sourire de Shaolan se fit plus doux. Il avait presque été jaloux, lors de leur passage à Clow, de la complicité et de l’affection qui unissaient le mage et Sakura, capables d’éclater de rire en échangeant un simple regard ou de finir une phrase commencée et laissée en suspens par l’autre. Presque jaloux, jusqu’à ce qu’il réalise qu’il partageait la même complicité avec Kurogane. Quand, en combattant un vers des sables géant, non loin de la ville, il avait réalisé qu’ils pouvaient se battre ensemble en étant parfaitement coordonnés, sans se dire le moindre mot.

« Il a raison… Elle nous manque beaucoup.

– Ce n’est pas facile d’être séparé des gens qu’on aime… intervint pensivement Marina. Encore moins ceux dont on est amoureux.

– Vous connaissez ça aussi ? la relança Shaolan.

– Ça fait partie des aléas des guerres, je suppose… »

Fye murmura :

« Le plus dur, c’est d’être enfermé tout seul… »

Alors que Marina le regardait sans comprendre, elle vit avec surprise Mokona se blottir plus fort dans les bras de l’enfant, alors même que Shaolan grimaçait, le serrait plus fort et caressait sa tête en lui disant doucement :

« C’est fini, ça, Fye. N’y pense plus. C’est fini. »

Fye se laissa câliner sans rien dire, l’air triste. Ils arrivèrent au réfectoire. Shaolan posa le petit garçon sur une chaise et s’assit à côté de lui. Mokona sauta sur la table et se fit un devoir de se mettre à faire l’andouille pour dérider Fye et en l’absence de Kurogane, ce fut Lockon et Anew, occupés à roucouler non loin de là, qui furent la cible de ces blagues.

Lockon avait beaucoup d’humour, ce qui ne l’empêcha pas d’essayer rapidement d’attraper l’importune bestiole. Mais Mokona était bien plus rapide et entraînée par des années de course-poursuite avec Kurogane, l’Irlandais n’avait aucune chance.

Setsuna, Tiera, Sumeragi, Allelujah et Marie arrivèrent pendant ce temps. Ils s’assirent à la table, intrigués de voir Mokona sautiller près de Lockon et de sa compagne, sous l’œil amusé de Shaolan et Marina, alors que les autres enfants chuchotaient entre eux gloussant, mais que le petit Fye, lui, ne se déridait qu’à moitié, perdu dans de trop douloureux souvenirs. Il sursauta quand Mokona lui sauta dans les bras, après qu’elle ait évité la main de Lockon une douzième fois :

« Hiiiii ! Méchant Lockon ! Fye, au secours !… »

L’enfant, un peu perdu, regarda la peluche, puis Shaolan et les autres plus ou moins hilares autour de la table et il sourit enfin.

La tablée mangeait dans une ambiance joyeuse, un peu plus tard, lorsque Yui et Kurogane arrivèrent enfin. Shaolan prenait la recette de Marina avec attention. Il salua ses deux amis d’un vif signe de main :

« Ah ben quand même ! On a failli tout manger !

– Ça serait dommage, j’ai une faim d’ogre… soupira Yui en passant derrière lui pour aller s’asseoir à côté de Fye.

Ça creuse le tango horizontal… » rigola encore Shaolan.

Cette dernière remarque lui valut une tape ferme sur la tête de la part du grand mage alors que Kurogane soupirait :

« C’est vrai. Je meurs de faim aussi. »

Le grand ninja se pencha pour embrasser la joue du Yui avant de s’asseoir à côté de lui. Le mage sursauta et s’écria :

« KURO !

– Quoi ?

– Pas devant les enfants !

– Pourquoi ? »

Shaolan tentait comme il pouvait de ne pas éclater de rire tant les têtes de ses deux amis l’amusaient. En effet, si Yui était sincèrement outré, Kurogane n’était pas moins sincèrement surpris et dubitatif.

« Ce type de gestes ne se fait pas devant les enfants chez vous, Yui ? intervint Marina en déposant deux assiettes bien pleines devant eux.

– Pas vraiment, non…

– Chez moi, ça ne pose pas trop de problèmes… dit Kurogane. Enfin, pas n’importe où non plus, mais entre amis, non…

– Vous aimez les épices ? demanda encore Marina en déposant de plat de sauce près d’eux.

– Oui, répondit Yui.

– Non, répondit Kurogane.

– Ça m’en fera plus, tant mieux.

– Cette sauce-là est très piquante, faites attention.

– Merci. »

Se rappelant brusquement que Yui ne connaissait pas la plupart des membres de Celestial Being, Shaolan se fit un devoir de lui présenter Anew, Allelujah, Sumeragi, Tiera et de lui rappeler les noms de Setsuna et Lockon. Yui salua poliment tout le monde.

« Enchanté de vous connaître ou de vous revoir. Je m’appelle Yui. »

Les conversations continuèrent tranquillement, joyeusement. Fye finit le repas sur les genoux et dans les bras de son frère, pendant que Shaolan aidait Lockon à servir les cafés ou les thés à qui en voulait.

Yui câlinait doucement son frère, fredonnant une vieille berceuse. Ses yeux entrouverts regardaient tour à tour les uns et les autres au fil des conversations, s’arrêtant parfois plus longuement sur Anew, Tiera et Setsuna.

« Yui ?… l’appela doucement Kurogane.

– Oui ? répondit sur le même ton le mage.

– M’autoriserais-tu à passer un bras autour de tes épaules ? »

Yui resta interloqué alors que Shaolan éclatait de rire. Kurogane reprit avec un sourire en coin :

« Je te demande avant… Je n’ai pas envie de me prendre un éclair ou une boule de feu. »

Yui le regarda, puis rigola et se pencha vers lui :

« Tu es bête…

– Moi ?… Si peu. » murmura le ninja en passant son bras de fer autour des épaules du mage.

*********

La politique du grand ninja de demander systématiquement à Yui l’autorisation de le toucher porta très vite ses fruits : moins de 48 heures plus tard, le mage en eut marre et Kurogane se vit donc officiellement autorisé à lui faire des papouilles « dans la limite de la décence ».

Le voyage se passait sans soucis. Le Ptoleméus empruntait une route plus longue, mais normalement sûre, les Gundams étaient réparés, Yui avait retrouvé la forme, Shaolan aussi, et si le petit Fye dormait encore beaucoup, il semblait appréhender sa deuxième vie nettement plus positivement que la première.

Yui avait entrepris de lui raconter la sienne, en édulcorant pas mal de passage eu égard à son jeune âge, mais sans lui mentir. Kurogane, Shaolan et Mokona se tinrent respectueusement à distance des jumeaux pendant le récit de la vie de Yui à Seles, attention qui toucha beaucoup le mage. Ils se permirent par contre de venir se poser près d’eux par moments pendant qu’il racontait leur voyage.

L’après-midi était paisible et dans la salle laissée à Marina et aux enfants, Shaolan s’était vu sommé de faire une démonstration de ses talents d’acrobates, après qu’en racontant leur séjour à Shura, il ait avoué avoir failli faire partie d’un cirque. Assis là, Yui et Fye, le second comme -presque- toujours dans les bras du premier, assis entre ses jambes, regardaient ça avec intérêt.

Shaolan était plutôt doué pour marcher sur les mains et faire des sauts périlleux ou des roulades. Il n’avait pas perdu la main -si l’on peut dire.

Le jeune homme, à bout de souffle, finit par aller s’écrouler près de son ami qui applaudit en rigolant, ce que Fye fit plus vivement, les yeux brillants.

« Tu es très fort, Shaolan !

– …’Erci… fut tout ce que réussit à articuler le garçon.

– Tu m’apprendras ?

– … Si tu es sage… »

Yui rigola encore :

« Va falloir organiser un emploi du temps.

– Pourquoi ? demanda Fye en levant le nez vers lui.

– Parce qu’entre ça, Kuro-Sama qui doit apprendre le sabre, moi la magie, et Marina la cuisine… Shaolan ne devait pas déjà t’apprendre le corps à corps, d’ailleurs ?

– … Si… approuva le jeune homme qui reprenait son souffle, vautré près d’eux.

– Ben on a le temps,… Non ? »

Fye avait demandé ça avec de grands yeux interrogatifs et Yui sourit et le serra dans ses bras :

« Oui, on a tout le temps… »

Shaolan les regarda et sourit :

« Je serais quand même curieux de savoir ton âge, Yui…

– Et moi donc. »

Kurogane arriva sur ces entrefaites avec les bras pleins de paquets de gâteaux et Mokona sur la tête.

« C’est l’heure du goûter ! » annonça la peluche.

Elle vit Shaolan toujours affalé et bondit vers lui :

« Ça ne va pas, Shaolan ?

– J’ai plus l’habitude de faire des pirouettes pendant 20 minutes…

– Va falloir qu’on reprenne entraînement ! déclara Kurogane en leur apportant deux paquets.

– Ouais, je rouille ! approuva Shaolan.

– Et après, il s’est passé quoi à Shura ? demanda Fye en prenant le gâteau que lui tendait Yui.

-Eh bien, il y a encore eu un tremblement de terre, le ciel s’est déchiré et là, on s’est vu aspirer en haut et on a compris qu’on changeait déjà de monde…

– Déjà ?

– Oui… Donc, on s’est retrouvé sans nos affaires, juste le sabre de Kuro-Sama et les vêtements qu’on nous avait donnés, dans un espèce de pays désertique en pleine nuit très froide, toujours sans les petits et Mokona et cette fois, cerise sur le gâteau, on ne se comprenait plus !…

– Houlàlà… Et vous avez fait quoi ?

– Pour commencer, un feu, répondit Kurogane en s’asseyant près d’eux.

– Feu qui a attiré une troupe de soldats qui passaient par là…

– Troupe de soldats à qui on a cassé quelques dents avant qu’ils acceptent de discuter.

– Et c’est là qu’on s’est aperçu que Kuro-Sama arrivait à peu près à s’en faire comprendre… Donc, il a pu leur expliquer qu’on était des voyageurs perdus et on s’est fait enrôler comme mercenaires. On avait que ça à faire, comme ça on voyageait beaucoup et on espérait retrouver les petits… En vain, pendant presque six mois, raconta Yui.

– Pays très sympathique, cela dit, intervint Kurogane entre deux gâteaux.

– C’est vrai, reconnut Yui. Les gens étaient très gentils et accueillants, la nourriture très bonne, et le roi, quand on l’a rencontré, un homme exceptionnel. »

Kurogane eut un sourire. Un matin, il avait trouvé, en rejoignant son roi qui déjeunait, son ami blond attablé avec lui. Les deux n’étaient visiblement pas très en forme et Kurogane avait eu beaucoup de mal à contenir ses sourires en faisant à Yasha son rapport sur les gardes de la nuit.

« Tu l’aimais bien aussi, avoues, Kuro-Sama ?

– C’était un bon roi, un guerrier hors du commun et effectivement un homme très agréable. On s’est payé de sacrées cuites… »

Yui éclata de rire. Fye demanda :

« Mais comment vous avez retrouvé Shaolan, Sakura et Mokona, alors ?

– Ben, on commençait à plus trop y croire, répondit Kurogane. Jusqu’à ce qu’on retrouve Shaolan sur un champ de bataille… »

Yui s’était repris, mais ce fut Shaolan qui continua :

« Et que Kurogane décide de tester où j’en étais au sabre… »

Kurogane sourit et passa son bras autour des épaules de Yui.

« Oh, juste un petit entraînement supplémentaire… »

L’après-midi s’acheva tranquillement et la soirée commença elle aussi tranquillement. Après le repas, et alors que Marina était partie coucher ses six petits, Shaolan, Yui, Fye (sur les genoux du précédent), Kurogane, Lockon, Setsuna, Allelujah et Marie traînaient à table en compagnie de Ian, l’ingénieur en chef. Sumeragi, Saji, Anew et Tiera étaient au pilotage.

Ian, Setsuna et Lockon parlaient mécanique, Allelujah, Marie, Kurogane et Shaolan techniques de combat. Yui berçait doucement son frère qui s’endormait dans ses bras, comme à leur habitude après le dîner.

Le mage s’apprêtait d’ailleurs à se lever doucement pour aller coucher Fye lorsque ce dernier rouvrit les yeux et murmura, vague :

« Yui…

– Oui, Fye, qu’est-ce qu’il y a ? demanda tendrement Yui.

– … Il y a quelqu’un qui vient… »

Yui fronça un sourcil, puis deux lorsque Fye ajouta :

« … Il n’est pas tout seul… Il vient chercher sa sœur… »

Yui donna un petit coup de coude à Kurogane qui était à sa droite. Le ninja tourna un œil vers eux et entendit :

« … Il ne faut pas qu’il l’emmène… S’il l’emmène, elle va mourir… »

Fye referma les yeux et se bouina contre Yui qui échangea un regard grave avec Kurogane et Shaolan, qui avait lui aussi suivi la fin de la phrase.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? murmura le jeune homme.

– Là comme ça, aucune idée… répondit Yui.

– Ton frère lit l’avenir ? demanda Kurogane.

– C’est arrivé qu’il ait des espèces de flashs sur certaines choses… » se souvint Yui, pensif et inquiet.

Fye s’était endormi et Yui soupira en le serrant plus fort, sourcils froncés :

« … Il avait… Il avait vu la mort de notre mère… »

Kurogane passa son bras métallique autour de ses épaules et le serra contre lui, caressant ses cheveux :

« C’est fini, ça, Yui. »

Yui sourit et leva le nez vers lui :

« Tu es gentil, Kuro-Sama… Ça va, ne t’en fais pas. Je me demande juste ce qu’il voulait dire. »

L’alarme les fit tous sursauter et Fye se réveilla en poussant un petit cri alors que Yui le serrait plus fort par réflexe.

« Flotte ennemie !… Tous à vos postes de combat !… » cria la voix de la tacticienne dans les haut-parleurs.

Kurogane et Shaolan regardèrent les membres de Celestial Being se lever d’un bond et sortir du réfectoire. Yui échangea un regard inquiet avec ses amis. Mokona se rapprocha d’eux :

« Je croyais qu’ils ne pouvaient pas nous retrouver sur ce chemin ?

– Il y a un truc bizarre ici… murmura Yui.

– Quoi ? lui demanda Shaolan, sourcils froncés.

– Je sais pas… Des âmes fausses… Mais la magie mentale, c’est pas mon fort, vous le savez… Tu ne sens rien, toi, Mokona ?

– Je ne sais pas… répondit la peluche, l’air triste et les oreilles en berne. Il y a trop de machines ici, je sens mal les émotions des gens… »

La petite mine de leur mascotte les filles échangea un regard, puis la grande main du ninja vint tapoter la tête blanche :

« C’est pas grave, la peluche, t’en fais pas. »

Fye s’était rendormi.

« Pas stressé ton frangin… remarqua Shaolan.

– Il était fatigué… soupira Yui. Il n’a pas voulu faire la sieste cet après-midi…

– Qu’est-ce qu’on fait ? demanda encore Shaolan.

– Rien, déclara Kurogane en se levant. On ne peut pas se battre dans ce ciel, ils nous l’ont dit, il n’y a pas d’air, si haut… On ne sait piloter ni ce vaisseau, ni leurs robots, on ne ferait que les gêner. Il sera temps d’intervenir si le vaisseau est envahi… Ou après le combat, s’il y a des blessés à soigner ou besoin d’aide ailleurs. »

Yui se leva également, son frère dans les bras :

« Tu as raison, mon Kuro… Je vais aller coucher Fye.

– D’accord. Moi, je vais rejoindre Marina et les enfants, décida Shaolan.

– Ouais, opina Kurogane, moi aussi, et j’aimerais autant que vous restiez avec nous, Yui… Temps que l’alerte n’est pas passée, il faut mieux qu’on ne se disperse pas dans le vaisseau. »

Yui le regarda alors que Shaolan se levait à son tour et que Mokona sautait dans la main que lui tendait Kurogane.

« Tu as encore raison, mon Kuro… »

Les trois hommes, l’enfant endormi et la peluche rejoignirent la chambre des enfants. Ceux-ci, eu égard aux circonstances, ne dormaient bien sûr pas, et Marina était assise avec eux au fond, sur le sol.

« Tout le monde va bien ici ? demanda Shaolan en s’approchant.

– Oui, oui… » répondit Marina.

Elle souriait doucement, tout à fait calme, les enfants blottis les uns contre les autres autour d’elle.

« Vous venez nous tenir compagnie ? continua-t-elle.

– Si vous voulez bien de nous ? répondit Yui en souriant doucement, berçant machinalement son frère dans ses bras.

– Volontiers. »

*********

Fye rouvrit les yeux sur un ciel étoilé qui aurait pu être superbe s’il n’avait pas été un champ de bataille.

De grands vaisseaux de fer et des robots gigantesques se battaient tout autour de lui.

L’enfant fronça les sourcils, puis réalisa qu’il n’était présent que sous la forme d’un corps blanc qui lui semblait quasi translucide et scintillait doucement.

Je vois… pensa-t-il. Pourquoi mon âme s’est-elle projetée ici ?…

Il regarda à droite et à gauche.

Est-ce que quelqu’un m’a appelé ?… La magie n’existe pas dans ce monde… Qui aurait pu m’appeler ? Et pourquoi ?

Il lui sembla soudain, au milieu de cette bataille si curieusement silencieuse dans l’espace vide, entendre des voix.

Fye ferma les yeux et se concentra. Il fronça les sourcils. Les sentiments étaient divers, mais toujours très violents. Colère, haine, peur, désespoir… Et au milieu de tout ça…

Au milieu de tout ça, il y avait une âme qui pleurait.

Fye rouvrit les yeux, sourcils toujours français, un air étrangement grave sur son visage enfantin.

Il repéra un robot immobile, en plein coeur du combat. Il en émanait une rage et une haine incroyable, mais il n’était pas dupe de cette façade. Derrière elle, cette âme pleurait.

Il s’approcha.

Sans doute était-ce la violence des sentiments de ce combat qui l’avait attiré ici… Mais que pouvait-il y faire ? Il ne comprenait pas grand-chose à cette guerre… Il n’en avait pas plus à faire. La seule chose qui lui importait désormais était la sécurité et le bien-être de son frère… Mais bon, puisqu’il était là, pouvait-il au moins aller voir la personne qui pleurait ?

Il regarda, sombre, le robot immobile.

Soudain, le champ de bataille et le ciel disparurent et Fye se retrouva dans un espace noir où il n’y avait rien à part, devant lui, le corps recroquevillé sur lui-même d’une jeune femme blonde.

Elle pleurait. Fye la regarda, finalement plus intrigué qu’autre chose :

« Pourquoi est-ce que tu pleures ? » demanda-t-il.

*********

Yui, assis à côté de Marina, berçait toujours Fye endormi dans ses bras. Kurogane était assis vers eux, Mokona sur les genoux et Shaolan avait improvisé avec Mina qui les avait rejoints d’une bataille avec les enfants, avec trois jeux de cartes retrouvés par là.

Kurogane caressait la peluche qui s’endormait elle aussi.

« Je me demande où ils en sont… pensa tout haut le ninja.

– Nous n’avons pas senti de secousses, répondit Marina. Jusqu’ici, le vaisseau n’a pas été touché…

– Vous n’avez pas l’air inquiète ? remarqua encore Kurogane.

– J’ai confiance en Celestial Being. »

Mina opina du chef en posant un as :

« Ouais !… On est plutôt entre de bonnes mains ! »

Les quelques petits soubresauts qu’ils ressentirent étaient minimes et un peu plus tard, la voix de Sumeragi annonça avec un soulagement certain :

« À tous, nous avons quitté la zone de combat. Nous restons en alerte, mais ça devrait aller. Merci à ceux qui le peuvent d’aller aider au retour des pilotes. »

********

Fye regarda les vaisseaux et les armures ennemis disparaître dans le ciel étoilé, emmenant avec eux cette jeune femme en larmes avec laquelle il avait réussi à parler un moment, enfin plutôt qu’il avait écouté sangloter en gémissant des propos peu cohérents pour lui.

Il regarda ensuite les Gundams revenir vers le Ptomeméus, ramenant celui qu’ils avaient fait prisonnier.

Celui qui venait chercher sa soeur.

*********

Assis au bord du lit, Yui regardait avec tendresse son frère profondément endormi. Il remonta la couverture sur lui et caressa doucement ses cheveux. Debout près d’eux, Kurogane regardait la scène avec un sourire. Dans ses mains, Mokona dormait. Il se pencha pour la poser près de Fye. Aussitôt, la peluche se bouina contre le petit garçon et ce dernier la serra dans ses bras.

« Viens, Yui, laissons-les se reposer… » murmura le ninja.

Le mage opina du chef et se leva. Lui et Kurogane se regardèrent un instant, puis s’enlacèrent en silence. Ils s’étreignirent.

« Comment tu te sens ?

– Plutôt bien. »

Ils échangèrent un baiser, puis Kurogane reprit doucement :

« Bien, allons voir s’ils ont besoin de nous.

– Oui. »

Ils partirent tranquillement, mais rapidement, main dans la main.

« On va au poste de pilotage ? proposa Yui. Ils sauront nous dispatcher s’il y a besoin ?

– Bonne idée. »

Ils se dépêchèrent et soudain, Yui fronça les sourcils, mais n’eut pas le temps de rien faire que Kurogane l’attrapait pour le tirer avec lui dans un renfoncement. Le mage se retrouva serré contre lui, bâillonné par sa main de fer. Ce que lui avait senti, le ninja l’avait entendu.

Yui sursauta en entendant un coup de feu, pas Kurogane. Le blond leva un oeil alarmé vers son ami, lui avait froncé les sourcils avec gravité.

« Toi, tu viens avec moi… » dit la voix d’Anew.

Mais cette voix sonnait curieusement faux, comme désincarnée.

« Anew, balbutia Saji d’une voix peu sûre, ne faites pas ça ! Pensez à Lockon… !

– Je me moque complètement de ce pitoyable humain. Avance. »

Kurogane et Yui ne bougèrent pas, attendant. Ils entendirent une porte se fermer et Anew répétait de cette voix étrange :

« Avance. Par là. »

Ils les entendirent ensuite s’éloigner. Dès que Kurogane le lâcha, Yui se précipita pour ouvrir la porte.

« Bon sang, qu’est-ce qui se passe ? ! s’écria Kurogane en le suivant, sur ses gardes.

– Il y a un souci avec Anew… Je l’ai toujours trouvée bizarre, dit le mage en entrant courant dans la pièce.

– Comment ça, bizarre ? » Le relança Kurogane en le suivant à reculons pour ne pas tourner le dos à la porte.

– Je ne sais pas trop… J’avais l’impression d’une âme en sommeil… »

Il découvrit Tiera inconscient au sol et près de lui, Sumeragi, au sol aussi, se tenait le ventre d’une main ensanglantée.

« Et merde. »

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