De la viande grillée et des grenouilles chantantes… (La Chance sourit à Mme Nikuko, La Princesse et la Grenouille)

Salut les gens !

J’espère que vous allez bien dans cette fournaise… La soirée et la semaine à venir ne seront pas chaudes qu’à cause des élections, j’en ai peur… ^^”

Hydratez-vous bien, surtout !!

Moi, ce matin, j’ai voulu me faire un ciné et, refroidie par les critiques du nouveau Jurassik World, alors que je n’avais pas été plus extatique que ça devant le 1 et que je n’ai pas vu le 2, j’ai décidé de me tourner vers un film d’animation japonais dont je n’avais pas trop entendu parler, La Chance sourit à Madame Nikuko. Bonnes critiques presse, plus mitigé niveau critiques public, mais bon, que ne ferait-on pas pour passer deux heures au frais par ce temps…

Je vous passe les bandes-annonces des futures comédies pas drôles que je vais sûrement éviter avec soin… Pour noter encore une fois, à mon grand désespoir, qu’heureusement qu’on a Oasis et quelques autres marques pour montrer un peu de diversité ethnique et de métissage sur les écrans… Bref, passons, pour en venir donc à ce film euuuuuh… Ben très moyen en fait, mais probablement à cause d’une énorme dissonance culturelle… Enfin j’espère.

Je ne sais plus si je vous en avais parlé, mais lorsque j’ai vu Final Fantasy 7 Remake, j’avais globalement été plutôt agréablement surprise de la modernisation de pas mal de personnages, en particulier des personnages féminins, qui avaient beaucoup gagné en profondeur (et pour Tifa, perdu en taille de bonnet) et devenaient plus sympas et moins cliché que ceux de 1997.

Il y avait cependant un personnage qui restait caricatural et d’une façon très déplaisante… Le personnage de Wedge.

Avec ce petit bonhomme tout rond, Square Enix loupait le coche et nous présentait le parfait stéréotype du petit gros rigolo qui ne pense qu’à bouffer, bref, le cliché grossophobe d’un perso qui aurait mérité bien mieux que ça en 2020.

Pourquoi donc je vous parle de Wedge et de grossophobie, me direz-vous ?

Parce que c’est le principal problème que j’ai eu avec La Chance sourit à Mme Nikuko, qui est un film gentillet, partant sûrement d’une bonne intention, et je suis même prête à entendre que pour le Japon, ce film est, de la simple existence de son personnage central, trop bien tellement ces sujets y sont tabous, mais bon sang… On en est encore là en 2022…?

A réduire les personnes en surpoids à des gentils débiles bons vivants qui ne pensent qu’à bouffer ?

Je ne dis pas que le film est à jeter, ni même que le personnage de cette mère célibataire bonne vivante est un repoussoir. C’est quelqu’un de très positif, de très bienveillant, qui aime sa fille de tout son cœur et a traversé bien des épreuves. Certes.

Mais ça reste une bonne poire pas très futée ni très instruite qui avale tout comme un goret et est quasi réduite à ça comme personnage. Se faire avoir et manger, voilà à qui se résume ce personnage en dehors de prendre soin de sa fille… D’ailleurs, son nom même est à noter : niku-ko, littéralement “enfant-viande”… 

Alors j’ai lu que “Non mais c’est la vision déformée à travers le regard de sa fille parce qu’elle ne veut pas devenir comme elle”… Et de fait, la petite est un fil de fer. Mais je suis (encore) navrée, je n’ai jamais sentie de tensions réelles entre les deux personnages. Oui, la demoiselle a un peu honte de sa mère devant ses camarades, mais comme n’importe quel ado quand un de ses parents se fait un peu remarquer. Elles s’aiment, la communication est imparfaite, mais pour une relation mère-ado, c’est plutôt normale, elle n’est jamais rompu et je n’ai pas vu de clash ni rien… Le seule fois où la jeune fille ne dit pas à sa mère qu’elle se sent mal, c’est parce qu’elle craint la réaction d’une tierce personne et les conséquences indirectes et pas juste parce qu'”elle ne veut pas le dire à sa mère”. Les autres sous-intrigues et problématiques sont aussi trop survolées à mon goût.

Alors question (sincère). Les gens qui me connaissent savent que je n’ai pas de problème de surpoids, mais plutôt le souci inverse. Ceci étant posé, ayant un certain nombre de “personnes de poids” autour de moi, comme je les appelle (bizoux à tou(te)s), ces questions me travaillent. Et voir ce film en lisant que pour le Japon, traiter de la question des mères célibataires et d’une personne en surpoids est une victoire en soi m’interroge vraiment sur leurs perceptions de ces questions.

Et le fait qu’aucun critique français, ou presque, ne relève ça me questionne aussi, d’ailleurs… J’aimerais bien me dire que c’est parce qu’ils prennent le perso pour ce qu’il est sans s’arrêter à ses rondeurs, mais j’ai comme un doute… Il y a du chemin à faire ici aussi. ^^”

Bref, bof/20…

Passons donc à autre chose…

Je vous l’avais teasé la semaine dernière, j’ai donc pris le temps de le revoir (un peu en diag, j’avoue) en VO, qu’en est-il de La Princesse et la Grenouille, ce Disney de 2009 que j’ai donc enfin découvert (merci à UGC pour ses séances “familiales” du dimanche matin, qui m’avaient déjà permis de voir Rebelle il y a quelques temps, souvenez-vous) ?

Si ce film a marqué l’histoire de la firme aux grades oreilles, c’est pour deux raisons majeures : c’était la première fois que Disney proposait une héroïne noire au cinéma, afro-américaine en plus, dans La Nouvelle-Orléans des années 20, et ce n’est déjà pas rien. Mais aussi, c’était le retour du studio à l’animation 2D et aux films chantants après quelques années de pause où il avait tenté de la jouer “full 3D sans chansons” avec un succès mitigé, suite à la longue période de flou artistique des années 2000 (je vous en avais parlé dans mon retour sur La Planète au trésor). Retour aussi bref qu’intéressant, car, si Disney est resté sur de la 3D après, ce n’est pas sans retourner, par contre, pour ses plus grands succès récents, sur la recette du “film de princesse chantant”.

Bref, en prenant ce qui faisait leur marque de fabrique (les princesses et les chansons) avec une nouvelle technologie d’animation, ce que n’aurait peut-être pas renié Walt Disney lui-même, toujours en recherche de faire des films marquants aussi par leur technique.

Mais revenons à nos grenouilles.

L’histoire est celle de Tiana, jolie demoiselle issue de la classe populaire noire de La Nouvelle-Orléans des années folles. Tiana a un rêve : ouvrir un grand restaurant, comme le souhaitait aussi son père décédé. Ceci nécessite beaucoup d’argent et elle travaille donc jour et nuit pour économiser assez pour ce faire.

Elle touche au but quand son amie Charlotte, adorable petite peste richissime rêvant d’épouser un prince, la paye grassement pour cuisiner à une de ses soirées. Un prince, Naveen, vient en effet d’arriver en ville et Charlotte est bien décidée à lui mettre le grappin dessus. Ruiné, car flambeur, le prince espère quant à lui trouver une demoiselle riche pour continuer à se la couler douce. Sauf que bien sûr, le destin va s’en mêler.

Destin qui va ici prendre la forme d’un sorcier (évidemment) vaudou très puissant, lorgnant, lui aussi, sur la fortune du père de Charlotte, et qui va changer le prince en grenouille pour qu’un autre, à sa solde, prenne sa place. Suite à un quiproquo, Tiana se retrouve transformée en grenouille à son tour, et voilà donc nos deux batraciens obligés de fuir ensemble vers le bayou, à la recherche d’une sorcière qui pourrait briser le sort… L’occasion pour Tiana de découvrir que la vie ne devrait pas se résumer à bosser, tout comme pour Naveen qu’elle ne devrait pas se résumer à ne pas bosser.

Et donc, qu’en dire en 2022 ?

Ben c’est très bien.

Le pourquoi de la nécessité du visionnage en VO ? Sa bande originale.

Parce que, on ne va pas se mentir non plus, ça reste un Disney. C’est cousu de câbles téléphoniques, mignon, ça chante ça danse, les méchants perdent, les gentils gagnent, ils apprennent leur leçon et vivent heureux, hop.

Donc, ce n’est pas “très bien” pour autre chose que l’originalité du décor et l’ambiance, surtout musicale, qui en découle.

On est dans La Nouvelle-Orléans des années 20 avec une héroïne afro-américaine, alors on y va à fond sur le jazz et l’accent du bayou et, ça fait un Disney très intéressant et novateur, surtout pour 2009 (temps béni où on pouvait mettre une personne racisée et/ou LGBTQIAZ++ dans un film ou une série sans que ça hurle au “wokisme” de partout… Qu’est-ce que ce calme me manque…). Un film qui ne nie pas les différences de classes, les difficultés pour une jeune femme noire à réussir, sans pour autant te foutre des coups de coude dans les côtes en mode “regarde regarde regarde une femme de couleur qui réussit, t’as vu comme je suis trop progressiste ???…” …Parce que c’est juste normal dans le contexte et qu’il ne s’y attarde pas plus. Je ne nie pas que ce choix ethnique et historique ait fait pas mal grincer des dents les réacs à l’époque. Mais croyez-moi, on est loin des tsunamis de haine actuels, tout comme des coups de comm’ nauséabonds des studios qui veulent se la jouer “inclusifs” (mais pas trop quand même, on a nos actionnaires à satisfaire et on ne veut pas perdre les marchés russe et chinois)…

Il y a un peu de Joséphine Baker ou de Billie Holiday dans Tiana, même si ça reste très édulcoré (on n’est pas dans Le Majordome non plus)… Mais ça sent ça, et avec naturel. Et ça fait du bien.

C’est assez amusant de trouver ce film plus frais que des productions plus récentes, à cause justement de cette ambiance qui tranche avec des films de princesse plus classiques, dans des mondes médiévaux fantastiques vus et revus. J’aime les adaptations qui osent sortir des cadres pour exprimer autre chose, qui colle à de nouveaux enjeux. Pour moi, c’est même à ça qu’on reconnait une bonne adaptation. Et c’est une question que devrait peut-être méditer Disney, qui semble à nouveau se chercher un peu depuis quelques temps…

Arrêter d’essayer de réinventer la roue et reprendre de vieilles formules en les adaptant à nos problématiques actuelles. Arrêter de vouloir se la jouer “progressistes de façade” pour laisser s’exprimer vraiment les créateurs qui le veulent sur les questions qu’ils veulent.

Parce que c’est pour ça qu’une œuvre marque vraiment son temps, voire reste marquante malgré le temps : avant tout parce qu’elle est sincère. Le fruit d’artistes libres et pas soumis à la pression d’actionnaires qui comprennent trop rarement ce que sont vraiment l’art et la création.

Un joli classique à voir et revoir, côa.

Jazzy/20. ^^

Sur ce, je m’en vais finir de fondre sagement et je vous dis à la semaine prochaine pour la suite du Petit Papillon !

 

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