La Belle et le Dragon [Belle , Les Aventures d’Andrea et Stanislaw, 3e partie]

Salut les gens !

J’espère que vous allez bien ! 🙂

Alors, vous l’attendiez (ou pas), voici enfin mon avis sur Belle, le dernier film d’animation du très talentueux Mamoru Hosoda. 🙂

Film attendu, mais qui en a déçu, film qui divise, ce qui est signe qu’il est intéressant, et que j’ai donc pris le temps de retourner voir en VF après l’avoir vu une première fois en VOST.

Pourquoi cette peine, me direz-vous ?

Je n’en avais pas eu besoin pour Le Garçon et la Bête, et globalement, il est assez rare que j’aille voir un film deux fois, même s’il m’a beaucoup plu, même depuis que j’ai ma carte illimitée.

Mais là, je restais sur une impression mitigée, bizarre. L’impression, après avoir vu/écouté certaines critiques, d’avoir loupé un truc et j’ai donc décidé de le revoir en VF. Pas pour profiter de la performance de Louane, même si elle s’en tire remarquablement bien. La VF est inégale, mais elle, elle est excellente, aussi bien sur le parties parlées que sur les chansons. Et puis, elle a eu l’aval du réalisateur japonais, donc, rien à redire. Non,  c’était juste pour pouvoir me concentrer sur le film sans être en quelque sorte « parasitée » par les sous-titres.

Vous l’ignorez peut-être, mais certains estiment que voir un film en VOST, c’est en louper environ 20% visuellement. Ben oui, le cerveau ne peut pas lire un texte et être aussi attentif au reste de l’écran. Surtout quand il doit en plus suivre une histoire qu’il ne connaît pas. Et je voulais revoir ce film pour comprendre ce qui ne m’allait pas, savoir si comme le disent certains, ce film est le pire du réalisateur ou au contraire, son chef d’œuvre.

Et donc, bilan après second visionnage : Belle est-il ou pas le meilleur film de Mamoru Hosoda ?

Et ben oui et non.

Et là vous allez me dire : c’est quoi cette réponse de Normande, Ninou, on sait très bien que t’es de Lyon ! Certes, et même si je ne suis pas lyonnaise de souche, je n’ai bien pas de sang normand, j’ai vérifié.

Mais donc, pourquoi diantre alors cette réponse mi-figue mi-raisin ?

Ben parce que tout dépend de quel point de vue on se place, en fait.

Belle, de son titre original Ryu to Sobakasu no Hime (Litt. « Le Dragon et la princesse aux taches de rousseur », je trouve ça tout mimi ^^) nous raconte l’histoire du Suzu, lycéenne campagnarde introvertie et restée traumatisée par la mort de sa mère. Comme c’était avec elle que la fillette faisait de la musique, elle en a perdu le goût du chant et vivote avec peine, incapable de communiquer avec grand monde, en particulier son père.

C’est là qu’elle franchit le pas de se connecter à U, « réseau social ultime » comptant 5 milliards d’utilisateurs, où elle devient Bell (Suzu veut dire « clochette », c’est pour ça qu’elle choisit ce pseudo, bell signifiant la même chose en anglais) et où elle parvient à chanter à nouveau.

Très rapidement connue et adulée sur le réseau, rebaptisée Belle par ses fans, Suzu commence par paniquer avant de saisir cette chance, et c’est alors qu’elle va donner son premier « vrai » concert virtuel que ce dernier est interrompu par l’arrivée dans la salle d’un autre utilisateur, Dragon, créature aussi monstrueuse que violente, poursuivie alors par un groupe qui veut faire régner l’ordre dans U, de leur propre chef, puisque les créateurs du réseau, « les cinq sages », n’ont apparemment rien prévu pour se faire. Les modos, c’est surfait, sûrement.

Alors que le combat entre Dragon et la bande de proto-power-rangers fait rage devant elle, et que beaucoup appellent à bannir Dragon de là, Suzu/Belle, elle, reste choquée et n’a qu’une question en tête : qui est Dragon ? Pourquoi cette violence ? Peut-elle l’en sauver et ne pourrait-ce pas la sauver elle-même ?

Commence alors sa quête pour découvrir qui est ce monstre… S’il en est un.

Alors, oui, c’est une relecture de La Belle et la Bête, bien sûr, avec des clins d’œil parfois pas très subtils à ses inspirations, en particulier le film de Disney *Tousse tousse* Scène de danse (magnifique au demeurant) *Tousse tousse*.

Alors, d’après ça, pourquoi ce film ne serait pas, pour moi, le meilleur de son réalisateur ?

Et bien parce qu’il souffre de lacunes scénaristiques vraiment flagrantes et très dommageables au récit. Trop de choses ne sont pas ou mal expliquées, en particulier la façon dont les utilisateurs se connectent à U, certes avec des écouteurs, mais après ? Est-ce leur esprit qui est projeté ? Leur corps fait quoi, pendant ce temps ? Quand Belle chante dans U, est-ce que Suzu chante dans le monde réel ? Comment Belle peut chercher Dragon dans U pendant que Suzu court dans la vraie vie pour rejoindre son amie dans leur base secrète ?…

Ce n’est pas clair, c’est maladroit, beaucoup trop de choses ne sont pas dites pendant et/ou sont laissées en suspens à la fin du film.

D’où il sort son laser, le chef des power-rangers ? Comment il peut l’utiliser en toute impunité dans U ? Et qu’est-ce qu’il devient après avoir foutu une telle merde ? Ils sont où, ces cinq « sages » qui ont créé ce monde et le laissent vivre en mode YOLO même quand ça dérape ? Certes, on peut penser que c’est eux qui interviennent à la fin pour rendre à Suzu ce qu’elle a sacrifié (j’essaye de pas spoiler, hein), mais bon quand même ?

Et cette fin ? C’est là que j’ai pu, au revisionnage, mettre le doigt sur ce qui m’avait dérangée. Pour moi, et là encore, je vais essayer de ne pas spoiler, mais l’épilogue est juste de trop. Disons donc que Suzu doit partir faire quelque chose, qu’elle part, toute seule déjà, euh bof, mais OK. Pas la première fois qu’un protagoniste d’un film de Mamoru Hosoda doit partir seul à la fin régler un problème. Qu’elle retrouve ce qu’elle cherche, c’est un peu facile, mais re-OK, et là, elle fait quelque chose qui ne peut pas suffire et ben, ellipse, et elle revient… Sauf que ce qu’elle a fait pour régler le problème est totalement tu, on ne sait pas ce qui c’est passé. On ne sait même pas si le problème est vraiment réglé, comment, et c’est putain de frustrant !…

Le film s’ouvre sur la présentation de U, présentation qui se finit sur cette phrase « Ici, vous pouvez changer le monde. », et cette même présentation est reprise mot pour mot à la fin, juste après que Suzu ait trouvé ce qu’elle cherchait, et clairement, pour moi, le film aurait dû se finir à ce moment. Certes, sur une fin très ouverte, mais mieux vaut une porte ouverte qu’une porte mal fermée… Et c’est vraiment dommage que le film souffre de tels soucis d’écriture, parce que, il y a tout le reste…

Pourquoi ce film est quand même malgré tout, pour moi, aussi le meilleur de son réalisateur ?

Parce que ça reste une très belle histoire, portée par des personnages très forts et intéressants.

Et parce que bon sang, mais quelle maestria dans la direction artistique et la mise en scène !

Sérieusement, ce film est magnifique, on sent qu’il a réfléchi à tous ses plans, à comment raconter visuellement autant que par les textes.

La différence entre le monde réel, désespérément statique, d’ailleurs quasi toujours filmé en plan fixe et en 2D, et le monde de U, dans une 3D époustouflante de vie, de couleurs, de mouvements, est extraordinairement bien pensée. Les plans fourmillent de détails, Internet est rendu par des effets aussi parlants qu’intéressants, ça foisonne, c’est du génie, du pur génie.

Les réseaux sociaux y sont décrits avec nuance, avec ce qu’ils ont de bon et de mauvais. Certes, on y croise de sacrés cons, mais oui, on peut y changer le monde, et rien que ça, ça monte que Mamoru Hosoda a plutôt bien compris son époque et ses technologies. Alors qu’on entend bien trop râler après Internet et ses réseaux et tout ce qu’ils ont de négatif (et que le film ne nie pas, d’ailleurs), entendre que ce n’est pas que ça, que ça peut aussi créer de superbes rencontres et même sauver des vies, ça fait du bien… Parce que c’est vrai.

Les chansons sont très belles, autant en VO qu’en VF. Cécile Corbel a fait du très beau boulot de traduction des textes et j’avoue que la VF, à ce niveau, m’a plus émue que la VO (peut-être le fait de comprendre directement les paroles ?). La scène où Suzu se dévoile et chante est d’une puissance émotionnelle incroyable et encore une fois, sa réalisation est bluffante.

Et donc, oui, Mamoru Hosoda montre dans ce film qu’il est un immense réalisateur, capable d’une mise en scène absolument dingue, de créer des émotions réelles et bouleversantes dans des univers visuellement fous et totalement maîtrisés, et c’est donc, techniquement, et indéniablement, son meilleur film. Mais parallèlement, et tristement, ce génie visuel est un peu gâché par un scénario un peu bancal, pas assez abouti, et surtout une fin qui aurait gagné à être soit plus développée, soit carrément laissée en suspens.

A voir, car ça reste un très bon film, très émouvant, avec des personnages attachants, une histoire prenante et de très belles chansons, le tout servi par une réalisation majestueuse. 🙂

Et maintenant, pour celles et ceux que cette longue analyse n’a pas endormis, la suite des Aventures d’Andrea et Stanislaw !

Bonne semaine tout le monde et à très vite pour la suite du Petit Papillon !!

 

 

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