Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée… [Suzume]

Salut tout le monde ! 😊

Comment ça va-t’y chez vous ? 🙂 Mes petites plantations commencent à fleurir et je n’arrive pas à me décider entre “Cool !” et “Euh, c’est pas un peu tôt…?”, mais dans un esprit de positivité envers moi-même, je crois que je vais rester sur la première option. ^^”

Bref, en attendant la pluie,  ou du moins les orages annoncées tout à l’heure, voili voilou une petite newzette que certains d’entre vous attendaient peut-être de ma part : mon retour sur le dernier film de Makoto Shinkai.

Asseyez-vous avec un petit thé vert, ça va être long.

Alors, reprenons pour les personnes qui n’auraient pas suivi !

Makato Shinkai est un réalisateur d’œuvres d’animation que j’ai personnellement découvert grâce à ma namie SnnowW, quand elle m’a proposé d’aller voir Your Name en janvier 2017. Comme ça m’est arrivé plusieurs fois, je connaissais le bonhomme sans le connaître, comprenez par là que j’avais déjà vu ou entendu parler de certains de ses courts-métrages avant de l’identifier formellement.

Your Name avait été une claque à tous les points de vue, visuel comme narratif, que je vous avais très vivement conseillé sans plus pour ne pas spoiler. Devant en faire une petite présentation du film pour un festival dont mon asso était partenaire, j’avais assez rapidement rattrapé tout le reste de la filmo, alors composée uniquement de courts métrages, de notre ami pour me faire une idée globale et… Waouh.

Depuis, ladite filmo est dans ma vidéothèque et, s’il n’avait que ça à faire, Makoto Shinkai pourrait s’enorgueillir d’être un des très rares artistes dont j’ai l’intégralité des œuvres, avec Setona Mizushiro, Charles Schultz, Fred Vargas et j’y travaille pour Mads Mikkelsen, mais croyez-moi, pour retrouver des films danois du début des années 2000 pas sortis à l’international, il en faut. ^^”

Digression finie, c’est donc avec un grand intérêt que j’ai découvert son film suivant, Les Enfants du Temps, dont je vous avais aussi bien plus longuement parlé.

J’avais, et je sais que ce n’est pas un avis si populaire que ça, réellement préféré Les Enfants du Temps à Your Name, car si le premier était, et reste, une romance fantastique assez incroyable, le second, bien plus sombre, traitait avec autant de pertinence que de merveilleux des thèmes bien plus profonds à mon sens, comme les questions écologiques et la place que les adultes en position de pouvoir laissent, ou pas, aux générations suivantes, par exemple.

Et là dessus, nouveau film, Suzume. Nouveau carton international, encensé par la critique et les spectateurs, le film a, à l’heure où j’écris ces lignes, dépassé les 400 000 spectateurs en France (et c’est beaucoup, pour un film d’animation, à l’exception de rares licences comme Astérix ou Arthur et les Miniboys, et bien sûr les poids-lourds made in US).

Beaucoup de personnes parlent de “chef-d’œuvre”, du meilleur film ultime du réalisateur… C’en serait oublier qu’il n’a que 50 ans. Merci de se calmer et ne pas commencer à parler d'”œuvre maitresse” ou de “film somme”, il a encore pas mal de temps pour nous en mettre plein la vue. ^^

Les trailers étaient intrigants, c’est donc en confiance, et non sans curiosité, que j’ai pris SnnowW sous un bras et Yakouta sous l’autre pour aller voir ça. Bizoux les filles et merci de ce bel aprem ! 🙂

Le film commence dans une paisible petite ville côtière de Kyushu, la plus au sud des quatre grandes îles qui forment l’archipel japonais. Nous y rencontrons Suzume Iwato (dont le nom de famille en VO est composé du kanji du verbe osciller et de celui de le porte… J’adore le japonais !), une lycéenne quelque peu “enfermée” dans sa petite vie.

Un matin qu’elle part à vélo au lycée, elle croise un beau jeune jeune sombre et mystérieux pour lequel son petit cœur de midinette un peu étriqué fond instantanément (je sais, mais rassurez-vous, c’est la seule chose vraiment clichée dans le film). Ledit beau ténébreux lui demande s’il y a des ruines dans le coin, il est à la recherche d’une “porte”. Suzume lui indique alors les vestiges d’une vieille station thermale dans la montagne et reprend son chemin, avant de décider de finalement le suivre. Elle ne l’y trouve pas, mais il y a par contre bien une porte là, plantée au milieu de rien ou presque. Intriguée, notre demoiselle approche, arrache du sol un drôle de caillou qui prend aussitôt la fuite (ceux qui savent comprendront), ouvre cette porte… Et c’est là que les ennuis commencent.

“Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée”, disait Musset.

Pour Suzume, c’est fermée. Définitivement fermée.

Vous vous en doutez, on est chez Makoto Shinkai, le merveilleux n’est jamais loin et les conséquences des actions de ses protagonistes toujours redoutables. Sur ce ton de conteur moderne, le réalisateur, effectivement très en forme, n’a qu’un but : raconter les traumatismes bien réels de son peuple face aux incessants tremblements de terre qui ont frappé et frapperont encore son pays. Car ce n’est rien que ça qui est en jeu : empêcher de nouveaux cataclysmes et au-delà de ça, permettre à une petite fille perdue de se retrouver enfin.

 

Ce qui est extrêmement puissant dans ce film, c’est la pudeur avec laquelle il traite de son sujet. Rien n’est dit vraiment, mais tout est limpide. Le trajet même du voyage initiatique de notre héroïne est tout, sauf un hasard. Rien d’autre que des lieux qui ont tous connu une ou des catastrophes naturelles majeures. De Kyushu, Suzume part ainsi à la poursuite d’un petit dieu espiègle, ou du moins le croit-elle, et ses pas vont la conduire tout d’abord à Shikoku (grands séismes au milieu du XIXe siècle), puis à Kobe (catastrophe de 1995), à Tokyo (le plus connu en 1923), jusqu’à, bien sûr, le seul endroit qui n’est pas nommé. Mais qui, dans ce contexte, pourrait ne pas comprendre où la jeune fille, qui remonte au nord, se dirige, et quel est ce “11 mars” resté écrit dans un vieux cahier ?…

Cette pudeur est, pour moi, une des plus grande forces de ce film. Y a-t-il vraiment besoin de plus que cette date et l’image de cette fillette errant, sa voix demandant sans cesse et à tous où est sa mère, ses mains crayonnant de noir les pages de son journal, pour comprendre ?… Quels chiffres, quelles photos, quels champs de ruines, pourraient être plus clair que ça ?

Et pourtant, au-delà de tout, la seule chose qui reste à le fin du voyage, c’est une volonté inébranlable de vivre, d’aller de l’avant, de laisser partir ce qui doit l’être malgré toute sa colère, sa peur, sa peine, pour continuer à avancer. D’ailleurs, le film est très drôle. Vraiment et dans  un bon esprit. L’humour n’est pas là pour rattraper une ambiance plombante, il n’est pas gêné, le film met vraiment en scène des situations drôles. Il émeut, certes, et il le faut, mais sans tomber dans le mélodrame plombant et il est globalement plutôt vif et enjoué, à l’image de sa protagoniste.

Suzume est à ce titre, très probablement, un des personnages féminins les plus intéressants, et surtout actifs, du réalisateur. Alors, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : globalement, les personnages féminins de ses films sont loin, très loin, d’être des clichés et/ou des potiches de service. Je ne vais pas vous faire la liste, mais il y a de quoi faire.

Sur ses longs-métrages, cependant, Suzume est pour moi la plus intéressante du trio : Mitsuha, dans Your name, était loin d’être passive, mais le plus gros de l’action était tout de même pour son camarade masculin, et idem pour les Enfants du Temps. Hina était un personnage très bien écrit, mais, très douce et dévouée, elle n’en était pas moins un peu “effacée” au profit d’un Hodaka bien plus entreprenant. Et c’était très bien comme ça dans les deux cas, car ça servait tout à fait le récit. Sauf que là, et je ne dirais pas pourquoi 😉 , Suzume se retrouve très vite un peu seule à gérer la barre, et que du coup, et bien c’est de fait elle qui trace sa route et fait ses choix, décide d’y aller, de ne pas lâcher, en toute indépendance et malgré, voire contre, les autres et leur avis.

Globalement, le film fait d’ailleurs la part belle aux femmes. Suzume, bien sûr, mais aussi toutes les personnes rencontrées au fil de la route : une autre ado très énergique et sympathique, deux femmes tenant un espèce de mini bar à hôtesses, jusqu’à sa tante qui la poursuit et qui est aussi un des meilleurs personnages du film. A part notre beau ténébreux et son pote, et la petite divinité taquine (si on considère que c’est un mâle, ce qui dans son cas, n’a pas vraiment d’importance), on a très peu de personnages masculins et ils sont plutôt des suiveurs que de vrais acteurs de l’histoire.

En terme de réalisation pure, rien à redire, c’est juste magnifique. Les paysages sont somptueux, tant les campagnes que les villes, les effets de lumières et de couleurs sont superbes. Les lieux à l’abandon, un des enjeux majeurs du récit, sont bluffants de réalisme, aussi jolis qu’inquiétants. Si le film fait la part belle à la contemplation, ses scènes d’action n’en sont pas moins très bien menées et lisibles. Bref, de ce point de vue là, Makoto Shinkai et ses troupes ont atteint un degré de maitrise de leur art très impressionnant.

La musique, quant à elle, est bien plus posée et calme que dans les deux autres films. Même si le groupe Radwinps est encore de la partie, ce qui est très bien, la patte du compositeur Kazuma Jinnouchi s’entend. L’ambiance musicale est plus zen et moins “pop” et ça colle très bien au film. Enfin, à part la BO du voyage en voiture, ceux qui savent comprendront encore… ^^” Il parait d’ailleurs qu’on peut y entendre la chanson de Kiki La Petite Sorcière, que j’ai vu il y a bien trop longtemps pour le reconnaître. ^^”

Allez, il est temps de conclure.

Alors, ce Suzume, nouveau chef-d’œuvre indépassable, enfin jusqu’au prochain, de Makoto Shinkai ?

En terme de réalisation et de visuels, sans aucun doute. Le bonhomme progresse, c’est indéniable.

Sur le fond, j’avoue qu’entre lui et Les Enfants du Temps, mon cœur balance un peu. Nous avons deux films parlant de sujets très sérieux, le plus ancien sur un ton assez sombre, dans une ambiance assez “fin du monde”, ce qui le rendait très intéressant, très profond et vraiment marquant. A côté de ça, Suzume réussit le pari assez dingue de traiter d’une réalité traumatique très concrète au Japon, mais de façon moins frontale que son aîné n’abordait ses thèmes à lui, dans un récit plus généreux, plus drôle, qui en fait autant un hymne à la vie que l’était, à sa façon, Les Enfants du Temps, mais sans l’amertume et la mélancolie de ce dernier. Si d’un côté, les enfants survivaient non sans sacrifier beaucoup (j’essaye de ne pas spoiler, désolée ^^”), ici, c’est bien tournée vers une nouvelle aube, un nouveau jour, que notre demoiselle enfourchera son vélo pour repartir. Suzume est un film bien plus positif, aussi bien sur la forme que sur son message, que ne l’était son prédécesseur. Je renonce donc à les classer, na. :p

Dans tous les cas, je ne peux que très sincèrement vous conseiller d’aller voir ce film en salle, les visuels le valent vraiment. C’est beau, c’est drôle, c’est profond sur ses thèmes et lumineux sur son message, joyeux comme une grande ado qui part à l’aventure sans savoir qu’elle va s’y sauver elle-même autant que le reste.

Voili voilou.

Je vous souhaite une excellente semaine et vous dis à très vite pour la suite de Sur les traces d’une louve blanche ! 🙂

 

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