Salut les gens !
Quelle funeste soirée après une si belle journée…
Mais point de ça ici, parlons plutôt de vieux mythes et d’un enfant qui s’est trouvé lui-même en se brûlant les ailes…
Icare, le garçon qui vola trop près du soleil, est un film d’animation luxembourgeo-franco-belge ou un truc comme ça, bref, comme d’hab’, même un ancien de chez Pixar ne peut pas réaliser un film d’1h16 sans rameuter la moitié des producteurs et institutions du continent ou quasi, on dirait ! C’est incroyable le nombre de studios et soutiens institutionnels qui sont cités au générique…
Ça serait bien qu’un jour, on prenne enfin le cinéma d’animation au sérieux par ici ! Au lieu de nous sortir des suites de comédies racistes pas drôles ou de jouer aux nécromanciens du dimanche à ressortir de leur tombes ou continuer des séries de BD qui devraient être des (bons) souvenirs depuis des lustres ! Oui c’est à toi que je parle, Dupuis, et j’espère vraiment que la fille de Franquin va gagner son procès contre toi !
Et après ça pleure que les films américains et les mangas ont plus de succès… Alors qu’on déborde de jeunes créatifs bourré(e)s de talent et qu’on les laisse crever ! Ah mais grrr !
Maiiiiiiiiiiiiiiiiiiis reprenons. Zen.
Icare est est donc un -court- film d’animation de Carlo Vogele, adaptation moderne, mais pourtant assez fidèle aux mythes de base, de l’histoire du Minotaure et de ceux qui y ont été mêlés.
Petit rappel pour ceux qui ont zappé : Minos, roi de Crête, a essayé d’entuber Poséidon, le dieu des mers. Il devait lui sacrifier un superbe taureau blanc, mais il a préféré se le garder et en a sacrifié un autre, mode “ni vu ni connu”. Sauf que, Minos lui aussi avait dû trop dormir en cours de mythologie, car s’il y a bien une chose qu’à peu près un mythe sur un raconte dans ces temps-là, c’est qu’il ne faut pas emmerder les dieux. On ne va pas citer tous ceux qui ont essayé et qui ont eu des problèmes, sinon on sera encore là au second tour…
Un brin rancunier, et comme ce sont souvent les personnes qui n’ont rien demandé qui prennent dans les mythes pour les erreurs de leurs proches (bizou, Œdipe), c’est sur Pasiphaé, l’épouse de Minos, que ça tombe. Poséidon la fait tomber amoureuse du taureau et euh, sans entrer dans les détails…, ça donne un bébé mi-homme, mi-taureau, le fameux Minotaure.
Enfermé sur ordre d’un Minos un poil vénèr dans le labyrinthe du génial architecte Dédale, la créature, monstrueuse dans ces mythes anciens, est nourrie régulièrement de jeunes Athéniens que Minos, qui n’est plus à ça près, se fait livrer en sacrifice, se vengeant d’Athènes, où son fils a été tué.
Jusqu’au jour où Thésée, prince d’Athènes, débarque, séduit Ariane (la fille de Minos), qui va lui donner le fameux fil qui lui permettra de sortir du labyrinthe après qu’il ait tué le monstre. Ceci fait, il abandonne la belle comme un connard, elle meurt ou épouse Dionysos, ça dépend des versions, et lui rentre au pays.
Minos, qui est décidément vraiment mauvais joueur, enferme Dédale et son fils Icare (on y arrive) dans le labyrinthe. Dédale leur fabrique alors des ailes avec des plumes et de la cire, et là tu t’envoles, tu t’envoles, comme dans la chanson, sauf qu’Icare vole trop près du soleil, la cire fond et plouf. Mer 1, Icare 0.
Voilà en version très résumé (si si promis) le mythe d’où est tiré ce film, qui part, lui, d’un postulat neuf : raconter cette histoire du point de vue du jeune Icare, personnage finalement très peu connu et présent dans la légende.
C’est ainsi que nous découvrons tout cela à travers le regard de ce petit garçon joyeux, joueur, heureux, fier de son père, un inventeur de génie.
Pur et naïf, c’est par hasard qu’un jour, en courant après un oiseau dans le palais royal où son père l’avait envoyé porter une bobine de fil à la princesse Ariane, Icare va découvrir un drôle d’endroit, une pièce apparemment laissée à l’abandon et là, un enfant à tête et jambes de taureau, Astérion. Intrigué, le garçon va revenir et se lier d’une profonde amitié avec lui, témoin tant des maltraitances que lui fait subir Minos que de l’amour que lui voue malgré tout sa mère Pasiphaé.
Mais Dédale construit le labyrinthe pour son roi et Icare assiste, impuissant, à l’enfermement de son ami dans sa nouvelle prison, sous les cris haineux de la foule, puis des sacrifices des jeunes Athéniens sous les cris moins haineux de la même foule…
Les années passent, Thésée arrive, Ariane voit en lui l’homme de ses rêves et Icare celui qui peut sauver son ami…
Mais peut-on changer le destin qu’ont tracé les dieux ?
Ce film est magnifique.
Déjà visuellement, puisque c’est le trailer qui m’avait scotchée quand j’ai été voir White Snake, c’est superbe.
C’est coloré, foisonnant, aussi respectueux que possible de ce qu’on sait de la Crête antique. L’équipe y a d’ailleurs été pour s’en inspirer, et ça se voit. L’animation n’est pas tout à fait parfaite, j’ai constaté quelques persos de second plan un peu saccadés, mais c’est vraiment pour chipoter. C’est beau, c’est bourré de bonnes idées visuelles, de bonnes idées tout court, rien que pour ça, ça vaut le coup.
La musique (du Vivaldi parait-il, je laisserai les experts le confirmer) est très belle aussi et colle très bien aux ambiances et aux graphismes. Les dialogues sont également très beaux, parfois en vers, le doublage est excellent, c’est que du bonheur pour les oreilles.
Les personnages principaux sont tous bien dessinés, caractérisés, magnifiques dans leur noirceur pour certains. Pasiphaé est très belle et touchante dans sa détresse, puis sa folie. Ariane est une magnifique petite connasse presque attendrissante, même si j’avoue qu’une rousse en Crête à l’époque… Mais bon, comme Thésée est un très beau (connard) blond, on va dire que ce sont des parties pris esthétiques, hein. Et puis, j’adore les rousses de toute façon…
Minos est peut-être un peu plus caricatural, mais bon, il est vendu comme cinglé de base, donc ça passe. Dédale, en érudit sage, mais rongé par ses secrets et ses mensonges, est aussi très intelligemment traité et Icare…
Et bien c’est juste un personnage très attachant, extrêmement touchant, aussi bien l’enfant naïf et joyeux que l’adolescent plus sombre et révolté, prêt à tout pour sauver celui qu’il appelle son frère, quitte à tout perdre, à se perdre lui-même, mais n’est-ce pas comme ça qu’on se trouve le mieux soi-même, en fin de compte ?
Lui qu’Astérion appelle “l’oiseau”, à qui on prédit que son étoile n’est pas dans le ciel nocturne, que sa place n’est pas dans la nuit, peut-il s’accomplir ailleurs que dans la lumière du soleil ?
Bref, parce qu’il commence à être tard et que ma migraine repart, ce film est une petite merveille et je ne peux que m’attrister qu’encore une fois, un excellent film d’animation francophone soit si peu mis en avant dans notre pays.
Je vais finir par bouder !
Je vous le conseille donc vivement, en famille ou pas, il y a assez de niveaux de lecture pour satisfaire tout le monde, petits, moyens et grands. Soutenez les films, les œuvres francophones qui osent sortir des clous, par pitié, on en a besoin !!
Ah oui, sinon je vous ai écrit le chapitre 65 du Petit Papillon, aussi. ^^
Bon allez, navrée pour cette news encore bien trop longue, j’espère au moins vous avoir sonné envie d’aller voir cette petite perle, moi je vais do parce que j’en peux plus !!! ^^’
PS Promis, la suite d’Au-delà des menhirs bientôt ! ^^’
Bonne semaine tout le monde et hauts les cœurs, tête haute, nous sommes plus forts que leur haine.